Autour de l’aéroport de Kaboul, c’est la catastrophe, le chaos. Sept morts dans des bousculades de milliers de personnes qui tentent désespérément de prendre un avion pour fuir les talibans qui tuent ceux qui aiment la liberté; qui pensent par eux-mêmes. Loin de l’Afghanistan, ils ont des admirateurs, des imitateurs affiliés à Al Qaïda ou à l’Etat islamique ou combattants de Boko haram, qui inquiètent tout autant, mais que l’on a tendance à oublier comme ces talibans dont on ne parlait plus jusqu’à l’annonce du retrait américain. Ils sont au Sahel ces émules des Akhundzada, Baradar ou autres Haqqani. Ils tuent tous les jours ou presque sans beaucoup de bruit en Occident. Au Mali, au Niger, au Burkina Faso, plus de 200 personnes, civils et militaires, ont été tuées par des djihadistes depuis le début du mois, 2 000 depuis le début de l’année dans la zone des « trois frontières », des dizaines au Tchad. Plus de deux millions de déplacés et de 30 à 50% d’enfants, surtout des filles, qui ne peuvent aller à l’école… Les armées locales ne sont pas à la hauteur de la tâche et commettent des exactions, les plus de 10 000 de la Minusma ne sont guère efficaces, ne se battent que peu, les 5000 soldats français font ce qu’ils peuvent mais pour un territoire de 3 millions de km², ils sont aussi nombreux que les Américains sur l’aéroport de Kaboul… Partir ou rester? Rester combien de temps? Que retenir du fiasco afghan? La France réduit ses effectifs et préfère engager des drones plutôt que des hommes. L’Algérie réfléchit à un engagement plus actif…
Dans le Sahel, quatre pays sont directement concernés, la Mauritanie relativement épargnée, mais les djihadistes progressent vers le Golfe de Guinée, surtout la Côte d’Ivoire. Certains négocient ou sont prêts à le faire -Tchad et Mali- avec les groupes armés; les gouvernements sont trop souvent corrompus, décomposés, peu présents sur leur territoire et pas à l’écoute de la société civile…
L’Afghanistan souffre et le monde regarde, se questionne. Ce monde doit garder un œil ouvert sur le Sahel qui, lui aussi, court un grand danger. Pas tout à fait de même nature, mais bien réel.