Frappé depuis février par un embargo européen, le gasoil russe n’a pas tardé à trouver de nouveaux débouchés. Parmi eux, le Maroc, qui aurait importé, rien qu’en janvier, deux millions de barils de diesel en provenance de Russie, contre seulement 600 000 barils pour toute l’année 2022. C’est en tout cas ce qu’affirme le Wall Street Journal (WSJ) dans un article paru le 25 février, précisant que la très forte hausse s’est poursuivie en février avec « au moins 1,2 million de barils supplémentaires ».
En l’absence de données publiques sur l’évolution des importations de diesel russe depuis l’année dernière, les chiffres avancés par le journal américain, qui ont été puisés auprès de l’entreprise de data intelligence Kpler, suscitent des interrogations et des doutes.
D’autant plus qu’une semaine plus tôt, un député de l’Union socialiste des forces populaires (USFP), Abdelkader Taher, a accusé frontalement des opérateurs pétroliers marocains de réaliser des profits « ahurissants » en important du gasoil de Russie « à un prix ne dépassant pas 170 dollars la tonne, soit 70 % de moins que le prix moyen pratiqué dans le monde ».
Réagissant aux informations du WSJ, le porte-parole du gouvernement, Mustapha Baïtas, a tenté d’éteindre l’incendie en déclarant le 2 mars que les importations de diesel russe ne constituaient que 9 % du volume global en 2022, contre 5 % en 2021 et 9 % en 2020.
Même écho auprès du ministère de l’Économie et des Finances. Dans une réponse écrite adressée à Abdelkader Taher et que Jeune Afrique a consultée, Nadia Fettah Alaoui affirme ainsi que « les données disponibles auprès de l’administration des douanes et des impôts indirects font état d’un volume d’importation de 9 % en 2020, 5 % en 2021, 9 % en 2022 et de 13 % dans la période allant du 1er janvier au 27 février 2023 ».
Selon le WSJ, le Maroc pourrait réexporter le gasoil russe, notamment en Turquie et dans les îles Canaries