Des experts de l’ONU ont condamné, mercredi 10 novembre 2021, l’expulsion de dizaines de migrants et de demandeurs d’asile par la Tunisie, au milieu d’allégations selon lesquelles ils auraient été victimes de racisme brutal et de déplacement arbitraire vers la Libye.
« Certains de ces migrants et demandeurs d’asile ont été battus et menacés par les autorités tunisiennes », ont-ils indiqué dans un communiqué.
« Nous sommes profondément préoccupés par la sécurité, la dignité, l’intégrité physique et les conditions de vie des migrants, en particulier des femmes enceintes et des enfants, qui sont bloqués à la frontière tuniso-libyenne », ont déclaré les experts onusiens.
Les experts indépendants onusiens se sont « alarmés » par les informations selon lesquelles certains migrants qui tentaient d’entrer en Tunisie, dont un enfant, ont été enlevés par un groupe d’hommes armés non identifiés et ils ont été retenus en captivité en Libye ». « Plusieurs autres auraient été arrêtés par les autorités libyennes et emmenés dans des centres de détention », ont-ils ajouté.
Pour les experts s’inquiètent du fait que ces migrants et demandeurs d’asile sont tous originaires des pays d’Afrique subsaharienne et sont soumises à des violations de leurs droits de l’homme en Tunisie et en Libye « sur une base raciale, en particulier à la lumière des rapports que nous avons reçus sur l’augmentation du traitement raciste et xénophobe des migrants d’Afrique subsaharienne ».
Et d’ajouter que « des rapports des médias et plusieurs vidéos relayées début octobre par des associations de défense des droits des migrants ont documenté la reconduite à la frontière et l’expulsion de migrants ayant tenté une traversée en bateau de la Tunisie vers l’Europe. Ils auraient été renvoyés dans une zone désertique à la frontière avec la Libye ».
Selon les experts indépendants onusiens, « des dizaines de migrants originaires d’Afrique subsaharienne se trouvent toujours dans une situation précaire près de la frontière entre la Tunisie et la Libye, où ils n’ont pas accès ni à un abri, ni à la nourriture, ni à l’eau et ni à des soins médicaux et où ils sont confrontés à des menaces extrêmes de torture, d’enlèvement et de violence sexiste et sexuelle ».
« L’expulsion par la Tunisie de ces migrants et demandeurs d’asile, ainsi que son refus persistant de les laisser revenir sur son territoire, peuvent constituer une violation à ses obligations, en vertu du droit international », ont soulevé les experts.
Ils invitent ainsi « la Tunisie à respecter ses obligations en matière de non-refoulement, qui imposent aux États de ne pas renvoyer des personnes vers des pays où elles risquent d’être soumises à la torture, à des mauvais traitements, à une détention arbitraire ou à d’autres atteintes irréparables ».
Les experts indiquent être en contact avec les gouvernements tunisien et libyen pour aborder ces préoccupations.