Joe Biden n’a jamais été très tendre à l’égard de Vladimir Poutine et cela ne date pas d’hier. Il y a onze ans, il lui avait dit à Moscou : « je crois que vous n’avez pas d’âme » et l’an dernier, il l’avait traité du « tueur ». Mais, est-il allé trop loin hier quand il a affirmé que le « boucher » ne pouvait « pas rester au pouvoir ». Certes, le président américain reste dans sa ligne de défense de ses valeurs et de la liberté, de la démocratie, mais ses proches ont jugé qu’il n’aurait pas dû parler de cette manière. La Maison-Blanche a, en effet, publié un communiqué démentant que le chef d’Etat ait appelé à un changement de régime en Russie. « Le président voulait dire que Poutine ne pouvait être autorisé à exercer un pouvoir sur ses voisins ou sur la région. Il ne parlait pas du pouvoir de Poutine en Russie, ni d’un changement de régime. »
Emmanuel Macron a mis en garde « contre l’escalade des mots et des actions » et il a expliqué pourquoi : « Je n’utiliserai pas ce genre de propos parce que je continue de discuter avec le président Poutine ». Peut-on négocier avec quelqu’un que l’on traite comme le fait Biden ? Le président français rappelle qu’il doit discuter avant mardi avec son homologue russe de l’opération de l’évacuation de Marioupol qui serait menée conjointement par la France, la Turquie et la Grèce.
Alors que sur le terrain, la situation ne change guère – une installation de recherche nucléaire a été bombardée à Kharkiv, des bombes sur Lviv -, le patron des renseignements militaires ukrainiens Kyrylo Boudanov, a déclaré que la Russie pourrait vouloir instaurer une séparation à la coréenne en Ukraine, a estimé dimanche un responsable du ministère ukrainien de la Défense. « Après avoir échoué à prendre Kiev et à renverser le gouvernement ukrainien, Poutine change d’orientation opérationnelle », en se concentrant sur « le sud et l’est » du pays. « Il y a des raisons de croire qu’il pourrait imposer une ligne de séparation entre les régions occupées et non occupées de notre pays, une tentative de créer des Corées du Sud et du Nord en Ukraine. Pour M. Boudanov, les Russes « vont essayer d’instaurer une espèce d’État alternatif à l’Etat indépendant ukrainien. On voit qu’ils essaient de mettre en place des gouvernements locaux parallèles dans les zones occupées et d’obliger les gens à abandonner la monnaie ukrainienne ». D’autre part, le territoire séparatiste de Lougansk, dont Moscou a reconnu l’indépendance, pourrait bientôt organiser un référendum pour rejoindre la Russie, a déclaré dimanche son chef, Léonid Passetchnik. . « Tous les faux référendums dans les territoires occupés temporairement sont nuls et non avenus et n’auront aucune légitimité », a réagi sur Twitter Oleg Nikolenko, porte-parole du ministère des affaires étrangères ukrainien.
Plus de dix jours après le bombardement du théâtre de Marioupol, on ignore toujours le sort des centaines de civils qui y avaient trouvé refuge : des communications défaillantes et l’absence d’autorités locales rendent la mission quasi impossible, a expliqué à l’Agence France-Presse une élue municipale qui a réussi à fuir la ville le jour même de ce bombardement, le 16 mars. Vendredi, la municipalité avait avancé le chiffre de 300 morts.
A la suite du président Zelensky qui avait appelé tous les groupes français à quitter la Russie, son ministre des Affaires étrangères a appelé à boycotter les magasins Auchan, après que le groupe français a annoncé vouloir maintenir ses activités en Russie, arguant notamment de la nécessité de soutenir le pouvoir d’achat des Russes. « Apparemment, les pertes d’emploi en Russie sont plus importantes que les morts en Ukraine », a écrit Dmytro Kuleba sur Twitter. Si Auchan ignore les 139 enfants ukrainiens assassinés pendant ce mois d’invasion russe, ignorons Auchan et tous ses produits », a-t-il ajouté, appelant à « boycotter » les magasins Auchan, Leroy-Merlin et Décathlon, tous détenus par l’Association familiale Mulliez.
Le bureau des droits de l’homme des Nations unies a fait savoir que 1 119 civils avaient été tués et 1 790 blessés depuis le début de l’invasion russe en Ukraine. Une quinzaine de filles et 32 garçons, ainsi que 52 enfants dont le sexe est encore inconnu, figurent au nombre des personnes décédées entre le début de la guerre, le 24 février, et le 26 mars à minuit. Le bilan pourrait considérablement s’alourdir, prévient l’organisme mondial, car des rapports sont retardés dans certaines régions où les combats sont intenses. Marioupol a déjà annoncé plus de 2 100 morts.