Juillet 1943 du côté de Koursk : forces soviétiques et allemandes s’opposent dans une formidable bataille de quelque 6 000 chars. L’offensive des nazis est stoppée et les soldats de Staline peuvent commencer leur marche vers Berlin.
Août 2024, des blindés fabriqués en Allemagne avancent vers cette ville où l’histoire s’est écrite. Une humiliation sans précédent pour Vladimir Poutine qui n’a pas envisagé cette attaque ukrainienne possible. Le maître du Kremlin ne peut plus servir à ses concitoyens et au monde son narratif victorieux et mensonger à la gloire de la Russie invincible. L’ennemi est sur son sol. Une invasion toujours aussi risquée qui ne peut pas vraiment être un « game changer » mais qui met à mal certaines certitudes entretenues par Poutine.
On a voulu croire que le fait de détenir l’arme nucléaire dissuadrait tout adversaire d’une attaque directe, sanctuariserait le sol national. Des dizaines de fois, depuis qu’il a envahi son voisin ukrainien, Poutine a agité la menace nucléaire tout en rappelant sa doctrine : son emploi n’est justifié que si l’existence du pays est en jeu. Défiant toutes les lignes rouges du Kremlin, Zelensky a lancé des troupes sur la terre russe. Et il ne s’est rien passé. Pas de menace existentielle. L’arme nucléaire n’est opposable qu’à une arme nucléaire. Elle ne peut empêcher une guerre classique et, de toute façon, la Chine ferait pression sur son allié et obligée….
Vladimir Poutine a perdu de sa superbe et les milblogueurs qui ne cessent de le critiquer, attaquent de plus belle sa conduite de la guerre. Pour « expulser » les « terroristes » ukrainiens, il a fait appel à son « ange démolisseur », Alexeï Dioumine, son ancien garde du corps devenu colonel-général et secrétaire du Conseil consultatif d’État. Ce dernier doit montrer que le pays est toujours protégé, redonner à son patron la crédibilité qu’il est en train de perdre.
Quelle que soit son issue, cet épisode aura terni l’image de Poutine et prouvé aux Russes qu’il y a une guerre et non une « opération spéciale ». Sans parler de la nécessaire réflexion sur l’arme nucléaire…