Les frappes israéliennes sur un camp de Rafah a fait au moins 40 morts, a annoncé lundi matin la Défense civile palestinienne de la bande de Gaza.
«Le massacre commis par l’armée d’occupation israélienne dans les tentes de réfugiés dans le nord-ouest de la ville de Rafah, dans le sud de la bande de Gaza, a fait 40 ‘martyrs’ et 65 blessé», a déclaré à l’AFP Mohammed al-Mughayyir, un responsable de la Défense civile dans la bande de Gaza.
Dimanche, le Croissant-Rouge palestinien avait qu’une frappe israélienne avait fait un «grand nombre» de morts et de blessés. Cela dans une zone humanitaire désignée près de la ville de Rafah, dans le sud de la bande de Gaza.
«Les équipes d’ambulanciers du Croissant-Rouge palestinien transportent un grand nombre de martyrs et de blessés après que l’occupation (Israël) a ciblé les tentes des personnes déplacées près du siège des Nations unies, au nord-ouest de Rafah», avait alors déclaré le Croissant-Rouge sur X. Il avait également précisé que «ce lieu avait été désigné par l’occupation israélienne comme une zone humanitaire».
Que s’est-il passé ?
Israël a admis qu’un de ses avions avait « frappé un complexe du Hamas à Rafah dans lequel opéraient d’importants terroristes », dont deux responsables du mouvement en Cisjordanie, Yacine Rabia et Khaled Nagar. Tsahal a indiqué avoir « éliminé le chef d’état-major du Hamas en Judée-Samarie ainsi qu’un autre haut responsable du Hamas ». « La frappe a été menée contre des cibles légitimes au regard du droit international, grâce à l’utilisation de munitions précises et sur la base de renseignements précis indiquant l’utilisation de la zone par le Hamas », a-t-elle dit dans un communiqué.
De son côté, la présidence palestinienne et le Hamas ont accusé Israël d’avoir commis un « massacre » en visant un centre pour personnes déplacées près de Rafah. « Cet atroce massacre perpétré par les forces d’occupation israéliennes est un défi à toutes les résolutions internationales », a écrit la présidence palestinienne dans un communiqué, accusant Israël d’avoir « délibérément visé » le camp de personnes déplacées de Barkasat, géré par l’agence de l’ONU pour les réfugiés palestiniens (UNRWA) au nord-ouest de Rafah.
« À la lumière de l’horrible massacre sioniste commis ce soir par l’armée d’occupation criminelle contre les tentes des personnes déplacées, nous appelons les masses de notre peuple en Cisjordanie, à Jérusalem, dans les territoires occupés et à l’étranger à se lever et à marcher avec colère », a de son côté écrit le mouvement islamiste du Hamas dans un communiqué.
L’Égypte fustige, elle aussi, un « bombardement délibéré » d’Israël. Le ministère égyptien des Affaires étrangères a appelé Israël à « mettre en œuvre les mesures édictées par la Cour internationale de justice (CIJ) concernant une cessation immédiate des opérations militaires » à Rafah. Le ministère a fustigé « une nouvelle violation flagrante des dispositions du droit international humanitaire ». Déplorant un « évènement tragique », le communiqué dénonce un « ciblage des civils sans défense » et « une politique systématique visant à élargir le spectre de la mort et des destructions dans la bande de Gaza pour la rendre invivable ».
Le président turc Recep Tayyip Erdogan a promis de son côté ce lundi que son pays ferait « tout son possible » pour que le Premier ministre israélien Benyamin Netanyahou et les autorités « barbares rendent des comptes », au lendemain des frappes sur Rafah. « Tout comme Hitler, Milosevic (président de l’ex-Yougoslavie, ndlr), Karadzic (le dirigeant serbe de Bosnie, ndlr) et d’autres pharaons de l’histoire qu’ils admirent, ils ne pourront éviter d’être maudit. En tant que Turquie, nous ferons tout notre possible pour demander des comptes à ces barbares et à ces meurtriers qui n’ont rien avoir avec l’humanité », a indiqué le chef de l’Etat.
Le Président français a également réagi.
Un contexte particulier
Cette frappe est intervenue quelques heures après que l’armée israélienne a fait état de huit roquettes tirées depuis Rafah, qui ont déclenché des sirènes d’alerte à Tel-Aviv et dans le centre d’Israël pour la première fois depuis des mois.
La plus haute juridiction de l’ONU, Cour internationale de Justice (CIJ), avait par ailleurs ordonné vendredi à Israël de suspendre ses opérations militaires à Rafah, où étaient réunis plus de 1,5 million de réfugiés au début de ces opérations. Si cette décision est censée être contraignante, Israël a poursuivi ces frappes samedi et dimanche.
Avant cette frappe dévastatrice, le Premier ministre israélien Benyamin Netanyahou s’était dit dimanche « fermement opposé » à la fin de la guerre dans la bande de Gaza.