L’un est une épave, l’autre une attraction touristique. Au sud de l’Irak, deux yachts sont des exemples de la démesure de Saddam Hussein, qui a été renversé il y a deux décennies par l’invasion des États-Unis.
À Bassora, Al-Mansour (Le victorieux, en arabe) s’est incliné. Après avoir été touché par les frappes américaines en mars 2003, le bateau de 120 m de long a finalement pris l’eau. À quelques centaines de mètres, Basrah Breeze, a lui été épargné. Amarré à un quai du Chatt al-Arab, fleuve où se mêlent les eaux du Tigre et de l’Euphrate, ce deuxième yacht de l’ancien dictateur irakien est en partie ouvert aux curieux depuis janvier.
À bord, le temps s’est figé. Dans un salon, un fauteuil de barbier attend le client. Dans la suite présidentielle aux tons crèmes et dorés, un lit king size dominé par un baldaquin fait ménage avec des fauteuils imitant le style XVIIIe. Dans les salles de bains, la robinetterie est en or. Rien de trop clinquant pour l’ancien président qui a dirigé l’Irak d’une main de fer de 1979 à 2003 et était connu pour son amour du luxe ostentatoire.
Saddam Hussein n’a jamais navigué sur le Basrah Breeze. Et le luxueux bateau s’est trouvé une deuxième vocation. Il est rattaché au centre de recherches en sciences maritimes de l’université de Bassora. «Tous ceux qui viennent sont médusés par le luxe du yacht», reconnaît Sajjad Kadhim, enseignant au centre.
Long de 82 mètres, conçu par un chantier naval danois, le yacht livré au dictateur en 1981 peut embarquer près de 30 passagers et un équipage de 35 personnes. Il y a 13 chambres, trois salles de réunion, une hélisurface, sans oublier un couloir secret menant à un sous-marin… pour s’enfuir en cas de danger, comme l’explique un panneau d’information.
