Les alliés de l’Ukraine se sont réunis mercredi à Bruxelles pour renforcer sa défense antiaérienne, «la priorité» après une série de frappes russes massives sur plusieurs villes du pays, où des combats se poursuivent dans le sud et l’est. A son arrivée au siège de l’Otan, le ministre ukrainien de la Défense Oleksii Reznikov n’a prononcé que quelques mots, résumant laconiquement le sujet du jour : «Systèmes de défense antiaérienne». Les Ukrainiens ont «un besoin urgent» de défense antiaérienne pour faire face aux bombardements indiscriminés de la Russie, a reconnu le secrétaire général de l’Otan Jens Stoltenberg au début d’une réunion des ministres de la Défense de l’Alliance
«Certains Alliés ont fourni de tels systèmes de défense», a-t-il souligné. «Mais les Ukrainiens ont besoin de plus». «Ils ont besoin de différents types de défense aérienne, à courte portée, à longue portée, de systèmes contre les missiles balistiques, les missiles de croisière, les drones. Différents systèmes pour différentes tâches», a-t-il expliqué. Le président ukrainien Volodymyr Zelensky a demandé la création d’un «bouclier» anti-aérien au-dessus de l’Ukraine.
L’Ukraine a reçu son premier système de défense antiaérienne livré par l’Allemagne.
Sept morts sur un marché

Une frappe russe sur un marché dans la ville d’Avdiïvka, proche de la ligne de front dans l’est de l’Ukraine, a fait au moins sept morts, a annoncé le gouverneur ukrainien de la région de Donetsk, Pavlo Kyrylenko.
«Au moins 7 morts et 8 blessés à la suite d’un bombardement matinal sur Avdiïvka. Les Russes ont frappé le marché central, où se trouvaient de nombreuses personnes à ce moment-là», a-t-il affirmé sur Telegram.
Avancées dans le sud
Kiev a annoncé ce mercredi la reprise aux forces russes de cinq localités de la région méridionale de Kherson, où l’Ukraine mène une contre-offensive, faisant reculer les troupes russes dans une région que Moscou affirme avoir annexée. «Les forces armées de l’Ukraine ont libéré cinq localités de plus dans le district de Beryslav de la région de Kherson: Novovasylivka, Novogrygorivka, Nova Kamianka, Tryfonivka, Chervoné», a indiqué la présidence ukrainienne. Les forces ukrainiennes mènent depuis des semaines une contre-offensive dans cette région contrôlée par les forces de Moscou depuis les premières semaines de la guerre.
Pont de Crimée : des arrestations

Les services de sécurité de Russie (FSB) ont indiqué ce mercredi avoir arrêté huit personnes suspectées d’avoir participé à l’organisation de l’attaque à l’explosif qui a touché samedi le pont reliant la Crimée au territoire russe. Dans un communiqué, le FSB affirme que cinq Russes et «trois citoyens ukrainiens et arméniens» ont été interpellés, sans plus de précisions sur la nationalité exacte de ces trois derniers suspects. «L’engin explosif a été dissimulé dans 22 palettes de rouleaux de film plastique d’un poids total de 22.770 kilos», a indiqué le FSB. Selon cette source, les explosifs ont été envoyés début août par bateau du port d’Odessa, en Ukraine, vers celui de Roussé en Bulgarie.
Ils ont ensuite transités par le port de Poti, en Géorgie, puis ont été expédiés vers l’Arménie avant d’arriver par voie routière en Russie, toujours selon le FSB. Les services russes affirment que l’engin explosif est entré en Russie le 4 octobre dans un camion immatriculé en Géorgie, avant d’atteindre le 6 octobre, deux jours avant l’explosion, la région russe de Krasnodar, frontalière de la Crimée. Le FSB affirme que cette «attaque terroriste» a été organisée par les renseignements militaires ukrainiens, assurant qu’un agent de Kiev avait coordonné le transit des explosifs et avait été en contact avec les différents intermédiaires.
Poutine et Nord Stream
Le président russe Vladimir Poutine a estimé mercredi que la «balle est dans le camp» de l’UE quant au lancement des livraisons de gaz russe via le système de gazoduc Nord Stream 2 non affecté par des explosions. «La Russie, partenaire fiable, est prête à reprendre les livraisons» via ce tube sous-marin qui n’a jamais été mis en service à cause de l’offensive contre l’Ukraine, a estimé Vladimir Poutine lors d’un forum énergétique. «La balle est dans le camp de l’UE, si elle le veut, elle n’a qu’à ouvrir le robinet», a-t-il jugé, ajoutant en outre que les autres gazoducs du système Nord Stream ne seraient réparés que si leur exploitation était garantie.
UE : mission de formation

Les 27 membres de l’Union européenne ont donné leur accord à l’organisation d’une importante mission militaire pour former les forces ukrainiennes dans plusieurs Etats membres, a-t-on appris mercredi de sources diplomatiques.
L’accord a été trouvé par les ambassadeurs à Bruxelles et sera adopté lors de la réunion des ministres des Affaires étrangères lundi à Luxembourg, a indiqué un diplomate.
« La mission devra être en mesure de dispenser une formation à un grand nombre de membres du personnel des forces ukrainiennes », souligne un document de travail consulté par l’AFP.
Selon deux diplomates, la mission devrait permettre de former « dans un premier temps » 15.000 militaires.
L’accord trouvé mercredi prévoit un quartier général pour la mission et des centres de formation dans chaque Etat membre qui en organisera, a précisé l’un d’eux. La Pologne et l’Allemagne ont fait part de leurs disponibilité, ont précisé les deux diplomates.
La mission sera financée sur la dotation de la Facilité européenne pour la Paix (FEP).
Les Européens ont déjà alloué 2,5 milliards d’euros de la dotation de 5,7 milliards pour financer des livraisons d’armements à l’Ukraine et une nouvelle tranche devrait être débloquée lundi prochain.
Le projet de mission de formation a été annoncé au mois d’août par le chef de la diplomatie européenne Josep Borrell.
Une telle mission doit être « à la hauteur » du conflit en Ukraine, car « nous sommes face à une guerre conventionnelle qui mobilise des moyens extraordinairement importants et des centaines de milliers de soldats », avait-il souligné.
Les pertes russes
Selon le site d’information indépendant Meduza – en langue russe et basé en Lettonie – la Russie aurait perdu plus de 90 000 soldats depuis l’entrée en guerre du pays contre l’Ukraine le 24 février dernier. « Cela inclut les soldats qui ont été tués, portés disparus [comptabilisant les déserteurs], décédés des suites de blessures ou qui ont été blessés et ne peuvent pas retourner au service militaire », précise le média qui parle donc de « pertes irrécupérables ».
Cette nouvelle estimation est proche des chiffres annoncés précédemment par le Pentagone et le ministère britannique de la défense.