Dès que les bombes russes ont commencé à pleuvoir sur l’Ukraine, on a eu un sentiment de déjà vu qui s’est affirmé quand des immeubles civils, des écoles et maintenant le théâtre de Marioupol ont été visés volontairement. Oui, Vladimir Poutine use de méthodes expérimentées et peaufinées de Grozny à Marioupol en passant par Alep et Idlib.
La première guerre de Tchétchénie déclenchée en 1994 par Boris Eltsine pour étouffer les velléités de pleine indépendance de Djokhar Doudaïev n’a pas été la promenade de santé escomptée. Une résistance imprévue. Cinq ans plus tard, c’est Poutine, devenu chef du gouvernement, qui est aux commandes pour mater cette République trop islamiste qui voudrait imposer la charia dans la région. Celui qui a prévenu qu’ « il allait traquer les terroristes jusque dans les chiottes » emploie les grands moyens et noie sous les bombes la capitale Grozny. Six mois plus tard, en mars 2000, il est élu président après la démission surprise de Boris Eltsine… Appelé au secours par Bachar al Assad en 2015, il va faire du Grozny à Alep qui tombera sous les bombes en décembre 2016 après quelques mois de résistance. Il fera et fait de même à Idlib qui abrite des réfugiés et des rebelles. Les bombes, les obus, les missiles détruisent pour détruire, pour faire fuir les civils puis on ouvre des couloirs humanitaires et ceux qui restent sont des ennemis, des combattants sur lesquels on peut tirer.
Ce scénario implacable se déroule depuis trois semaines et le pire pourrait être à venir. Certains estiment toujours qu’il y a une différence : le Russe pouvait frapper fort à Alep parce qu’il n’avait pas de troupes au sol et ne comptait pas l’occuper. Ce serait donc différent en Ukraine. Peut-être, mais on ne connaît toujours pas précisément ce qu’il veut faire. Pour l’instant, il bombarde aveuglément…