Dimanche soir, dans une interview à des médias russes, le président ukrainien Volodymyr Zelinsky a affirmé que la question de la « neutralité » de l’Ukraine, l’un des points centraux des négociations avec la Russie pour mettre fin au conflit, est « étudiée en profondeur ». Une des clauses des négociations porte sur « les garanties de sécurité et la neutralité, le statut dénucléarisé de notre Etat », a-t-il déclaré dans cet entretien en ligne diffusé sur la chaîne Telegram de l’administration présidentielle ukrainienne. « Nous sommes prêts à l’accepter », a-t-il poursuivi. « Mais je ne veux pas que ce soit encore un papier du style des mémorandums de Budapest », a ajouté le président, en référence à des accords signés par la Russie en 1994 garantissant l’intégrité et la sécurité de trois ex-républiques soviétiques, dont l’Ukraine, en échange de l’abandon des armes nucléaires héritées de l’URSS.
Avant les négociations qui reprennent ce soir ou demain matin à Istanbul en Turquie, le porte-parole du Kremlin, Dmitri Peskov a déclaré que « pour l’instant, nous ne pouvons pas constater de progrès ou d’avancées significatives quelconques ». « Mais le fait qu’il a été décidé de poursuivre les négociations en présentiel, c’est très important », a-t-il souligné. Ce soir, des médias annonçaient que Roman Abramovich aurait été victime d’un empoisonnement présumé avec des négociateurs ukrainiens.
Sur le terrain, les combats se concentrent sur Marioupol où les forces russes continuent d’avancer et dans le Donbass où l’armée ukrainienne affirme avoir repoussé cinq attaques. A Marioupol, il y aurait déjà au moins 5 000 morts civils. Autour de Kiev, les combats se poursuivent pour le contrôle des routes et la ville d’Irpin aurait été « libérée » selon son maire. La capitale a renoncé aujourd’hui à tout couloirs d’évacuation de civils. « Nos renseignements ont fait état de possibles provocations de la part des occupants [russes] sur les itinéraires des couloirs humanitaires. Par conséquent, pour des raisons de sécurité pour les civils, aucun couloir humanitaire ne sera ouvert aujourd’hui », a écrit la vice-Première ministre ukrainienne, Iryna Verechtchouk, sur Telegram. L’ONU va chercher à mettre en place un « cessez-le-feu humanitaire » entre la Russie et l’Ukraine, a indiqué son secrétaire général Antonio Guterres.
Alors que l’inquiétude demeure à propos de l’utilisation d’armes nucléaires, Dmitri Medvedev, ancien président et vice-président du Conseil de sécurité de la Russie s’est montré rassurant dans un entretien au Guardian : « « Nous avons un document spécifique sur le sujet de la dissuasion nucléaire. Il indique clairement les bases sur lesquelles la Fédération de Russie peut légitimement utiliser ses armes nucléaires. Le premier cas est celui dans lequel la Russie est frappée par un missile nucléaire. Le second désigne toute utilisation d’une autre arme nucléaire contre la Russie ou ses alliés. Le troisième serait une attaque contre une infrastructure vitale qui paralyserait nos forces de dissuasion nucléaires. Et le quatrième cas serait un acte d’agression contre la Russie et ses alliés, menaçant l’existence du pays lui-même, même sans utilisation d’armes nucléaires, c’est-à-dire avec l’emploi d’armes conventionnelles », a-t-il énuméré.
En Russie, le pouvoir verrouille de plus en plus l’information et accentue ses pressions. C’est pour cette raison que le journal indépendant russe Novaïa Gazeta a annoncé suspendre ses publications en ligne et au format papier jusqu’à la fin de l’opération militaire en Ukraine. Dans un communiqué, le journal, dont le rédacteur en chef Dmitri Mouratov a reçu en 2021 le prix Nobel de la Paix, a indiqué avoir pris cette mesure après avoir reçu un second avertissement du gendarme russe des télécoms, en moins d’une semaine, pour manquement à une loi controversée sur les « agents de l’étranger ». Dans ce même ordre d’idées, le chef de la diplomatie russe a annoncé qu’un décret était en préparation pour limiter l’accès au territoire russe aux ressortissants de pays auteurs d’actes « inamicaux . « Un projet de décret présidentiel est en préparation pour introduire des mesures de représailles, concernant les visas, en lien avec les actions inamicales de plusieurs gouvernements étrangers » a précisé Serguei Lavrov.
Deux nouvelles entreprises ont annoncé leur départ de Russie : le brasseur néerlandais Heineken qui emploie 1.800 employés et le brasseur danois Carlsberg, qui va mettre en vente ses importantes activités dans le pays où il compte 8.400 employés.Cet après-midi, les pays du G7 ont estimé qu’exiger un paiement en roubles du gaz russe n’est « pas acceptable » et montre que le président russe Vladimir Poutine est « dos au mur », a déclaré le ministre allemand de l’Économie Robert Habeck. « Tous les ministres du G7 sont tombés d’accord sur le fait qu’il s’agissait d’une violation unilatérale et claire des contrats existants (…) ce qui signifie qu’un paiement en roubles n’est pas acceptable », a dit M. Habeck, à l’issue d’une réunion virtuelle avec ses homologues du G7.