La Russie a commencé ce mercredi 19 octobre à évacuer la population de Kherson, ville du sud de l’Ukraine où ses troupes sont confrontées à une situation particulièrement « tendue », alors que des frappes russes visaient à nouveau différentes régions du pays, dont Kiev.
Les batteries ukrainiennes de défense anti-aérienne ont abattu « plusieurs missiles russes » au-dessus de la capitale ukrainienne, a déclaré son maire, Vitaly Klitschko. Plusieurs explosions avaient été entendues par des journalistes de l’AFP en début d’après-midi dans la ville, peu après que la sirène antiaérienne a retenti.
« Restez aux abris. La défense anti-aérienne est toujours en action », a précisé M. Klitschko sur Telegram. Les frappes que subit la capitale depuis lundi ont visé notamment des infrastructures énergétiques et fait au moins cinq morts.
Dans le sud-ouest, le gouverneur de la région de Vinnytsia a affirmé sur Telegram que son territoire était visé par des missiles russes et appelé à rester aux abris. Dans le nord, l’armée ukrainienne a annoncé avoir abattu deux missiles russes dans la région de Tcherniguiv. Un drone de fabrication iranienne a explosé à Tcherniguiv, capitale de la région éponyme, selon son gouverneur.
L’armée de l’air ukrainienne a affirmé mercredi avoir détruit 223 drones iraniens depuis mi-septembre. Téhéran a nié à plusieurs reprises ces derniers jours fournir des armes et des drones à la Russie pour son invasion de l’Ukraine.
Les aveux de Moscou

Le général Sergueï Sourovikine a reconnu que son armée rencontrait de sérieuses difficultés face à la contre-offensive ukrainienne dans le sud et l’est du pays.
« La situation dans la zone de l’“opération militaire spéciale” peut être qualifiée de tendue. L’ennemi n’abandonne pas ses tentatives d’attaques sur les positions des troupes russes », a déclaré le général en charge des opérations en Ukraine depuis dix jours. « Le régime ukrainien cherche à percer notre défense » en réunissant « toutes ses réserves » pour la contre-offensive, et la situation est notamment « très difficile » à Kherson (Sud), a précisé Sergueï Sourovikine.
Ce qui justifie, aux yeux de Sergueï Sourovikine, le fait que « l’armée russe va assurer avant tout l’évacuation sécurisée de la population ».
« Les actions ultérieures concernant la ville de Kherson elle-même vont dépendre de la situation militaire », a-t-il ajouté, disant sans autre précision « ne pas exclure une prise de décision très difficile ».
Pour sa part, le dirigeant installé dans la région de Kherson par Moscou, Vladimir Saldo, a annoncé une évacuation des habitants de plusieurs localités vers la rive gauche du fleuve Dniepr pour permettre à l’armée russe d’installer des « constructions défensives d’ampleur » face à une « vaste contre-offensive » préparée par les forces ukrainiennes. Il a affirmé que les soldats russes se battraient « jusqu’à la mort ».
Sergey Khlan, un responsable ukrainien de l’oblast de Kherson a dénoncé la « déportation » des civils de la ville du même nom vers la Russie.
« Environ 5 millions d’habitants » des territoires ukrainiens annexés par Moscou — de Lougansk, Donetsk, Kherson et Zaporijjia — se trouvent actuellement en Russie, a affirmé mercredi le secrétaire du Conseil de sécurité russe, Nikolaï Patrouchev.
« Environ 5 millions d’habitants du Donbass et des régions du sud-est de l’Ukraine ont trouvé refuge en Russie », a-t-il indiqué à l’issue d’une réunion du Conseil de sécurité, cité par les agences de presse russes.
Loi martiale

Vladimir Poutine a ordonné ce mercredi l’instauration de la loi martiale dans les quatre territoires ukrainiens de Donetsk, Louhansk, Kherson et Zaporijia annexés en septembre par Moscou. Le président russe a annoncé cette mesure lors d’une réunion de son Conseil de sécurité diffusée à la télévision. Le Kremlin a ensuite publié un décret annonçant l’entrée en vigueur de la loi martiale dans ces territoires à partir de jeudi minuit.
Ces territoires « avaient instauré la loi martiale avant leur rattachement à la Fédération de Russie, mais il est nécessaire de formaliser ce régime en suivant la législation russe », a déclaré Vladimir Poutine. Il a justifié cette mesure en affirmant que Kiev refusait de négocier avec Moscou et continuait selon lui à « bombarder » la population civile dans ces régions.
« Les néonazis (ukrainiens) utilisent ouvertement des méthodes terroristes [?] Ils envoient des groupes de saboteurs sur notre territoire », a-t-il ajouté en dénonçant notamment l’attaque contre le pont de Crimée et « des infrastructures nucléaires », sans préciser lesquelles. Selon le décret, le gouvernement russe devra d’ici trois jours proposer des mesures concrètes à appliquer dans ces territoires.