« Il continue de terroriser les citoyens pacifiques… Cela ne brisera jamais notre volonté, cela ne fera que nous rendre plus en colère et plus déterminés à continuer à nous battre jusqu’à notre victoire » a déclaré cet après-midi Yuriy Sak, conseiller du ministre ukrainien de la Défense. Il, c’est bien sûr Vladimir Poutine dont les forces ont lancé environ 100 missiles sur plusieurs régions de l’Ukraine, notamment dans les grandes villes, Kiev, Lviv et Kharkiv Ces frappes ont provoqué de nombreuses coupures de courant. La moitié des habitants de la capitale, était sans électricité ce soir. Kharkiv et Lviv, dans le noir, étaient privées de métro .La situation est critique, a annoncé la présidence de la République et Zelensky a conseillé à ses compatriotes de rester dans les abris. Il y a au moins un mort à Kiev.
Des explosions ont également été signalées à Khmelnytskyy et Kryvyi Rih, dans le sud, et à Tchernihiv, dans le nord. Des alertes de raids aériens ont été lancées dans toute l’Ukraine
Le gouverneur de Krivyi Rih a déclaré que des missiles de croisière avaient été tirés depuis un bombardier russe Tu-95 au-dessus du sud de la Russie
Selon le chef de cabinet de Volodymyr Zelensky, Andriy Yermak, Moscou répond ainsi « au discours fort du président au G20. Personne ne peut penser que le Kremlin veut réellement la paix. Il veut la soumission ».
Zelensky parle au « G19 »

Volodymyr Zelensky a déclaré ce mardi qu' »il était temps » de mettre fin à la guerre « destructrice » de la Russie, dans un discours par lien vidéo devant les chefs d’Etats et de gouvernement du G20 rassemblés à Bali. « Je suis convaincu qu’il est temps à présent, que la guerre destructrice de la Russie doit et peut être arrêtée », a déclaré le président ukrainien, selon une traduction en anglais du discours consultée par l’AFP, proposant un échange total de prisonniers entre la Russie et l’Ukraine.
Le président ukrainien a également dénoncé ce mardi devant le G20 « les menaces folles de recours à l’arme nucléaire » de la Russie, affirmant qu’il ne pouvait y avoir « aucune excuse au chantage nucléaire ». « C’est pareil pour les folles menaces de recours à l’arme nucléaire exprimées par les responsables russes. Il ne peut y avoir aucune excuse pour le chantage nucléaire », a-t-il affirmé, selon la traduction en anglais de son discours où il s’adresse au « G19 », en excluant Moscou. Dans la salle était pourtant présent le chef de la diplomatie russe Sergueï Lavrov, par lequel Vladimir Poutine s’est fait représenter.
Le président ukrainien a demandé un échange de prisonniers, la sûreté nucléaire, la sécurité alimentaire et un tribunal spécial pour les crimes de guerre, le retrait russe avant de parvenir à un traité final de paix.
« Irréalistes » selon Lavrov
Le chef de la diplomatie russe Sergueï Lavrov a jugé « irréalistes » les conditions ukrainiennes pour entamer des pourparlers pour mettre fin à la guerre.

« Tous les problèmes proviennent de la partie ukrainienne qui refuse catégoriquement des négociations et avance des revendications manifestement irréalistes et pas en adéquation avec la situation », a-t-il déclaré avant de quitter Bali.
Il a affirmé l’avoir signifié au président français Emmanuel Macron et au chancelier allemand Olaf Scholz lors « de courtes conversations » au cours du G20.
Selon lui, « le processus de règlement (du conflit) est freiné par l’Ukraine », pays que la Russie a envahi le 24 février dernier.
M. Lavrov a dénoncé en outre le caractère « russophobe » de l’intervention de M. Zelensky devant le G20.
Sergueï Lavrov a également accusé une fois de plus l’Occident de mener une « guerre hybride » contre la Russie en usant de l’Ukraine.
Il a répété que Moscou avait été obligé de lancer son offensive contre son voisin pour se défendre et protéger les populations russophones.
Le chef de la diplomatie russe a indiqué en outre que, selon lui, les Etats-Unis ne préparaient pas de négociations de paix sur l’Ukraine.
« Concernant les informations selon lesquelles les Américains préparent des pourparlers, ces rumeurs apparaissent régulièrement, puis disparaissent », a-t-il dit.
Prisonniers torturés

« L’interdiction de la torture et des mauvais traitements est absolue, même – en fait surtout – en période de conflit armé », a déclaré la responsable de la Mission de surveillance des droits de l’homme en Ukraine, Matilda Bogner, lors d’une visioconférence depuis Kiev.
Elle a rappelé que les deux pays sont parties à la troisième Convention de Genève, qui fixe les exigences relatives au traitement des prisonniers de guerre.
Au cours des derniers mois, la mission a interrogé 159 prisonniers de guerre (139 hommes et 20 femmes) détenus par la Russie et ses groupes armés affiliés et 175 prisonniers de guerre (tous des hommes) détenus par l’Ukraine.
La mission a bénéficié d’un accès sans entrave aux lieux d’internement des prisonniers de guerre contrôlés par le gouvernement ukrainien, mais l’ONU, malgré ses demandes, n’a toujours pas obtenu d’accès confidentiel aux prisonniers de guerre internés par la Russe et ses groupes armés affiliés.
L’ONU a toutefois pu s’entretenir avec des prisonniers de guerre ukrainiens qui avaient été libérés.
Du côté des prisonniers de guerre capturés par les forces russes, « la grande majorité des personnes que nous avons interrogées nous ont dit avoir été torturées et maltraitées pendant leur internement » de façon quotidienne, a indiqué Mme Bogner.
L’ONU a également reçu des « allégations crédibles » d’exécutions sommaires de prisonniers de guerre russes capturés par les forces ukrainiennes et de plusieurs cas de torture et de mauvais traitements.
Amnesty International affirme de son côté n’avoir aucune preuve de tortures commises par les forces ukrainiennes.
Le communiqué du G20 isolera la Russie
Le G20 va publier un communiqué dans lequel « la plupart » des membres du groupe condamnent fermement l’offensive russe en Ukraine, a indiqué un haut responsable américain ce mardi à Bali.

« Je pense que vous allez voir que la plupart des membres du G20 vont dire clairement qu’ils condamnent la guerre menée par la Russie en Ukraine, et qu’ils voient la Russie comme la cause principale des souffrances économiques et humanitaires immenses dans le monde », a-t-il indiqué à des journalistes sous couvert de l’anonymat.
Si l’Ukraine ne figure pas à l’agenda officiel du sommet, le conflit est en toile de fond de toutes les discussions.
« Il y a un accord depuis hier soir au niveau des sherpas pour un communiqué. Cela doit être confirmé au niveau des chefs d’Etat », a indiqué le président du Conseil européen Charles Michel au cours d’une conférence de presse.
« Je suis absolument convaincu que nous devons utiliser la réunion aujourd’hui et demain pour convaincre toutes les parties d’augmenter la pression sur la Russie », a-t-il déclaré avant l’ouverture du sommet.
Le communiqué va montrer que le G20 « isole vraiment la Russie », membre du groupe des plus grandes économies mondiales, a ajouté la source américaine.
A la Russie de payer
L’Assemblée générale des Nations unies a adopté lundi une résolution, non contraignante, en faveur d’un mécanisme de réparations par la Russie des destructions humaines et matérielles causées par son invasion de l’Ukraine.

Contrairement au Conseil de sécurité, où la Russie a un droit de veto, Moscou ne pouvait pas s’opposer à l’adoption de cette résolution, portée par l’Ukraine, le Canada, les Pays-Bas et le Guatemala, et votée avec 94 voix, moins que les 143 pour condamner les « annexions illégales » de la Russie le 12 octobre.
Quatorze pays ont voté contre, dont la Russie, la Chine, Cuba, le Mali ou l’Ethiopie, tandis que soixante-treize pays se sont abstenus, principalement du continent africain, mais aussi le Brésil, Israël ou l’Inde.
La résolution demande que la Russie soit « tenue responsable de toute violation » du droit international et de la charte des Nations unies en Ukraine, et qu’elle « assume les conséquences juridiques de tous ses actes illégaux au plan international, notamment en réparant le préjudice » matériel et humain.
Elle établit aussi « la nécessité » de créer, « en coopération avec l’Ukraine, un mécanisme de réparation » et « un registre international des dommages pour répertorier (…) les preuves et les informations relatives aux demandes d’indemnisation » de personnes physiques, morales et de l’Ukrainien.
Le président ukrainien Volodymyr Zelensky a salué la décision prise à l’ONU.
Wagner nie

Le chef du groupe russe de mercenaires Wagner a nié ce mardi toute implication dans l’exécution brutale d’un membre présumé de son organisation accusé de désertion en Ukraine, après l’avoir pourtant saluée dans un premier temps.
L’affaire a débuté avec la publication d’une vidéo, relayée par des comptes proches de Wagner sur les réseaux sociaux, d’un homme accusé de s’être rendu aux forces ukrainiennes avant d’être repris par les Russes.
On y voit cet homme, qui se présente comme Evguéni Noujine, être tué d’une manière particulièrement brutale, le crâne frappé avec une masse.
Dans un premier message publié dimanche, le chef de Wagner, Evguéni Prigojine, un homme d’affaires proche du Kremlin, avait salué un « magnifique travail », qualifiant l’homme tué de « chien ».
Mais dans un nouveau communiqué paru mardi, Evguéni Prigojine nie toute implication de son groupe dans l’exécution et désigne les services secrets américains comme responsables, sans étayer ses accusations.