Plus d’un million de foyers se trouvent sans électricité en Ukraine après de nouvelles frappes russes visant des infrastructures énergétiques ce samedi. Le président ukrainien Volodymyr Zelensky a accusé Moscou d’une «attaque massive» avec 36 tirs de roquette sur son pays dans la nuit de vendredi à samedi. «L’agresseur continue de terroriser notre pays», a-t-il dénoncé sur sa chaîne Telegram.
«À ce jour, 672.000 abonnés ont été déconnectés dans la région de Khmelnytskyi, 188.400 dans la région de Mikolaïv, 102.000 dans la région de Volyn, 242.000 dans la région de Cherkasy, 174.790 dans la région de Rivne, 61.913 dans la région de Kirovograd et 10.500 dans celle d’Odessa», a décompté un conseiller de la présidence ukrainienne, Kyrylo Timochenko, cet après-midi.
Le gouvernement ukrainien a déjà demandé à la population de «limiter» sa consommation d’électricité et ne pas allumer d’appareils énergivores «de 17h à 23h».
Des restrictions d’énergie sont «appliquées de force» dans plusieurs régions, dont la capitale Kiev et sa région, a précisé Ukrenergo, promettant que ses spécialistes «prennent toutes les mesures pour rétablir la fourniture d’électricité dès que possible dans les régions actuellement privées d’électricité».
Mais les Ukrainiens ont déjà volontairement réduit leur consommation d’électricité de 5% jusqu’à 20% en moyenne certains jours et dans certaines régions, a précisé à l’AFP le patron d’Ukrenergo.
Un tsunami migratoire ?
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Le premier ministre ukrainien Denys Chmygal a mis en garde contre un «nouveau tsunami migratoire» si la Russie poursuit ses attaques sur les infrastructures civiles de son pays, dans un entretien à paraître ce dimanche. À deux jours d’un forum économique germano-ukrainien lundi à Berlin auquel il doit assister, le chef du gouvernement accuse Moscou de vouloir «plonger l’Ukraine dans une catastrophe humanitaire», selon des extraits de son interview au journal dominical allemand Frankfurter Allgemeine Sonntagszeitung, communiqués à l’avance.
«S’il n’y a plus de courant, d’électricité et d’eau en Ukraine, cela peut déclencher un nouveau tsunami migratoire», a-t-il dit. La Russie veut «offrir à l’Ukraine un hiver froid, au cours duquel les gens pourraient littéralement mourir gelés. Cela pourrait conduire à une catastrophe humanitaire planifiée, comme l’Europe n’en a jamais vu depuis la Deuxième Guerre mondiale».
Pour la reconstruction de l’Ukraine, Denys Chmygal veut utiliser les avoirs russes gelés à l’étranger. Les dommages causés par l’attaque de la Russie s’élèvent actuellement à «plus de 750 milliards de dollars», a-t-il déclaré. Parallèlement, il y a des avoirs russes gelés d’une valeur de 300 à 500 milliards de dollars, a-t-il souligné. «Nous devrions développer un mécanisme de confiscation des avoirs russes».
Kherson :départ « immédiat »
«Tous les habitants civils de Kherson doivent immédiatement quitter la ville», a indiqué sur Telegram l’administration d’occupation prorusse de la région du sud de l’Ukraine, annexée par la Russie. Et d’évoquer une «situation tendue sur le front» et «un danger accru de bombardements massifs». Environ 25 000 personnes ont déjà été évacuées, a déclaré un responsable de Kherson.
Dans une interview au Parisien, Vadym Omelchenko, représentant de Kiev à Paris, affirme ce samedi que les frappes russes ciblant les infrastructures énergétiques ne sont «pas une nouvelle stratégie», mais des «bombardements barbares». «C’est le choix d’un homme qui n’a pas de limites, capable d’accepter les pertes dans ses rangs et de tuer des civils sans scrupule», affirme le diplomate. «Rappelez-vous la tragédie d’Alep. Ils ont détruit les infrastructures, bombardé les hôpitaux pour faire fuir les habitants et prendre le contrôle de villes vides». Le diplomate dit également ne pas « exclure la possibilité d’une frappe nucléaire tactique » sur la ville.
Frappes sur Belgorod
Deux personnes ont été tuées ce samedi dans les frappes ukrainiennes contre la région russe de Belgorod, frontalière de l’Ukraine, a indiqué sur Telegram le gouverneur de la région, Viatcheslav Gladkov. Les bombardements ont visé des «infrastructures civiles» dans la ville de Chebekino, a précisé M. Gladkov. «Deux civils ont été tués» et environ 15000 personnes sont restées sans électricité, a-t-il indiqué.
Des prisonniers en cadeau ?
Une vidéo authentifiée circulant sur les réseaux sociaux fait réagir: on y voit le dirigeant de la république russe de Tchétchénie, Ramzan Kadyrov, se faire «offrir en cadeau», par l’un de ses enfants, des militaires ukrainiens.

Il y a quelques jours, le dirigeant avait envoyé ses fils âgés respectivement de 14, 15 et 16 ans sur le front en Ukraine, dans le Donbass, rapporte Newsweek.
À son retour en Tchétchénie, dans une macabre mise en scène publiée sur Telegram, l’un des fils de Ramzan Kadyrov, 16 ans, «offre en cadeau» trois prisonniers de guerre ukrainiens à son père. Il est accompagné de militaires tchétchènes.
Selon le journaliste français Loup Bureau, ces trois soldats ukrainiens étaient portés disparus depuis quelque temps et auraient «réapparu» dans la vidéo.
Selon BFMTV, Kadyrov possède ses propres mercenaires, et environ 10 000 d’entre eux se retrouvent sur le front en Ukraine. À Marioupol, ville ravagée par les bombardements russes, l’armée de Kadyrov avait été active pour semer la «terreur» parmi les habitants.