ALGERIE – Ihsane El Kadi le disait récemment sur l’antenne de Radio M qu’il a créée : « On a eu tort de sous-estimer la dérive autoritaire » du régime algérien. Le journaliste croyait pourtant pouvoir échapper aux griffes de ce pouvoir décidé à bâillonner tout esprit indépendant. Las, mardi 7 juin, le tribunal de Sidi M’Hamed à Alger l’a condamné à six mois de prison ferme et 50 000 dinars (320 €) d’amende. Sans mandat de dépôt. Le journaliste et ses avocats ignorent encore, ce mardi à la mi-journée, si la condamnation comporte une suspension de ses activités professionnelles, le réquisitoire réclamait une interdiction d’exercer une haute fonction, sans que cela ne soit explicité. Condamné « pour un article d’analyse sur plainte du ministre de la communication Amar Belhimer sur des chefs d’accusation pour lesquels il n’a pas qualité de plaignant. Sentiment de colère et de tristesse », a réagi Ihsane El Kadi sur Twitter. Le journaliste se dit « contraint de faire appel » de la décision.
Vu le contexte répressif algérien, avec 272 détenus d’opinion derrière les barreaux, et la pression du réquisitoire qui réclamait trois ans de prison ferme, certains se disent presque soulagés d’une condamnation à six mois de prison, sans incarcération. C’est à dire à quel point le régime ne cesse de se durcir.
ALGÉRIE – Un tribunal algérien a confirmé ce mardi en appel la condamnation à 18 ans de prison ferme de Rafik Khalifa, l’ex-« golden boy » impliqué dans l’un des plus gros scandales financiers en Algérie, a rapporté l’agence officielle APS. M. Khalifa, 55 ans, avait été condamné à la même peine en première instance en novembre 2020.
Le tribunal criminel de la Cour de Blida, au sud-ouest d’Alger, l’a également condamné mardi à une amende d’un million de dinars (environ 6.500 euros) avec confiscation de tous les biens saisis pour « association de malfaiteurs », « falsification de documents officiels », « usage de faux », « vol en réunion », « escroquerie », « abus de confiance », « falsification de documents bancaires » et « banqueroute frauduleuse », selon la même source. L’ex-homme d’affaires, qui a été auditionné par visio-conférence à partir de l’établissement pénitentiaire de Chlef (ouest), a en revanche été acquitté du chef d’accusation de « trafic d’influence ».
Sur quinze accusés jugés dans le cadre de la même affaire, le tribunal a acquitté huit personnes, dont l’ancien gouverneur de la Banque d’Algérie, Abdelwahab Keramane, son frère Abdenour et sa fille Yasmine. Les autres co-accusés ont été condamnés à des peines allant de deux à huit ans de prison ferme.
MAROC-ESPAGNE – L’ancienne ministre espagnole des Affaires étrangères, Arancha Gonzalez Laya, a accordé une longue interview au média El Periódico de España. Elle affirme que le Maroc a usé de tous les types d’attaques suite à «l’affaire Brahim Ghali». Celle qui est devenue, entre-temps doyenne de Paris School of international Affaires (PSIA) rattachée à Science Po Paris, affirme être «toujours restée fidèle aux principes, aux intérêts et aux valeurs de (son) pays», en n’agissant jamais «pour garder sa place, ni la perdre» au sein du gouvernement.
Selon elle, «tout a servi à ce moment-là à brouiller une décision de nature humanitaire envers un citoyen espagnol, qui avait besoin d’une aide immédiate». L’aide envers ce «citoyen espagnol», qui n’est autre que le chef de file du Polisario, Brahim Ghali, a été demandée par Alger à Madrid, qui a mené toute l’opération en catimini.
«Nous devons être les défenseurs des relations avec nos voisins, le Maroc, l’Algérie, la Libye, le Sénégal, la Mauritanie et bien d’autres, en comprenant qu’elles ne seront bonnes que si elles sont gérées en coresponsabilité et représentent les intérêts des deux parties», a indiqué à ce propos la ministre. Pourtant, le Maroc n’a à aucun moment a été prévenu par la diplomatie espagnole quant à sa décision d’accueillir le chef des séparatistes. Durant ces longs mois de crise, «tout a servi à brouiller cette aide humanitaire», insiste l’ex-ministre. «Et quand je dis tout, c’est tout: écoutes téléphoniques, plaintes, campagnes, y compris des campagnes de presse. Cela a été assez évident», a-t-elle enchaîné, notant que ce «chapitre appartient désormais au passé».
SAHARA – Selon le journal marocain de gauche Libération, les cas d’escalade de la tension et de ras-le-bol des séquestrés dans les camps de Tindouf augurent d’un imminent effondrement du Polisario quant à sa capacité à maintenir sa prétendue autorité dans ces camps qui connaissent la fuite de centaines de personnes vers le nord de la Mauritanie dont la plupart d’entre elles sont originaires. Les dernières semaines ont connu des vagues de rébellions et de soulèvements appelant à évincer le Polisario et à mettre fin à sa mainmise sur les camps de Tindouf. Les observateurs qui suivent l’évolution de la situation dans les camps de la honte confirment que l’état de rébellion, d’insurrection et de tension que connaissent les camps de Tindouf depuis des semaines, a mis en évidence les carences du Polisario qui peut s’effondrer à tout moment malgré le grand soutien que lui apporte le régime algérien. De l’avis de ces observateurs, le Polisario vit ces jours-ci des conditions internes difficiles, en plus des multiples revers qu’il subit sur le plan international, suite aux retentissantes victoires diplomatiques du Maroc, traduites par un large soutien de la communauté internationale à l’initiative d’autonomie. Certains observateurs, écrit le journal, expliquent cette situation par les déclarations de quelques dirigeants et membres fondateurs du mouvement séparatiste notamment Bachir Moustafa Sayed qui a qualifié les tournées de Brahim Ghali de perte de temps et de tentative de distraire les habitants des camps de la honte et de détourner leur attention des vrais problèmes dont ils souffrent.
SYRIE – A intervalles rapprochés ces derniers mois, des acteurs de la santé dans la Syrie gouvernementale ont mis en garde contre le délabrement du secteur médical : entre 30 % et 60 % des blouses blanches auraient quitté le pays depuis le début du conflit, en 2011, selon des estimations, et l’exode se poursuit. Tirant la sonnette d’alarme, en mai, le chef du syndicat des médecins des environs de Damas, Khaled Moussa, a estimé que des spécialités étaient menacées de disparition, comme l’anesthésie. Les praticiens en oncologie, en chirurgie vasculaire ou en neurologie se sont aussi raréfiés.
Une pénurie qui risque de s’accroître dans les territoires contrôlés par le régime : à cause de la dégradation des conditions de vie liée à la grave crise économique, des médecins continuent de partir, jusque vers le Yémen en guerre, selon Khaled Moussa. Et des étudiants vont poursuivre leur cursus à l’étranger, soit pour acquérir une meilleure spécialisation, soit pour fuir le service militaire obligatoire. Au Liban comme en Syrie, dont les désastres économiques sont intimement liés, la santé est devenue un casse-tête pour les plus vulnérables, mais la Syrie reste moins onéreuse. Malgré le manque de médecins, des réfugiés au Liban franchissent la frontière, le plus souvent clandestinement afin d’éviter un refoulement en rentrant au pays du Cèdre.
IRAN – Un extrémiste sunnite a été condamné à la peine capitale pour avoir tué début avril deux religieux chiites à Machhad dans le nord-est de l’Iran, a annoncé ce mardi l’Autorité judiciaire. L’homme «qui a poignardé deux religieux dans le mausolée de l’imam Reza à Machhad a été condamné à mort», a indiqué le porte-parole du pouvoir judiciaire, Massoud Sétayechi, lors d’une conférence de presse à Téhéran.
Début avril, un ressortissant d’origine «ouzbèke» a tué deux religieux chiites et blessé un troisième dans la cour du mausolée devant de nombreux pèlerins au début du mois de ramadan. Selon des médias locaux, l’assaillant de 21 ans, Abdolatif Moradi, était entré illégalement il y a un an à partir du Pakistan et s’était installé à Machhad, la deuxième ville d’Iran. L’avocat de l’accusé «a fait appel et l’affaire a été portée devant la Cour suprême qui examinera la demande», a précisé M. Sétayechi.
Quelques jours avant cette attaque, les médias locaux avaient annoncé le meurtre de deux religieux sunnites devant un séminaire dans la ville de Gonbad-é Kavous dans le nord du pays. Les trois meurtriers présumés, également sunnites, avaient été ensuite arrêtés.
Les sunnites représentent environ 5 à 10% des quelque 83 millions d’habitants en Iran, où le chiisme est religion d’État.
LIBAN-ISRAËL – Le président du Parlement libanais, Nabih Berry, a annoncé ce mardi, durant une séance de la Chambre, que l’émissaire américain Amos Hochstein est attendu à Beyrouth « dimanche ou lundi », alors que les autorités libanaises l’ont invité à s’y rendre pour discuter du différend avec Israël au sujet de la délimitation de la frontière maritime, après l’arrivée d’une plateforme gazière au cours du week-end écoulé sur le champ disputé de Karish, situé au large d’Israël. Toutefois, le porte-parole de la diplomatie américaine, Ned Price, a affirmé la veille qu’aucune visite de l’émissaire américain n’est prévue pour le moment.
Ses propos contredisent ainsi ceux du département d’Etat américain. « Je n’ai pas de voyage à annoncer ou à prévoir pour le moment, mais comme nous l’avons déjà dit, la (délimitation de) la frontière maritime entre Israël et le Liban est une décision qui doit être prise par ces deux pays », a indiqué Ned Price, lors d’un point de presse. « Nous pensons qu’un accord est possible si les deux parties négocient de bonne foi et travaillent pour l’intérêt des deux pays », a ajouté Ned Price. Le responsable américain a enfin assuré que Washington « soutient fermement les efforts déployés pour cette fin en vue de parvenir à un accord mutuellement bénéfique ». Si le Liban officiel a opté pour la diplomatie, le numéro deux du Hezbollah, Naïm Kassem, a, lui, soufflé le chaud et le froid, assurant être prêt à passer à l’acte si l’État libanais dit qu’Israël viole sa frontière maritime.
TERRITOIRES OCCUPES – L’occupation de territoires palestiniens par Israël et la discrimination envers la population palestinienne sont « les causes principales » des tensions récurrentes et de l’instabilité, estime une commission d’enquête mandatée par le Conseil des droits de l’homme de l’ONU. « Les conclusions et recommandations liées aux causes profondes (de ce conflit, NDLR) pointent dans leur immense majorité vers Israël, ce que nous analysons comme un indicateur de la nature asymétrique du conflit et la réalité d’un Etat qui en occupe un autre », écrit la présidente de cette commission, la Sud-Africaine et ancienne Haute-Commissaire aux droits de l’homme, Navanethem Pillay.
« Mettre fin à l’occupation de territoires par Israël, en pleine conformité avec les résolutions du Conseil de sécurité, reste crucial pour mettre fin au cycle persistant de violences », peut-on lire dans ce premier rapport rédigé par cette commission. « Ce qui est devenu une situation d’occupation perpétuelle a été cité par des parties prenantes palestiniennes comme israéliennes comme l’une des racines des tensions récurrentes, de l’instabilité et du prolongement d’un conflit aussi bien dans les territoires palestiniens occupés, y compris Jérusalem-est que en Israël », poursuit le rapport. Il précise que le document de 18 pages a été soumis avant publication aux autorités palestiniennes comme israéliennes.
Ces dernières n’ont pas donné suite, l’Etat hébreu ayant fait savoir en février qu’il ne coopérerait pas avec la commission. Il accuse Mme Pillay d’être « une militante anti-Israël » et la commission d’avoir pour objectif de « diaboliser Israël ».
Pour dénoncer la publication du rapport, une vingtaine d’étudiants et de réservistes de l’armée israélienne ont manifesté mardi devant le siège des Nations Unies à Genève. Pour mieux marquer les esprits, les manifestants s’étaient déguisés pour certains en membres du mouvement armé palestinien Hamas, le visage dissimulé par des cagoules noires, et portant des treillis militaires.
ISRAËL- Le renouvellement de la loi sur les implantations en Cisjordanie a été rejeté lors d’un vote à la Knesset en Israël lundi soir, à 58 voix contre 52 pour. Cette loi accorde à Israël une juridiction légale sur les habitants des implantations de Cisjordanie, approuvée tous les cinq ans depuis 1967.
Certains membres de la coalition étaient absents du vote tandis que le député du parti islamiste Ra’am Mazen Ghanaim a voté contre la loi, comme il l’avait annoncé plus tôt. Le ton est monté lors du vote entre les députés de droite et les députés Arabes israéliens. Peu avant le vote, le ministre de la Justice Gideon Saar, a présenté la loi en séance plénière et a attaqué l’opposition: « L’adoption de la loi est essentielle pour le maintien de l’ordre public en Judée-Samarie ». « Si la loi n’est pas adoptée, elle ne permettra pas à ceux qui vivent en Judée-Samarie d’obtenir un permis de conduire ou une licence de psychologue par exemple. Cela s’applique également à la loi sur l’adoption et à la loi sur la maternité de substitution (GPA), » a-t-il mis en garde.
Le projet de loi peut encore être adopté lundi prochain. Mais s’il n’est pas adopté d’ici la fin du mois de juin, la vie dans les implantations juives de Cisjordanie pourrait faire face à de sérieuses complications.
SOUDAN – Au moins 16 personnes ont été tuées dans des heurts entre tribus arabes et non-arabes dans la localité de Kolbus à 160 km d’El-Geneina, la capitale de l’État du Darfour-Ouest, selon des dignitaires des deux tribus rivales impliquées. «Les violences sont nées d’un différend territorial entre un membre d’une tribu arabe et un agriculteur d’une tribu non-arabe», a indiqué un dignitaire de la tribu non-arabe Gimir. «Elles ont fait huit morts chez les Gimir et trois villages ont été incendiés». Joint par téléphone par l’AFP, un dignitaire de la tribu arabe Rzeigat a de son côté fait état de «huit morts» dans ses rangs, affirmant que «les affrontements se poursuivent encore». Dans le sud du pays, «au moins 11 personnes ont été tuées et 35 blessées dans des heurts entre les tribus (arabes) Kenana et al-Hawazma» dans la localité d’Abou Jebeiha dans l’État du Kordofan-Sud, a indiqué à l’AFP un résident impliqué dans la médiation en cours.
Ce mardi, l’émissaire de l’ONU au Soudan, Volker Perthes, a plaidé sur Twitter pour des efforts de médiation afin de «protéger les civils» dans les zones où des heurts entre éleveurs et agriculteurs arabes et africains pour des disputes territoriales ou d’accès à l’eau font régulièrement des morts.
SOUDAN – Les Forces de la liberté et du changement (FLC), principal bloc politique civil au Soudan, a annoncé lundi avoir rejeté l’invitation de la communauté internationale à un dialogue ce mercredi 08 juin avec la junte militaire qui dirige la transition politique depuis le coup d’Etat du 25 octobre 2021.
L’invitation à une «réunion technique avec l’armée» émanait de l’Organisation des Nations Unies (ONU), de l’Union Africaine (UA) et de l’Organisation régionale Est-Africaine IGAD, selon le FLC, fer de lance de la révolution qui a renversé le président Omar el Béchir en avril 2019.
Dans un communiqué, les FLC affirment avoir rejeté cette invitation, et qu’elles ne participeront pas au dialogue national «tant que les prisonniers politiques n’auront pas été libérés et que l’usage de la violence contre les manifestants n’aura pas cessé» au Soudan.
Ce pays est dans une impasse politique depuis que les militaires ont mis fin au gouvernement civil qui conduisait la transition.
ARABIE SAOUDITE – L’Arabie saoudite veut accueillir trois fois plus de touristes étrangers en 2022 avec l’assouplissement des restrictions liées à la pandémie, la reprise du hajj et l’ouverture des premiers projets touristiques voulus par le prince héritier, a déclaré son ministre du Tourisme à l’AFP dimanche 5 juin. «Actuellement, nous poussons et bougeons pour attirer plus de visiteurs internationaux», a dit Ahmed al-Khatib, précisant que l’objectif pour cette année était de 12 millions de personnes, contre 4 en 2021. «Nous sommes de retour et très optimistes. Les pays ont commencé à ouvrir leurs frontières, les restrictions ont commencé à s’assouplir et les gens ont commencé à voyager», a-t-il poursuivi.
Historiquement conservateur et fermé, le royaume a mis en place des visas touristiques en septembre 2019, quelques mois avant que la pandémie de coronavirus ne donne un coup d’arrêt au secteur à l’échelle mondiale. La croissance des voyages à l’intérieur du pays en 2020 et 2021 (avec un record de 64 millions de «visites intérieures» l’année dernière, selon les autorités) a contribué à sauver le secteur naissant du tourisme saoudien, et les autorités veulent désormais s’emparer d’une plus grande part du marché international.
L’Arabie saoudite se fixe pour objectif d’attirer 100 millions de visiteurs d’ici à 2030.
AFRIQUE DU SUD – L’arrestation à Dubaï de deux des frères Gupta, principaux suspects dans le vaste scandale de corruption qui a abouti à la chute de l’ancien président sud-africain Jacob Zuma, a fait l’effet d’un séisme en Afrique du Sud. L’annonce est tombée lundi soir, via un communiqué du ministère sud-africain de la Justice: Atul et Rajesh Gupta ont été arrêtés. Ce mardi, la police de Dubaï, précisant que leur interpellation est liée à « des accusations criminelles et de blanchiment d’argent », affirme que leur extradition doit être finalisée.
La longue traque des sulfureux hommes d’affaires d’origine indienne qui ont siphonné les caisses de l’Afrique du Sud touche à sa fin. La justice sud-africaine tente depuis des années de mettre la main sur la famille qui a réussi à faire de Jacob Zuma un pantin, acheté à coups de pots-de-vin tout au long de ses deux mandats à la tête du pays (2009-2018). Officiellement, les deux frères entre les mains de la police étaient recherchés par Interpol dans le cadre d’une affaire autour d’un contrat douteux d’1,5 million d’euros.
Mais la richissime famille est plus largement accusée d’avoir infiltré le sommet de l’Etat grâce à sa longue amitié avec Jacob Zuma: influence sur les choix de ministres, pressions pour empocher des contrats publics, pillage des entreprises publiques (électricité, transports, aviation), avant de prendre la fuite. Selon certaines estimations, le trio aurait raflé l’équivalent d’environ trois milliards d’euros au travers de ses activités illicites.
INSOLITE – Du haut de son appartement d’une tour du quartier de la «petite Russie» d’Ashdod, Daphna Sharon Maksimov se projette dans la guerre en Ukraine. La psychologue israélienne d’origine biélorusse pilote le projet Hibuki Open Arms, un programme d’aide aux enfants traumatisés par les bombardements et par les violences commises par les troupes russes. Selon les chiffres de l’ONU, 4,5 millions de mineurs ukrainiens sont des déplacés. La thérapeute se porte à distance au secours d’une partie de certains d’entre eux via une peluche baptisée Hibuki, mot hébreu qui pourrait se traduire par «câlin».
Hibuki est une peluche au regard de chien battu avec de longues oreilles pour essuyer les larmes et raconter ses secrets. Elle se noue autour du cou. La méthode Hibuki repose sur un transfert. «Les enfants en souffrance se lient spontanément avec la marionnette. Lorsqu’on leur demande ce qu’ils pensent des sentiments de Hibuki, ils vous répondent qu’il est triste. Lorsqu’on leur demande pourquoi, ils répondent que sa maison a été attaquée ou qu’il craint que son père meure dans les combats. Peu à peu, ces gamins commencent à parler d’eux. Les enfants ne savent pas expliquer leur peine. Ils ont besoin d’une projection», explique Daphna Sharon Maksimov.
La peluche devient un compagnon permanent dont il faut prendre soin, l’aider à dormir et ainsi permettre à l’enfant de retrouver à son tour le sommeil. Comme Sergei, 5 ans, un enfant du Donbass qui a marché 12 kilomètres avec sa grand-mère pour sortir de la zone des combats laissant derrière lui ses parents. «Avec Hibuki, il a fini par recommencer à parler», dit la psychologue, qui conseille par Zoom le travail de 40 collègues ukrainiens sur place et a initié quelque 2000 praticiens à la méthode. Les cas les plus délicats concernent les fillettes et les garçons violés par les soldats russes.
AMERIQUES – Les espoirs du président Joe Biden de resserrer les liens avec l’Amérique latine, sur des sujets cruciaux comme l’immigration, ont été sévèrement douchés, lundi 6 juin, par son homologue mexicain, qui a décidé de boycotter le Sommet des Amériques ouvert à Los Angeles pour protester contre l’exclusion de Cuba, du Venezuela et du Nicaragua. Ces trois pays n’ont pas été invités, a confirmé lundi à l’Agence France-Presse (AFP) un responsable de la Maison Blanche, soulignant « les réserves » des Etats-Unis face « au manque d’espace démocratique et au respect des droits humains » dans ces trois pays. Le gouvernement cubain a dénoncé la décision américaine de ne pas l’inviter comme étant « antidémocratique et arbitraire ». Selon le principal conseiller de Joe Biden pour l’Amérique latine, Juan Gonzalez, le président américain va profiter du Sommet des Amériques pour faire des annonces sur la coopération économique et la lutte contre la pandémie de Covid-19, ainsi que contre le changement climatique. Le président américain, qui ne se rendra que mercredi à Los Angeles, espère aussi conclure un accord de coopération régionale sur un sujet politiquement explosif, et qui lui vaut de violentes critiques de l’opposition républicaine : l’immigration, un enjeu majeur de politique intérieure à l’approche des élections de mi-mandat.
ETATS-UNIS – Un sans-abri s’est noyé dans l’Arizona sous les yeux de policiers qui refusaient d’intervenir, selon des images et une transcription rendues publiques lundi 6 juin par les autorités locales. Appelés le 28 mai à l’aube près d’un lac artificiel de Tempe, en raison de “tapage” provoqué par un couple, les agents interrogent d’abord la compagne de Sean Bickings, 34 ans, avant de se diriger vers ce dernier, “sans abri” selon le communiqué de la ville, pour le questionner à son tour.
Après quelques minutes, Sean Bickings enjambe la balustrade qui le sépare du lac et descend vers la surface de l’eau. Les agents lui indiquent qu’il n’a pas le droit de se baigner dans le lac, mais le trentenaire se met tout de même à nager vers une zone sous un pont.
Les images s’interrompent alors, la ville jugeant le reste de la vidéo trop “sensible”, fournissant alors une transcription des propos tenus. “Qu’est-ce que tu vas faire maintenant?”, lui demande un agent. “Je vais me noyer. Je vais me noyer”, indique Sean Bickings, selon la retranscription. “Mais non”, répond l’agent. Selon le reste de la retranscription, les agents insistent pour que le sans-abri se sorte seul d’affaire, tout en repoussant les efforts de sa compagne qui les implore de l’aider. “Vous m’entendez?” sont les dernières paroles attribuées à Sean Bickings. Plus tard, un des policiers note qu’il “n’a pas refait surface depuis environ 30 secondes”. Son corps sera repêché en fin de matinée.
Les trois policiers ont été suspendus dans l’attente des résultats de plusieurs enquêtes lancées par les autorités.
ETATS-UNIS – Âge minimum (21 ans) pour acheter un fusil semi-automatique, limitation des chargeurs à grande capacité: après la tuerie raciste de Buffalo et le massacre dans une école au Texas, l’État de New York a pris lundi 6 juin une série de mesures pour restreindre l’accès aux armes à feu.
“La violence par arme à feu est une épidémie qui déchire notre pays. Les pensées et les prières ne règleront pas le problème, mais des actions fortes le feront”, a déclaré lundi Kathy Hochul, la gouverneure démocrate du quatrième État le plus peuplé des États-Unis (près de 20 millions d’habitants), où se trouve la ville de Buffalo. Elle s’exprimait lundi après avoir promulgué plusieurs lois votées la semaine dernière par le parlement local. D’après l’organisation Giffords Law Center, seuls six États américains appliquaient avant New York un seuil d’âge de 21 ans pour l’achat d’un fusil semi-automatique.
L’ensemble de lois adopté par l’État de New York prévoit aussi que les acquéreurs d’un fusil d’assaut devront posséder un permis, synonyme de contrôle de leurs antécédents.
En Floride, un garçon de 2 ans a accidentellement tué son père en tirant avec une arme chargée laissée sans surveillance par ses parents, ont indiqué lundi les autorités locales.
BELGIQUE- RDC – Le roi des Belges, Philippe, a débuté, ce mardi 7 juin, sa première visite officielle en République démocratique du Congo (RDC) depuis son accession au trône en 2013, accompagné de la reine Mathilde et de membres du gouvernement, dont le premier ministre Alexander De Croo. Le souverain doit prononcer un discours mercredi à Kinshasa, avant de se rendre à Lubumbashi et à Bukavu, où il visitera la clinique du gynécologue Denis Mukwege, colauréat du prix Nobel de la paix 2018 pour son combat contre les violences sexuelles. Le roi devrait évoquer la mémoire coloniale.
Il y a deux ans, à l’occasion du 60e anniversaire de l’indépendance du Congo, le roi des Belges avait adressé une lettre au président exprimant ses « profonds regrets » pour les « blessures » causées par la colonisation.
MALI – La junte s’est donnée jusqu’à mars 2024 avant de rendre le pouvoir aux civils. Le colonel Assimi Goïta a signé, lundi 6 juin, un décret fixant à deux ans la durée de la période dite de transition, dont le début a été fixé au 26 mars dernier. Le chef de la junte l’a annoncé à la télévision d’Etat, au surlendemain d’un sommet de la Communauté économique des Etats de l’Afrique de l’Ouest (Cédéao) qui a imposé le 9 janvier au Mali de sévères mesures de rétorsion commerciales et financières pour forcer la junte à présenter un calendrier « acceptable » de retour des civils au pouvoir.
La junte a pris par la force en août 2020 la direction de ce pays plongé depuis 2012 dans une crise sécuritaire, politique et humanitaire profonde. Les colonels se sont dédits de leur engagement initial à céder la place à des civils après des élections programmées en février dernier. En début d’année, ils projetaient même de gouverner jusqu’à cinq années de plus. Avant le sommet de la Cédéao, alors que les sanctions accentuent la crise dans ce pays pauvre et enclavé, ils avaient ramené leurs prétentions à 24 mois, mais sans les formaliser comme ils l’ont fait lundi. Jusqu’alors la Cédéao a consenti au maximum à 16 mois.
UE – Comment garantir dans chaque pays un salaire minimum assurant « un niveau de vie décent », sans que ce montant soit nécessairement identique dans toute l’Union européenne ? Les négociateurs des Etats membres et du Parlement européen ont trouvé un accord sur des règles communes, mardi 7 juin. Parmi les Vingt-Sept, les salaires minimum varient grandement, allant de 332 euros en Bulgarie à 2 202 euros au Luxembourg, selon des chiffres de 2021.
Le texte prévoit des règles contraignantes pour les 21 pays de l’Union européenne déjà dotés d’un salaire minimum afin de favoriser son augmentation, en imposant une plus grande transparence sur la manière de le déterminer, mais il ne fixe pas de seuil minimum européen uniforme. Par ailleurs, il n’oblige pas à introduire un salaire minimum dans les six pays qui n’en disposent pas et où les niveaux de revenus sont déterminés par la négociation collective (Autriche, Chypre, Danemark, Finlande, Italie, Suède).
La Suède et le Danemark ont averti qu’ils s’opposeraient au texte, mais cela ne devrait pas empêcher son adoption, à la majorité qualifiée des Etats, lors d’une prochaine réunion du Conseil.
Les 21 Etats concernés « devront évaluer si leur salaire minimum légal existant est suffisant pour assurer un niveau de vie décent, compte tenu de leurs propres conditions socio-économiques, du pouvoir d’achat » via un panier de biens et services à prix réels, ainsi que « des niveaux nationaux de productivité et de développement à long terme », explique le Parlement dans un communiqué.
Les gouvernements peuvent également appliquer des valeurs de référence, comme « 60% du salaire médian brut » ou « 50% du salaire moyen brut », précise l’accord, qui prévoit aussi une augmentation accrue des contrôles et inspections.
UE – Les 27 pays de l’UE et les eurodéputés se sont mis d’accord ce mardi pour imposer dans l’Union un chargeur filaire universel pour les smartphones, tablettes, consoles et appareils photo numériques d’ici deux ans et demi, au grand dam d’Apple qui s’y opposait. « En vertu des nouvelles règles, les consommateurs n’auront plus besoin d’un dispositif et d’un câble de charge différents à chaque fois qu’ils achètent un nouvel appareil, et pourront utiliser un seul chargeur pour tous leurs appareils électroniques portables de petite et moyenne taille », a expliqué le Parlement européen dans un communiqué.
D’ici l’automne 2024, les téléphones mobiles, tablettes, liseuses électroniques, écouteurs et casques, appareils photo numériques, consoles de jeux vidéo portables et enceintes portatives, si elles sont rechargeables via un câble filaire, « devront être équipés d’un port USB Type-C, quel que soit leur fabricant », précise-t-il.
Les ordinateurs portables seront soumis à la même exigence d’un chargeur unique « dans les 40 mois suivant l’entrée en vigueur du texte », soit d’ici 2026 (le texte devant être publié au Journal officiel de l’UE après l’été, après approbation formelle du Conseil et du Parlement européen).
BRESIL – Le journaliste indépendant Dom Phillips et Bruno Araujo Pereira, spécialiste reconnu des peuples indigènes, ont disparu dans la vallée de Javari, une région isolée qui abrite de nombreuses tribus, menacées par la présence de mineurs, orpailleurs ou chasseurs clandestins. Les deux hommes n’ont pas été vus depuis dimanche matin. Un journaliste britannique et un spécialiste brésilien des peuples autochtones ont disparu dans une région reculée d’Amazonie, ont annoncé, lundi 6 juin, les autorités et des groupes de défense des droits indigènes. Le journaliste indépendant Dom Phillips, 57 ans, faisait des recherches pour un livre dans la vallée de Javari, en compagnie de Bruno Araujo Pereira, spécialiste reconnu des peuples indigènes, a rapporté The Guardian, auquel Phillips collabore régulièrement.
Située dans le sud-ouest de l’Amazonie, non loin du Pérou, cette région isolée et difficile d’accès connaît une escalade de la violence armée en raison de la présence de mineurs, orpailleurs ou chasseurs clandestins.
REPUBLIQUE DOMINICAINE – Le ministre de l’Environnement de la République dominicaine, Orlando Jorge Mera, a été tué par balle lundi par un proche dans son bureau à l’intérieur du ministère, a annoncé le porte-parole de la présidence. «Les informations que nous détenons pour l’heure indiquent qu’aux premières heures de la journée aujourd’hui (lundi) le ministre de l’Environnement a perdu la vie dans une attaque armée dans son bureau», a déclaré Homero Figueroa. «Miguel Cruz, la personne identifiée comme le tireur, était un ami personnel du ministre», a-t-il ajouté, précisant qu’il a été «arrêté» et qu’une enquête est en cours pour connaître le mobile du meurtre.
Selon trois sources au sein du ministère, qui ont souhaité garder l’anonymat, un homme armé a fait irruption lors de la réunion hebdomadaire que tenait le ministre avec ses vice-ministres et a ouvert le feu. Ce proche de la victime a pu avoir un accès facilité aux zones de sécurité à l’intérieur du ministère.
Dans une interview auprès de la presse locale en mars, Orlando Jorge Mera avait indiqué avoir porté en moins de deux ans quelque 2 300 affaires devant les tribunaux pour notamment violation de permis environnementaux ou exploitation forestière illégale.
GRANDE BRETAGNE – Boris Johnson a surmonté un risque de mort politique subite, mais il est sérieusement affaibli et peut-être même fatalement atteint. Lundi 6 juin, à l’issue d’une journée sous haute tension à Westminster, le premier ministre britannique a gagné un vote de confiance organisé contre lui par sa propre majorité parlementaire. Mais si 211 députés conservateurs ont souhaité qu’il reste à la tête du parti, 148 autres, soit 41 % du total des votants, ont mis un bulletin dans l’urne pour qu’il quitte Downing Street. Une victoire bien plus serrée qu’espéré par l’entourage du dirigeant, qui tablait, en début de journée, sur une rébellion contenue sous la barre des 100 votes de défiance.
Ce vote surprise a été provoqué par l’arrivée, ces dernières semaines, d’au moins 54 lettres d’élus appelant au départ M. Johnson sur le bureau de Graham Brady, le député tory chargé d’en faire le compte. En effet, selon les règles internes au parti, au-delà des lettres (envoyées par 15 % du collège des élus conservateurs), un vote de confiance, à bulletins secrets, doit être organisé « au plus vite ».
Bojo se veut maintenant confiant et il pourrait, dans les prochains jours, annoncer des mesures en faveur du pouvoir d’achat (comme l’ouverture d’un droit à acheter leur logement à un prix préférentiel pour les locataires) et formellement déposer au Parlement un projet de loi très controversé visant à effacer des pans entiers du protocole nord-irlandais, partie cruciale du traité du Brexit avec l’Union européenne.
VATICAN – Le pape François va-t-il être amené à démissionner dans les prochains mois ? Comme le rapporte The Guardian, plusieurs spécialistes s’inquiètent de l’état de santé du souverain pontife ainsi que de plusieurs de ces agissements des dernières semaines. Diminué au genou, l’Argentin est apparu en fauteuil roulant pour la première fois en public au début du mois de mai, alimentant les craintes de nombreux croyants quant à son départ précipité du Vatican.
Récemment, il a également pris la décision, aussi inhabituelle qu’inattendue, d’accueillir un consistoire le 27 août prochain, pour nommer de nouveaux cardinaux, dont certains seront éligibles pour élire son successeur lors du prochain conclave. « C’est très étrange d’avoir un consistoire en août, il n’y a aucune raison qu’il doive convoquer cet [événement] trois mois à l’avance et ensuite se rendre à L’Aquila au milieu de celui-ci », a déclaré Robert Mickens, le rédacteur en chef de l’édition anglophone de La Croix, dans des propos relayés par The Guardian.
Juste après le conclave, le pape François se rendra donc au festival Perdonanza Celestiniana à l’Aquila, une ville des Abruzzes où se trouve le tombeau de Célestin V, un pape ermite qui a démissionné en 1294, cinq mois après son entrée en fonction. Nombreux sont ceux qui y voit ici un signe, d’autant que le pape Benoît XVI, démissionnaire lui aussi, s’y était rendu en 2009, quatre ans avant son départ de la place Saint Pierre de Rome.
ITALIE – Une opération antiterroriste coordonnée par Europol en Italie et ailleurs en Europe a permis le démantèlement d’un réseau de Pakistanais en lien avec une attaque qui visait en 2020 le journal satirique Charlie Hebdo en France, a annoncé mardi la police italienne. Cette opération, coordonnée par le parquet de Gênes (nord) et la direction du service antimafia et antiterrorisme, a abouti à « l’arrestation de citoyens pakistanais », a annoncé la police dans un communiqué, évoquant l’émission de 14 mandats d’arrêt en Italie et à l’étranger.
Les membres de ce réseau, « tous soupçonnés d’association de malfaiteurs ayant pour but le terrorisme international », sont « directement liés à Zaheer Hassan Mahmoud », a précisé la police. Ce dernier, un ressortissant pakistanais, avait blessé au hachoir un homme et une femme devant l’ancien siège de Charlie Hebdo à Paris le 25 septembre 2020, pensant qu’ils travaillaient pour l’hebdomadaire, qui avait cependant déménagé après l’attentat jihadiste meurtrier qui l’avait visé en janvier 2015.
L’attaque était survenue alors que se tenait le procès de l’attentat de janvier 2015 contre le journal, qui avait republié des caricatures du prophète Mahomet.