Le président russe Vladimir Poutine a assuré ce vendredi faire « tout comme il faut » en Ukraine après bientôt huit mois de combats et au moment où les forces russes ont essuyé de nombreux revers.
« Ce n’est pas agréable ce qui se passe maintenant, mais (si la Russie n’avait pas attaqué l’Ukraine le 24 février), on aurait été dans la même situation un peu plus tard, juste les conditions auraient été plus mauvaises pour nous. Donc, nous faisons tout comme il faut » a-t-il déclaré à la presse, à l’issue d’un sommet régional au Kazakhstan.
Le président russe Vladimir Poutine a assuré n’avoir « pas pour objectif de détruire l’Ukraine » et n’a pas jugé nécessaire « dans l’immédiat » de nouvelles frappes « massives » sur le pays, après celles du début de semaine lancées en représailles de la destruction partielle du pont de Crimée qu’il impute à Kiev.
Le chef d’État a par ailleurs assuré ne pas prévoir d’élargie la mobilisation dans l’armée, annoncée il a trois semaines, annonçant que 222.000 hommes avaient été recrutés jusqu’à présent. « Rien d’autre n’est prévu. Aucune proposition n’a été reçue du ministère de la Défense et je n’en vois pas la nécessité dans un avenir prévisible », a-t-il déclaré, ajoutant prévoir la fin de la mobilisation « dans deux semaines » et admettant que celle-ci avait connu des ratés.
Pas de négociations
Vladimir Poutine a reconnu que les pays d’ex-URSS étaient « préoccupés » par le conflit en Ukraine, mais il a indiqué ne pas voir l’intérêt de pourparlers avec son homologue américain Joe Biden, même dans le cadre du sommet du G20.
« Je n’en vois pas la nécessité, il n’y a pas de plateforme de négociations actuellement », a-t-il dit lors de sa conférence de presse, avant d’ajouter qu’il n’avait pas encore décidé s’il se rendrait au sommet prévu en novembre à Bali en Indonésie.
Les viols, une « tactique délibéré »
Les viols et agressions sexuelles attribués aux forces russes en Ukraine constituent clairement « une stratégie militaire » et « une tactique délibérée pour déshumaniser les victimes », estime la représentante de spéciale de l’ONU Pramila Patten, dénonçant « des cas horribles et des violences très brutales ».

« Toutes les indications sont là », répond Mme Patten, interrogée par l’AFP à Paris sur le viol comme arme de guerre en Ukraine.
« Quand des femmes et des filles sont séquestrées pendant des jours et violées, quand vous commencez à violer des petits garçons et des hommes, quand on voit une série de cas de mutilations d’organes génitaux, quand vous entendez les témoignages de femmes évoquant des soldats russes équipés de viagra, c’est clairement une stratégie militaire. Et quand les victimes évoquent ce qui a été dit pendant les viols, il est clair que c’est une tactique délibérée pour déshumaniser les victimes » dit l’avocate mauricienne.
Représentante spéciale depuis 2017 du secrétaire général de l’ONU chargée de la question des violences sexuelles commises en période de conflit, Mme Patten était de passage à Paris jeudi pour signer un accord de partenariat avec l’ONG Bibliothèques Sans Frontières afin de soutenir les victimes de violences sexuelles en période de conflit.
L’ONU a vérifié « plus d’une centaine de cas » de viols et agressions sexuelles en Ukraine depuis le début de la guerre, mais « ce n’est pas une question de chiffres », insiste Mme Patten. « Il est très compliqué d’avoir des statistiques fiables pendant un conflit actif, et les chiffres ne vont jamais refléter la réalité, parce que les violences sexuelles sont un crime silencieux, le moins signalé et le moins condamné », souligne-t-elle, évoquant la peur des représailles et de la stigmatisation. « Les cas signalés ne représentent que le sommet de l’iceberg », lance Mme Patten.
Erdogan pour le hub gazier
Le président turc Recep Tayyip Erdogan a ordonné à son gouvernement de commencer à travailler sur le « hub gazier » en Turquie proposé par son homologue russe Vladimir Poutine pour exporter le gaz russe vers l’Europe, ont rapporté vendredi les médias turcs.
« Nous avons donné, avec M. Poutine, à notre ministère de l’Energie et à l’institution concernée en Russie, l’ordre de mener un travail en commun », a affirmé M. Erdogan à propos d’un éventuel hub gazier en Turquie lors d’une interview avec les journalistes à bord de son vol de retour d’Astana, en Kazakhstan, où il a rencontré jeudi le président russe.
Le chef de l’Etat turc a aussi affirmé que les travaux commenceraient immédiatement.
« Il n’y aura pas d’attente à ce sujet », a-t-il ajouté, précisant que l’éventuel hub pourrait être construit dans la région de Thrace, dans le nord-ouest de la Turquie.
M. Poutine avait proposé jeudi de créer un hub gazier en Turquie alors que les livraisons du gaz russe vers l’Europe sont fortement affectées par les sanctions occidentales imposées à la Russie, l’UE réfléchissant à un plafonnement des prix du gaz face à la hausse des factures énergétiques provoquée par l’offensive russe en Ukraine.
Le « hub gazier » vers l’Europe proposé par Poutine n’a « aucun sens », alors que les Européens veulent réduire leur dépendance aux hydrocarbures venant de Russie, a de son côté réagi Paris jeudi soir.
« Il n’y a pour nous aucun sens à créer de nouvelles infrastructures qui permettraient d’importer davantage de gaz russe », a souligné l’Elysée.
D’autre part, Le président turc n’a rien révélé sur une possible médiation.
Réparation du pont de Crimée
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La Russie a annoncé ce vendredi ordonner la réparation avant le 1er juillet 2023 du pont de Crimée, partiellement détruit lors d’une explosion samedi dernier que Moscou impute à Kiev.
Le gouvernement « détermine la date limite pour la fin des contrats d’Etat pour l’exécution des travaux au 1er juillet 2023 », selon un arrêté signé par le Premier ministre russe, Mikhaïl Michoustine.
Le pont de Crimée, symbole de l’annexion de la péninsule ukrainienne éponyme et crucial pour le ravitaillement des troupes russes engagées en Ukraine, a été partiellement détruit par une attaque au camion piégé, selon Moscou.
Les services de sécurité russes (FSB) ont affirmé que cette « attaque terroriste » a été organisée par les renseignements militaires ukrainiens, assurant qu’un agent de Kiev avait coordonné le transit des explosifs à travers plusieurs pays et avait été en contact avec différents intermédiaires.
Total complice ?
Deux associations ont porté plainte à Paris pour complicité de crimes de guerre contre le groupe français TotalEnergies, accusé d’avoir continué à exploiter un gisement en Russie et permis de fabriquer du carburant utilisé par des avions russes dans le conflit en Ukraine, a appris vendredi l’AFP de source proche du dossier.
Cette plainte a été déposée jeudi auprès du procureur national antiterroriste, compétent pour les crimes de guerre, par l’association basée en France Darwin Climax Coalition et l’association ukrainienne Razom we stand, qui appelle à imposer un embargo sur les importations d’énergie fossile de Russie.
Sollicité par l’AFP, le groupe français a dénoncé des accusations « outrancières », « diffamatoires » et « infondées ».
La plainte, dont l’AFP a eu connaissance, rappelle que TotalEnergies détenait jusqu’à septembre 49% de la coentreprise Terneftegaz, qui exploite le gisement de Termokarstovoïe, dans le Grand Nord russe. Les 51% restants étaient détenus par le groupe russe Novatek, dont TotalEnergies est par ailleurs actionnaire à hauteur de 19,4%.
Moins de Danone en Russie
Le géant français de l’agroalimentaire Danone a annoncé ce vendredi qu’il prévoyait de se désengager de son unité « produits laitiers et d’origine végétale » en Russie, qui constitue la majeure partie de son activité dans le pays, ne conservant à terme que sa branche nutrition infantile.

« Danone annonce aujourd’hui sa décision de lancer le processus de transfert du contrôle de son activité Essential Dairy and Plant-based (EDP) en Russie », a indiqué le groupe, l’une des quelques multinationales à être restée en Russie depuis le début de la guerre en Ukraine en février.
Le groupe n’a pas annoncé qui pourrait reprendre à terme ses usines et activités russes, sur cette branche de produits laitiers et végétaux, ni quand exactement.
L’opération sera soumise à l’approbation des autorités compétentes, a précisé le groupe.
Danone conservera en revanche les activités de sa branche « nutrition spécialisée », qui produit en particulier du lait infantile (Blédina, Aptamil).
Le groupe français, qui évoquait en juillet des conditions opérationnelles « extrêmement tendues en Russie et en Ukraine », estime qu’il s’agit de la « meilleure option pour assurer la continuité » de cette activité auprès de ses salariés et de ses consommateurs.
Depuis janvier 2022, l’activité EDP en Russie « a représenté environ 5% du chiffre d’affaires consolidé de Danone ». L’opération pourrait « entraîner une dépréciation allant jusqu’à 1 milliard d’euros », dans ses comptes, selon le groupe.
En mars, Danone avait annoncé le maintien de ses activités en Russie, où il emploie 8.000 personnes, tout en suspendant ses investissements dans le pays.
Elon Musk : trop cher…

Elon Musk a déclaré ce vendredi matin sur Twitter que SpaceX ne pouvait pas «indéfiniment» financer le service Internet Starlink en Ukraine : «SpaceX ne demande pas de récupérer les dépenses passées, mais ne peut pas non plus financer indéfiniment le système existant et envoyer plusieurs milliers de terminaux supplémentaires dont l’utilisation des données est jusqu’à 100 fois supérieure à celle des ménages typiques. C’est déraisonnable». Il souhaite une aide de l’armée américaine à hauteur de plusieurs dizaines de millions de dollars par mois.
Le patron de SpaceX avait équipé l’Ukraine du système Starlink dans les premiers jours du conflit, à la demande du vice-premier ministre ukrainien Mykhailo Fedorov. Cette technologie joue un rôle essentiel pour l’armée ukrainienne qui l’utilise pour communiquer, mais aussi pour diriger ses drones et ses tirs d’artillerie. Vendredi dernier, le Financial Times dévoilait des défaillances du système signalées par les troupes ukrainiennes dans les zones reprises à l’armée russe. L’incident survenait quelques jours après que Musk a proposé un plan de paix pour l’Ukraine sur Twitter, qui avait donné lieu à une passe d’armes avec plusieurs officiels ukrainiens. «Fuck off est ma réponse diplomatique», lui a notamment répondu Andrij Melnyk, l’ambassadeur ukrainien en Allemagne.