C’est son nom qui avait été cité en premier quand Emmanuel Macron a annoncé les critères qui le guideront pour choisir qui succéderait à Jean Castex. Et hier, vers 18 heures 15, c’est bien Elisabeth Borne qui a été nommée à Matignon, la seconde femme Première ministre, trente ans après Edith Cresson qui, sous François Mitterrand, n’avait tenu qu’un peu plus de dix mois. Au gouvernement depuis 2017, elle a occupé les ministères du Transport, de la Transition écologique et du Travail. Ce n’est donc pas une réelle surprise, mais une arrivée symbolique et emblématique à ce poste pour lequel les Français plébiscitaient une femme. Pour l’orientation politique du nouveau gouvernement voulu par « un nouveau président » pour ”un nouveau peuple” il faudra encore attendre et voir selon le résultat des législatives.
A 61 ans, la nouvelle Première ministre a une compétence certaine et une large expérience professionnelle. Elle est diplômée de Polytechnique, ingénieur général des Ponts et Chaussées. Elle est passée par la SNCF, a été directrice de la RATP. Au plan politique, elle a été conseillère de Lionel Jospin et de Jacques Lang, directrice de cabinet de Ségolène Royal, directrice de l’urbanisme à la mairie de Paris et préfète de la région Poitou Charentes. Elle est membre de Territoires de progrès, la formation qui regroupe les socialistes de la macronie.
Bourreau de travail, elle est discrète et réservée, mais connaît ses dossiers et sait les défendre avec une poigne de fer tout en étant ouverte au dialogue. Son handicap ? Elle est peu connue des Français et devra vite les convaincre qu’elle incarne la fonction, qu’elle n’est pas seulement une brillante technocrate. Parler aux Français, les apprivoiser, un peu comme l’avait fait Jean Castex, sera sa première priorité. Elle aura aussi à s’imposer aux ministres qu’elle choisira – ou non ?- avec le président. Dans une France divisée, elle devra rassurer et avancer sur les nombreux chantiers proposés par le président.
Ironiquement, l’insoumis Jean-Luc Mélenchon, toujours dans son rêve fou de Matignon, a ironisé en parlant de « mission d’intérim » confiée à « son prédécesseur ». Pour la Nupes et le RN, le saccage social continue. La bataille politique est lancée. Candidate aux législatives dans la circonscription de Vire (Calvados), Elisabeth Borne va peut-être renoncer pour la mener au niveau national