Menacée d’être engloutie par les eaux, la petite nation insulaire des Tuvalu et ses 12.000 habitants pourraient disparaître de la surface du Globe d’ici à la fin de ce siècle. Pour garantir son existence, l’archipel polynésien a donc commencé à se « télécharger » dans le monde virtuel du métavers, a annoncé son ministre des Affaires étrangère, Simon Kofe, dans une allocution vidéo diffusée cette semaine à l’occasion de la conférence des Nations unies sur le changement climatique (COP27), qui se tient à Charm el-Cheikh, en Égypte.
« Alors que notre terre disparaît, nous n’avons pas d’autre choix que de devenir la première nation numérique du monde », poursuit le ministre, debout derrière un pupitre sur une plage, l’air particulièrement grave et le visage livide. « Il est temps d’agir depuis longtemps, mais nous n’avons pas relevé le défi. Nous devons commencer à le faire aujourd’hui. Sinon, dans une génération, Tuvalu n’existera plus qu’ici », prévient-il, alors que la caméra fait un zoom arrière pour montrer qu’il s’exprime depuis cet univers parallèle.
Considéré comme le prochain grand saut technologique dans l’évolution d’Internet, le « métavers » désigne un univers numérique immersif, censé prolonger la réalité physique via la réalité virtuelle et faire passer le web de la 2D à la 3D. « Notre terre, notre océan, notre culture sont les biens les plus précieux de notre peuple, et pour les mettre à l’abri du danger, quoi qu’il arrive dans le monde physique, nous les déplacerons vers le cloud. Pièce par pièce, nous préserverons notre pays », souligne le ministre. La version numérique de Tuvalu comprendra des îles et des points de repère dans le but de préserver son histoire et ses traditions.
L’îlot Teafualiku, la plus petite île de l’archipel, « est la première partie de notre pays que nous perdrons – c’est donc la première que nous avons recréée numériquement », peut-on lire sur un site internet qui complète cette mise en scène parfaitement orchestrée. Il y a un an, lors de la COP26, le ministre des Affaires étrangères des Tuvalu avait tenu une conférence en costume-cravate, debout dans l’océan face à un pupitre avec de l’eau jusqu’aux genoux. « Le changement climatique et l’élévation du niveau de la mer sont des menaces mortelles et existentielles pour Tuvalu et les atolls de faible altitude », rappelait-il, avec gravité, aux dirigeants du monde alors réunis à Glasgow en Écosse.