
La Russie a annoncé ce mercredi 2 novembre reprendre sa participation à l’accord sur les exportations de céréales ukrainiennes après avoir reçu des «garanties écrites» de la part de l’Ukraine sur la démilitarisation du couloir utilisé pour leur transport.
«La Russie considère que les garanties reçues jusqu’à présent semblent suffisantes et reprend la mise en œuvre de l’accord», a indiqué le ministère russe de la Défense sur Telegram. Moscou avait suspendu sa participation samedi dernier après une attaque sur sa flotte en Crimée.
Le président turc Recep Tayyip Erdogan a, lui aussi, annoncé la reprise des exportations. «Suite à mon entretien avec le président russe Vladimir Poutine hier, les expéditions de céréales se poursuivront à partir de midi aujourd’hui», a déclaré Recep Tayyip Erdogan.
Barrière à Kaliningrad
Le ministre polonais de la Défense a annoncé, mercredi 2 novembre, la construction d’une barrière le long de la frontière avec l’enclave russe de Kaliningrad. Le but : empêcher des passages illégaux de migrants, orchestrés, selon Varsovie, par la Russie. A la suite du lancement des vols reliant le Moyen-Orient et l’Afrique du Nord avec Kaliningrad, « j’ai décidé d’agir en vue d’augmenter la sécurité à la frontière avec l’enclave (…). Nous commençons à y construire une barrière provisoire », a déclaré à la presse Mariusz Błaszczak.
Selon lui, la barrière sera composée de trois clôtures parallèles de barbelés, hautes de 2,5 m et d’une largeur globale de 3 m, ainsi que d’équipements électroniques. Les travaux commencent « dès aujourd’hui » sur cette frontière terrestre longue de 210 km, a-t-il insisté.
La Pologne s’est déjà dotée d’une barrière physique et électronique le long de sa frontière avec la Biélorussie, alliée de Moscou. Varsovie accuse le régime d’Alexandre Loukachenko de laisser venir des migrants désireux de gagner l’Union européenne, ce que Minsk dément.
Des bureaux pour Wagner

Le groupe paramilitaire russe va inaugurer le 4 novembre à Saint Pétersbourg des locaux flambant neufs destinés à des entreprises. Le futur complexe doit notamment « héberger des inventeurs, des designers et des informaticiens », a précisé le fondateur Evguéni Prigojine, lundi 31 octobre, sur le réseau social russe VKontakte.
L’entrée du bâtiment arbore déjà le nom de cette milice présente sur plusieurs continents, et largement déployée dans le Donbass face aux forces ukrainiennes. « Evguéni Prigojine et son groupe gagnent en notoriété, et sont en train de monter dans la hiérarchie des élites politico-économiques russes », explique le chercheur Maxime Audinet, spécialiste des stratégies d’influence russes. « La ‘SMP [société militaire privée] Wagner’ semble devenir une marque, un objet marketing destiné à recruter de nouvelles recrues », alors que l’existence du groupe privé était plutôt confidentielle il y a encore quelques mois.
L’objectif revendiqué est d' »augmenter les capacités de défense de la Russie », explique Evguéni Prigojine sur VK, avec de possibles « ouvertures de succursales », si l’aventure est concluante. « Il faudra surveiller si ces ‘capacités’ seront également informationnelles », commente Maxime Audinet. Le fondateur de Wagner, en effet, est visé par des sanctions en Europe et aux Etats-Unis pour avoir financé l’Internet Research Agency (IRA), entre autres. Cette structure est connue pour ses « usines à trolls », visant à alimenter la désinformation dans les sociétés occidentales.
Nucléaire : inquiétude américaine

Des chefs militaires russes ont discuté récemment de la possibilité d’utiliser une arme nucléaire tactique en Ukraine, selon des responsables américains cités mercredi 2 novembre par le New York Times. Le président Vladimir Poutine n’a pas participé à ces échanges et aucun signe de préparatifs n’a été détecté, ont précisé ces sources anonymes.
Mais ces discussions, dont Washington a eu connaissance vers la mi-octobre, ont renforcé l’inquiétude dans les capitales occidentales, qui se demandent si les menaces du Kremlin peuvent se concrétiser, précise le quotidien. Sans se prononcer sur la teneur de l’article, le porte-parole du Conseil de sécurité nationale à la Maison Blanche, John Kirby, a affirmé que les déclarations russes sur un possible usage de l’arme nucléaire étaient «très inquiétantes».
«Nous les prenons très au sérieux», mais «nous n’avons aucune indication que la Russie se prépare à en faire usage», a-t-il ajouté. Le porte-parole du Kremlin, Dmitri Peskov, a pour sa part jugé «irresponsable» que les médias occidentaux «gonflent délibérément le sujet des armes nucléaires». Moscou n’a «pas la moindre intention de prendre part» à ce débat, a-t-il poursuivi.
Moscou : éviter une guerre
La « principale priorité » est d’éviter une guerre entre puissances nucléaires qui aurait des « conséquences catastrophiques », a déclaré mercredi la diplomatie russe, en pleines tensions entre Moscou et les Occidentaux autour de l’Ukraine.
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« Dans la situation difficile et turbulente que nous traversons, qui est le résultat d’actions irresponsables et éhontées visant à saper notre sécurité nationale, la principale priorité est de prévenir tout affrontement entre puissances nucléaires », a affirmé dans un communiqué le ministère russe des Affaires étrangères.
La Russie appelle les autres pays dotés de l’arme ultime à « résoudre cette tâche prioritaire » en mettant fin à leurs « tentatives dangereuses d’empiéter sur les intérêts vitaux des autres ».
Si les pays occidentaux aidant l’Ukraine continuent de « se tenir au seuil d’un conflit armé direct (avec Moscou) et d’encourager les provocations avec des armes de destruction massive », cela pourrait avoir des « conséquences catastrophiques », a ajouté la diplomatie russe.
« La Russie reste guidée par le principe selon lequel une guerre nucléaire, dans laquelle il ne peut y avoir de vainqueur, est inadmissible et ne doit jamais éclater », a souligné le ministère.
Il a toutefois rappelé que la doctrine nucléaire de Moscou prévoyait un recours « strictement défensif » à l’arme atomique en cas d’attaque de la Russie avec des armes de destruction massive ou en cas d’agression avec des armes conventionnelles « menaçant l’existence même de l’Etat ».