Michel Bouquet est décédé le 13 avril à Paris, à 96 ans. Grande figure du cinéma, il a surtout régné sur les planches. Il laisse derrière lui une carrière de plus de soixante-quinze ans, marquée par d’inoubliables rôles. Il laisse en deuil un public qui ne l’oubliera jamais. Usant de tous les registres, de toutes les palettes, il pouvait être tour à tour ou dans le même mouvement, farcesque et terrible, dupe et victime, innocent et calculateur, capricieux et tyran. « Le savoir d’un acteur »,disait-il, c’est de ne connaître rien et d’espérer être accompagné d’une vérité qui est dans le texte, mais ne pas savoir si on y parvient. Être acteur, c’est endosser quelque chose qu’on n’est pas digne de recevoir et puis essayer de compenser. L’acteur, c’est un objet comme un autre, c’est une outrecuidance. » Sa carrière est aussi éblouissante que singulière.
Anouilh, Giraudoux, Camus, Pinter, Bernhard… Chabrol, Truffaut, Van Dormael, Fontaine… Cent mille fois, Michel Bouquet a remis sur le métier un art de l’acteur fondé sur l’effacement de soi et le service du personnage, façon Diderot. Comme Beckett, il aurait pu dire : « Le comédien, ce n’est pas la peine de regarder à l’intérieur, il n’y a rien. » Michel Bouquet a reçu trois Molières et deux Césars.
Le président de la République a rendu hommage à l’homme qui avait porté «très haut l’idéal du métier de comédien». Un «monstre sacré» et un guide «pour des générations d’acteurs, parmi les plus grands».