Kiev, la capitale de l’Ukraine, a été frappée à quatre reprises ce lundi 17 octobre au matin, lors d’attaques de «drones kamikazes» qui ont endommagé un immeuble résidentiel et ciblé la gare ferroviaire, ont indiqué des responsables ukrainiens. Plusieurs très fortes explosions ont été entendues, une semaine exactement après une série de frappes russes sur la capitale ukrainienne. Au moins huit personnes ont été tuées à Kiev et dans d’autres régions.
Les sirènes d’alerte aérienne avaient retenti peu avant la première explosion. «La capitale a été attaquée par des drones kamikazes», a indiqué sur Telegram peu de temps après les explosions le chef du cabinet de la présidence ukrainienne, Andriï Iermak. La direction des services nationaux des chemins de fer avait auparavant confirmé que des attaques avaient eu lieu «à proximité» de la gare centrale.
Selon le Premier ministre Denys Chmygal, «des installations énergétiques et un immeuble résidentiel ont été endommagés». Dans la région de Soumy, visée elle par des «attaques au missile», selon Denys Chmygal, trois morts ont été rapportés à ce stade par le gouverneur régional, Dmytro Jivitskiï.
Les attaques contre les infrastructures énergétiques d’Ukraine s’intensifient donc. Elles visent trois objectifs : miner l’économie, saper le moral et nourrir la propagande.
La Russie utilise des drones iraniens « Shahed » qui ne coûtent pas cher. 20.000 euros l’unité. Rien en comparaison avec un missile de croisière qui coûte des centaines de milliers d’euros. Ensuite, ils ont une portée de 2.500 kilomètres et peuvent donc décoller de Russie ou de son allié, la Biélorussie et cibler n’importe quel point du territoire ukrainien.
L’Ukraine dit avoir abattu trente-sept drones, soit 85 à 86 % de la flotte utilisée par la Russie depuis dimanche soir.
A la suite de ces attaques de drones, l’Ukraine demande à ce que la Russie soit bannie du G20.
Ovsiannikova a fui
La journaliste russe Marina Ovsiannikova, assignée à résidence pour avoir dénoncé l’offensive russe en Ukraine, a fui la Russie avec sa fille, a indiqué ce lundi son avocat à l’AFP.
« Ovsiannikova a quitté la Russie avec sa fille quelques heures après avoir quitté l’appartement où elle était assignée à résidence », a indiqué à l’AFP Dmitri Zakhvatov, précisant que mère et fille se trouvent en Europe.
« Elles vont bien, elles attendent de pouvoir s’exprimer publiquement, mais pour l’instant ce n’est pas sûr », a-t-il ajouté.
Cette annonce intervient deux semaines après qu’un avis de recherche à l’encontre de la journaliste de 44 ans a été émis par les autorités russes, laissant entendre qu’elle était en fuite.
Inculpée en août pour « diffusion de fausses informations » sur l’armée russe — un crime passible de 10 ans de prison — elle avait été assignée à résidence par un tribunal de Moscou et avait l’interdiction d’utiliser tout moyen de communication.
Mi-mars, quelques jours après le déclenchement de l’offensive en Ukraine, Marina Ovsiannikova avait interrompu le journal télévisé du soir de la grande chaîne russe Pervy Kanal, où elle travaillait comme journaliste depuis près de 20 ans.
Elle avait agité en plein direct une pancarte appelant à la fin des combats et les Russes à « ne pas croire la propagande ».
Pour ce geste, elle avait été brièvement interpellée et avait écopé d’une amende. Elle avait ensuite quitté le pays pour travailler pour le média allemand Die Welt.
En juillet, elle était rentrée en Russie pour essayer de conserver la garde de ses deux enfants mineurs, que son ex-mari, vivant toujours en Russie, essayait de lui prendre.
Pas d’armes israéliennes ?
L’ancien président de la Russie, Dmitri Medvedev, a mis en garde Israël lundi contre des livraisons d’armes à l’Ukraine, affirmant que toute initiative visant à renforcer les forces de Kiev porterait gravement atteinte aux relations bilatérales.

« Israël semble se préparer à fournir des armes au régime de Kiev. C’est une mesure très imprudente. Elle détruirait toutes les relations bilatérales entre nos pays », a déclaré l’ancien président sur son compte Telegram..
Il a renouvelé les accusations de « nazisme » à l’adresse de l’Ukraine, une des justifications avancées par Moscou pour expliquer son assaut contre son voisin.
Une porte-parole du Premier ministre israélien Yaïr Lapid, a déclaré de son côté que son cabinet ne commenterait pas les propos de M. Medvedev.
L’Ukraine a appelé par le passé Israël à la soutenir face à la Russie, alors que les autorités israéliennes et russes entretiennent des relations étroites.
Les autorités israéliennes ont jusqu’ici limité leur coopération avec l’Ukraine à de l’aide humanitaire et à des livraisons de matériel non-létal afin de ménager sa relation avec Moscou.
Les discours de Zelensky publiés

Crown, une division de la maison d’édition américaine Penguin Random House, a annoncé lundi qu’une compilation de discours de guerre de Volodymyr Zelensky sera publiée le 6 décembre. Le livre s’intitulera « Un message d’Ukraine » et comprendra une introduction du président ukrainien, ainsi qu’une préface d’Arkady Ostrovski, l’éditeur de The Economist pour la Russie et l’Europe de l’Est.
Les bénéfices iront à United24, l’initiative lancée par M. Zelensky pour coordonner les dons de bienfaisance à l’Ukraine. Le chef d’Etat a précisé avoir choisi 16 discours qui, espère-t-il, aideront les lecteurs à « comprendre les Ukrainiens : nos aspirations, nos principes et nos valeurs. »
Davantage de pauvreté
Quatre millions d’enfants supplémentaires ont plongé dans la pauvreté en Europe orientale et en Asie centrale ces derniers mois. Selon une étude de l’Unicef publiée ce lundi 17 octobre, cela représente une augmentation de 19% par rapport à 2021. Elle est due à la guerre en Ukraine et à la hausse du coût de la vie qui en découle.

D’après l’Unicef, les enfants sont sans nul doute ceux qui supportent le plus lourd fardeau de la crise économique causée par le conflit. Alors qu’ils représentent 25% de la population des 22 pays couverts par l’étude, ils comptent pour près de 40% des 10,6 millions de personnes supplémentaires en situation de pauvreté cette année.
La Russie, qui compte 2,8 millions d’enfants supplémentaires entrés dans la pauvreté, concentre à elle seule près des trois quarts de l’augmentation totale mesurée. Cela s’explique d’une part parce que le pays a une population importante, et d’autre part parce que l’Unicef estime que le PIB russe va chuter de 8%. Soit la deuxième plus forte baisse parmi les pays inclus dans l’analyse. L’Ukraine, qui abrite un demi-million d’enfants supplémentaires vivant dans la pauvreté, est à la deuxième place de ce triste classement. Elle est suivie par la Roumanie, avec 110.000 enfants supplémentaires.