Les réactions aux résultats du référendum du 25 juillet sur le nouveau projet de Constitution se suivent et ne se ressemblent pas. Certaines sont négatives, d’autres, sont positives. L’accueil de ces réactions est lui aussi différent et varie selon que l’on soit au pouvoir ou dans l’opposition.
Ainsi, la réaction américaine, plutôt critique, a été qualifiée d’ingérence dans les affaires intérieures du pays par le Président de la République lui-même, suivie aussitôt par les partis et les partisans qui lui sont proches, qui ont surenchéri en dénonçant une « atteinte à la souveraineté nationale ». Cependant, que l’opposition à Kais Saied, s’est, quant à elle, montrée satisfaite de la position américaine.
Aujourd’hui, une autre réaction, non moins importante , se fait jour. Elle vient du grand voisin et frère algérien qui, en la personne du président Tebboune lui-même, a annoncé son soutien à son homologue tunisien dont il salue, au passage, le succès du référendum, qui à ses yeux, consacre sa légitimité.
Sans doute, que le Président Kais Saied appréciera les propos de son frère algérien. Sans doute aussi, que l’opposition fera ses choux gras de la critique du président Tebboune en l’accusant d’ingérence et peut-être d’ « atteinte à la souveraineté nationale » .
Une chose est certaine: la Tunisie aujourd’hui est un pays divisé. Il l’a été avant le référendum. Il est encore davantage après.
C’est cette division qui rend les positions différentes, voire diamétralement opposées selon que l’on soit du côté du pouvoir ou de l’opposition, causant ainsi une véritable fracture dans le paysage politique et rendant difficile toute entreprise de réformes.
Outre cette division, qui s’aggrave et s’approfondit sans cesse, ces réactions prouvent que le pouvoir actuel ne crée pas l’unanimité et ce pas sur plusieurs points de première importance.
Tout d’abord sur la question du changement de Constitution par un texte qui est l’œuvre d’un homme seul.
Sur l’appréciation du taux de participation dont la faiblesse pourtant évidente fait craindre un désintéressement de la chose politique de plus en plus manifeste chez les jeunes.
Enfin, le refus d’un dialogue avec les partenaires politiques et sociaux qui reste pourtant la clé de voûte de tout apaisement.
Mais le plus remarquable dans tout cela, c’est le comportement intempestif dont fait montre notre diplomatie, en réagissant avec outrance, quelques fois avec démesure, à des prises de positions somme toute ordinaires dans un monde globalisé où les intérêts sont enchevêtrés, voire interdépendants. La diplomatie tunisienne, faut-il le rappeler, a ses traditions solides et reconnues: modération, neutralité positive, recherche de dialogue et attachement indéfectible à la légalité internationale.
En agissant à partir de ces constantes, la diplomatie tunisienne a toujours réussi à éviter les pièges de l’alignement systématique ou de tomber dans l’escarcelle de telle ou telle influence; ce qui lui a valu de jouer souvent un rôle plus grand que sa taille dans le concert des nations.
Un retour à ces principes s’impose.