Interrogatoires préventifs par la justice militaire, téléphones fouillés ou cafés fermés, la police égyptienne multiplie, selon ce que rapportent à Voice of America Afrique les défenseurs des droits humains, les mesures de répression face à un mystérieux appel à manifester en pleine COP27 qui réunira les dirigeants de la planète dans le pays.
Tout a commencé, assure l’avocat Khaled Ali, figure des droits humains dans le pays, « il y a plus de dix jours », alors qu’apparaissait sur Twitter le mot-clé « Manifeste_le_11/11 », jour où le président américain Joe Biden notamment participera à la COP27 et s’adressera à ses dizaines de milliers de participants.
Depuis, « le parquet militaire interroge quasiment tous les jours des gens dans différentes provinces », écrivait vendredi sur sa page Facebook l’ancien candidat de la gauche à la présidentielle.
Le 11 novembre, personne ne sait ce qui pourrait arriver dans un pays où manifester est défendu par la loi. Mais pour les autorités, qui à ce moment-là organiseront la conférence de l’ONU sur le climat dans la station balnéaire de Sharm el-Cheikh à l’autre bout du pays, pas question que le mécontentement social s’empare de la rue.L’inflation dépasse les 15% et la livre a perdu la moitié de sa valeur cette année. Le pays compte plus de 60.000 détenus d’opinion et toute forme d’opposition est muselée alors que la presse indépendante est réduite à peau de chagrin.
Le président Abdel Fattah al-Sissi l’a reconnu lui-même récemment: « Je vous le dis du fond du cœur, quelqu’un qui travaille pour moins de 10.000 livres par mois ne peut pas vivre » en Egypte, où, selon les chiffres officiels, un tiers des habitants vivent avec moins de 2.200 livres par mois, soit 92 euros.