« C’est un moment crucial. Les questions climatiques et énergétiques sont au cœur de la géopolitique aujourd’hui », témoigne Sébastien Treyer, directeur général de l’Institut du développement durable et des relations internationales (Iddri) alors que s’ouvre la COP 27 à Sharm el Sheikh. « Nous nous dirigeons vers une catastrophe mondiale » avertit le secrétaire général de l’ONU. « Une question de vie ou de mort » n’hésite pas à dire Antonio Guterres qui plaide pour un pacte historique » : la COP égyptienne « doit poser les fondations pour une action climatique plus rapide et plus courageuse, maintenant et pendant cette décennie qui décidera si le combat pour le climat est gagné ou perdu ».
Mais à quoi servent vraiment ces réunions de quelque 200 pays ? Greta Thunberg, qui ne sera pas à Sharm el Sheikh, regrette qu’elles se transforment en « opération de communication », en « machine à greenwashing ».
Beaucoup de belles intentions exprimées, de projets, beaucoup moins de réalisations concrètes alors que années après années, on voit de plus en plus d’épisodes dramatiques de sécheresse et d’inondations qui affectent surtout des pays déjà en grandes difficultés et souffrent de famine.
En 2015, à l’issue de la COP 21 à Paris, on a voulu croire que la partie était pratiquement gagnée, que le monde s’entendait pour maintenir le réchauffement climatique à 1,5 degré à l’horizon 2100. L’ONU, comme le Giec constate que l’on se dirige vers 2,5° voire 2,8° avant la fin du siècle s’il n’y a pas de réaction forte et rapide.
En 2009, lors de la COP de Copenhague, il avait été décidé de consacrer, au plus tard en 2020, 100 milliards de dollars par an pour aider les pays du Sud à réduire leurs émissions de gaz à effet de serre, à s’adapter. Promesse non tenue et reportée à 2023. En 2020, l’aide s’élevait à 83 milliards.
En novembre 2021, la COP 26 de Glasgow s’accordait sur une révision des CDN, les contributions déterminées au niveau national. Seuls 24 pays l’ont fait. Selon le Green climate Fund, l’Afrique sub- saharienne ne recevrait que 5% du financement climatique global hors OCDE. On sait, par ailleurs, que 79% des décès enregistrés depuis 1991 et 97% des personnes touchées par des événements climatiques extrêmes l’ont été dans les pays en développement.
Les financements publics ne sont pas à la hauteur des besoins et les privés hésitent face à des projets peu rentables, notamment dans le domaine agricole, pourtant essentiel.
La COP 27 sera donc un affrontement Nord-Sud, ce Nord d’où vient le mal face au Sud peu coupable, mais victime. Certains pays réclament des indemnités, un dédommagement en raison de ces promesses non tenues. Et avancent que, pour le climat, on peut faire aussi bien que pour le covid, mobiliser des milliards. Les flux financiers sont largement inférieurs aux besoins du Sud et l’écart ne cesse de se creuser.
Le président Sissi veut faire de sa COP une conférence africaine où la voix du Sud sera enfin entendue. Une conférence de transition et d’adaptation où l’on passera enfin des mots aux actes.
C’est l’enjeu majeur de Charm el Cheikh en ce moment délicat de la marche du monde qui connaît une crise énergétique qui pousse tous les pays, de la Chine à l’Afrique, à exploiter toutes les énergies fossiles qu’il faudrait stopper.