Le secrétaire général de l’ONU Antonio Guterres a dénoncé «une escalade inacceptable de la guerre» en Ukraine après des bombardements russes meurtriers d’une ampleur inégalée depuis des mois qui ont frappé Kiev et d’autres villes.
Antonio Guterres «est profondément choqué» par ces attaques. Son porte-parole, Stéphane Dujarric, a estimé qu’elles constituaient «une nouvelle escalade inacceptable de la guerre» dont les civils «paient le prix le plus élevé».
L’Otan a également condamné les «attaques horribles et aveugles» lancées par la Russie contre des infrastructures civiles en Ukraine et soutiendra le peuple ukrainien «aussi longtemps qu’il le faudra», a affirmé le secrétaire général de l’Alliance Jens Stoltenberg.
Les frappes de missiles russes sur Kiev, Lviv et d’autres villes, 83 missiles dont près de la moitié interceptée selon l’Ukraine, ont fait au moins dix morts et 60 blessés, a indiqué la police ukrainienne.
«À ce stade, 10 personnes sont mortes et environ 60 ont été blessées dans tout le pays à la suite de tirs russes», a indiqué la police ukrainienne sur Facebook, précisant que des policiers, des enquêteurs et des criminologues rassemblent les «preuves des atrocités russes».
« Ils veulent la panique et le chaos, il veulent détruire le système énergétique », a dit le président Zelensky dans une vidéo diffusée sur les réseaux sociaux, ajoutant que des drones iraniens Shahed avaient été utilisés. Dans une interview à la presse ukrainienne, relayée par Le Monde, le secrétaire du conseil de sécurité nationale et de défense ukrainien, Oleksi Danilov, a estimé que « la Russie n’a pas retiré la destruction de notre pays de l’ordre du jour »
Pour la France et d’autres pays européens, ces frappes constituent des « crimes de guerre ». Berlin a annoncé une réunion virtuelle d’urgence ce mardi avec la participation de Volodymyr Zelensky pour discuter de la situation et de l’aide à apporter à l’Ukraine.
« Répliques sévères »

Si les tentatives d’attentats terroristes sur notre territoire se poursuivent, les réponses de la Russie seront sévères et leur ampleur correspondra au niveau des menaces posées», a mis en garde Vladimir Poutine en ouverture d’une réunion télévisée du conseil de sécurité russe. «Personne ne doit avoir le moindre doute», a-t-il averti lors de son allocution télévisée retransmise ce lundi vers onze heures midi.
A propos des attaques sur l’Ukraine, il a évoqué des «frappes sur les cibles énergétiques à destination militaire» en Ukraine en réponse à des «actes terroristes» ukrainiens, en allusion notamment à l’explosion du pont de Crimée ce samedi. «Sur proposition du ministère de la Défense et en conformité avec le plan de l’état-major, des frappes massives avec des armes de haute précision de longue portée ont été menées contre l’infrastructure énergétique, militaire et de communication de l’Ukraine» a-t-il ainsi indiqué, tandis que les autorités ukrainiennes et les médias locaux évoquent des frappes sur des habitations et structures civiles, dont un square avec des jeux pour enfants dans un parc, ainsi qu’un pont piéton, situés au coeur de Kiev.
Le Kremlin a précisé que les frappes de missiles sur l’Ukraine faisaient partie de son «opération militaire spéciale».

« Un premier épisode »
Le numéro deux du conseil de sécurité de la Russie et ex-président Dmitri Medvedev a appelé ce lundi au « démantèlement total » du pouvoir politique ukrainien. « Le premier épisode s’est joué, il y en aura d’autres », a-t-il écrit sur Telegram, après une réunion du conseil sous la direction du président, Vladimir Poutine. « De mon point de vue, [l’objectif] doit être le démantèlement total du régime politique de l’Ukraine », a-t-il affirmé.
Selon lui, « l’Etat ukrainien dans sa configuration actuelle, celle d’un régime politique nazi, représentera une menace permanente, directe et claire pour la Russie ».
Coupures de courant

Des coupures d’électricité étaient en cours ce lundi en fin de matinée dans de nombreuses régions d’Ukraine, à la suite des bombardements russes.
Les gouverneurs des régions de Kharkiv et Soumi (nord-est), Jytomyr (nord-ouest) et Khmelnitskiï (ouest) ont tous évoqué sur les réseaux sociaux des «coupures de courant» suite à des «frappes sur des infrastructures énergétiques».
Une frappe russe sur Lviv a également entraîné des coupures d’eau chaude, a annoncé le maire de la ville, Andriï Sadoviï.
La Biélorussie dans la guerre

Le président biélorusse, Alexandre Loukachenko, a accusé ce lundi l’Ukraine de préparer une attaque contre la Biélorussie, et qu’en conséquence Minsk allait déployer des troupes russo-biélorusses, sans préciser leur localisation.
«Du fait de l’aggravation de la situation aux frontières occidentales de l’Union (russo-biélorusse), nous avons convenu de déployer un groupement régional de la Fédération de Russie et de la République du Bélarus», a affirmé Alexandre Loukachenko lors d’une réunion avec des responsables biélorusses de la sécurité, cité par l’agence de presse d’État Belta.
Loukachenko a indiqué que les deux pays déploieraient un groupe militaire régional, et qu’ils avaient commencé a rassembler leurs forces deux jours plus tôt, apparemment après l’explosion du pont de Crimée.
Alexandre Loukachenko, a aussi accusé lundi la Pologne, la Lituanie et l’Ukraine de préparer des attaques dans son pays et l’Union européenne et les Etats-Unis de chercher à « aggraver la situation ».
Les forces russes ont utilisé la Biélorussie comme une base arrière dès le 24 février, début de l’invasion militaire de l’Ukraine, pour déployer des troupes et de l’équipement militaire au nord de l’Ukraine.
Un système anti-aérien allemand

L’Allemagne a assuré ce lundi que la livraison d’un premier système de défense antiaérienne promis de longue date à l’Ukraine et capable de protéger une ville entière se ferait « dans les prochains jours ». Selon la ministre de la défense allemande, Christine Lambrecht, trois autres systèmes de défense antiaérienne seront également livrés l’an prochain.
« Les derniers tirs de roquettes sur Kiev et (sur) de nombreuses autres villes soulignent clairement l’importance de la livraison rapide de systèmes de défense antiaérienne à l’Ukraine », a-t-elle ajouté. Le système Iris-T a une portée de bouclier de 20 kilomètres de hauteur et de 40 kilomètres de largeur.
La France a également promis la livraison de nouveaux équipements.
Chute de la bourse de Moscou

La Bourse de Moscou a chuté fortement, ce lundi matin, plongeant jusqu’à près de 12 % avant de limiter ses pertes, sur fond de bombardements dans plusieurs villes d’Ukraine qui font suite à la destruction partielle du pont de Crimée, samedi 8 octobre. A 9 h 30, heure de Paris, l’indice principal Moex (en roubles) reculait de 3,95 % à 1 867,90 points. Il avait dévissé de 11,9 % à l’ouverture de la séance à 1 780,39 points, passant ainsi brièvement sous la barre des 1 800 points pour la première fois depuis le début de l’offensive en Ukraine le 24 février.
Le RTS (libellé en dollars) perdait 6,09 % à 943,79 points après avoir dégringolé de 13 % à 909,26 points à l’ouverture. Ces chutes interviennent alors qu’une campagne de bombardements était en cours en Ukraine après la destruction partielle du pont reliant la Crimée, annexée par la Russie en 2014, et le territoire russe.