Au terme d’une semaine d’offensive, le président ukrainien, Volodymyr Zelensky, a annoncé, lundi 5 septembre, que « le drapeau ukrainien est en train de revenir là où il doit être », précisant, après une réunion avec l’état-major, que « les informations [étaient] bonnes ». Moscou annonce de son côté que la contre-offensive aurait déjà échoué.
Si le ballet des ambulances est fréquent sur les routes en direction de Mykolaïv et d’Odessa, rien ne dit que les affirmations de Moscou sur une défaite ukrainienne soient étayées par des faits. Ni les morgues ni même les hôpitaux ne semblent débordés, les funérailles ne paraissent pas être massives dans ces villes de garnison, et tous les soldats rencontrés s’accordent à dire qu’ils apprécient que leurs officiers placent la vie de leurs hommes avant toute autre considération.
Des bombardements mardi matin sur Kharkiv ont détruit un immeuble dans le centre-ville, a annoncé Oleh Synehoubov, gouverneur de la région de Kharkiv, sur Telegram. « Les informations sur les victimes sont en cours de clarification », a-t-il précisé.
Un peu plus tôt, M. Synehoubov avait fait savoir qu’un bombardement dans la zone industrielle de Kharkiv avait endommagé dans la nuit deux immeubles, tuant « une femme de 73 ans ». Le gouverneur de la région a ajouté que deux hommes âgés de 39 et 52 ans avaient été tués dans la journée de lundi à Zolotchiv.
Situation « intenable » à Zaporijia
Le ministère de la défense russe a accusé, ce mardi, l’armée ukrainienne de nouveaux bombardements sur la centrale nucléaire de Zaporijia, au moment où l’Agence internationale de l’énergie atomique (AIEA) doit rendre public son rapport très attendu sur la situation du site. Depuis des semaines, la confusion règne autour de cette centrale nucléaire, située dans le sud de l’Ukraine et occupée depuis mars par l’armée russe. Son site a été touché par de multiples bombardements pour lesquels Kiev et Moscou se rejettent la faute, s’accusant mutuellement de risquer de provoquer une catastrophe nucléaire.
Cependant, dans son rapport remis ce mardi, l’AIEA indique qu’il n’y a, pour l’instant, aucune inquiétude sur un risqué de prolifération nucléaire. L’Agence internationale de l’énergie atomique réclame quand même la mise en place d’une « zone de sécurité » pour prévenir un accident nucléaire à la centrale nucléaire ukrainienne de Zaporijjia, occupée par les Russes. « La situation actuelle est intenable », écrit l’instance onusienne dans ce texte de 52 pages. « Il est urgent de prendre des mesures provisoires », poursuit-elle, préconisant « l’établissement d’une zone de sécurité nucléaire et de protection ».
La Russie « torche » du gaz à perte
La Russie, qui a suspendu la livraison de gaz à l’Union européenne (UE) par le gazoduc Nord Stream, « torche du gaz » à perte car « ses réservoirs sont pleins », a déploré mardi la commissaire européenne à l’énergie, Kadri Simson.
« Nous voyons que la Russie et ses compagnies utilisent le gaz naturel comme une arme. Ils ont coupé les livraisons vers l’Europe, mais (…) ils n’ont pas d’autres gazoducs vers d’autres régions du monde, et leurs réservoirs souterrains sont pleins », a déclaré la commissaire européenne à des journalistes au cours d’une visite dans la capitale indonésienne, Djakarta. « Nos satellites ont enregistré des fuites de gaz et le torchage de gaz naturel, or cela est très mauvais pour l’environnement parce que le méthane est le deuxième gaz le plus néfaste parmi les gaz à effet de serre. »
Par ailleurs, Gazprom a annoncé ce mardi que la Chine réglerait dorénavant ses contrats en roubles et en yuans, au lieu du dollar, nouveau signe de rapprochement entre Moscou et Pékin
Résilience de l’économie russe
L’économie russe devrait se contracter moins fortement que prévu en 2022 et renouer avec des périodes de croissance trimestrielle en 2023, a déclaré mardi le ministre de l’économie, Maxim Rechetnikov, cité par l’agences de presse TASS. Le ministère de l’économie russe prévoit désormais une baisse de 2,9 % du produit intérieur brut cette année, contre − 4,2 % annoncé le mois dernier, et de 0,9 % en 2023 (contre − 2,7 %). La Russie continue à surmonter mieux que prévu les retombées des sanctions occidentales imposées à la suite de son invasion de l’Ukraine en février, a expliqué Maxim Rechetnikov.
En réalité, selon Sergei Guriev, directeur de la formation et de la recherche de Sciences Po et ex-conseiller économique du gouvernement russe réfugié en France, la Russie s’est transformée en village « Potemkine » : derrière une façade qui donne l’illusion de la résilience, des fissures menacent déjà les fondations. La thèse d’une résistance de l’économie russe s’appuie sur le fait que le pays affiche un excédent commercial record, tandis que le rouble fait preuve d’une solidité inattendue. Mais, si ces deux indicateurs sont bien orientés, c’est pour de mauvaises raisons. Le solde du commerce extérieur porte surtout les stigmates d’un effondrement des importations. Quant au mythe d’une monnaie forte, la situation est en trompe-l’œil car elle s’explique essentiellement par les interventions massives de la banque centrale russe pour soutenir le rouble et par un contrôle des changes drastique.
En aout, les ventes de voitures neuves en Russie ont poursuivi leur chute en baissant de 62,4 % par rapport à la même période l’année dernière. Au-delà des ventes, c’est la production automobile en tant que secteur industriel qui a été durement frappée, avec de nombreuses usines locales forcées de s’arrêter.
Des munitions nord coréennes
Autre exemple de la portée des sanctions : la Russie a acheté des millions d’obus d’artillerie et de roquettes à la Corée du Nord (dont 20 à 25% du PIB est consacré aux dépenses militaires) pour combler ses déficits, selon le renseignement américain cité par le New York Times . Les sanctions occidentales ont restreint les chaînes d’approvisionnement du Kremlin, le forçant à se tourner vers des pays au ban des Nations. Si les sanctions n’ont pas, à ce jour, enrayé la machine de guerre russe, elles semblent peser sur sa capacité de rééquipement.
Jeune Ukrainienne cherche soldat russe…
Le Financial Times décrit l’invasion de l’Ukraine comme une « cyberguerre sans précédent avec des légions de hackers des deux côtés ». Avant le conflit, l’Ukraine comptait en effet 300 000 personnes travaillant dans le domaine de la cybersécurité. Pour les besoins du pays, beaucoup d’entre eux se sont ainsi reconvertis en pirates capables de forcer n’importe quel système informatique
Dans un reportage mis en ligne le 4 septembre, le FT raconte ainsi la trajectoire du groupe de hackers ukrainiens Hackyourmom. Son chef, Nikita Knysh, décrit ainsi les procédés utilisés par ces soldats des temps modernes. Comme ces canulars à la bombe lancés sur le moindre vol à destination de Russie ou encore l’infiltration des caméras de sécurité connectées qui ont notamment permis de découvrir des bases russes.
Plus insolite, les hackers ont aussi créé de faux profils de femmes ukrainiennes sur Facebook ou les réseaux sociaux russes. Une fois l’échange de photos avec les soldats russes effectué, le piège pouvait se refermer. Les pirates parvenaient ainsi à géolocaliser l’ennemi pour finalement partager les différentes données collectées avec l’armée ukrainienne. « Les Russes, ils veulent toujours b… », a déclaré Knysh au Financial Times. « Ils envoient beaucoup de conneries aux filles, pour prouver qu’ils sont des guerriers ».