Alors que la contre-offensive sur Kherson se poursuit avec succès, la Russie a accusé ce lundi 24 octobre l’Ukraine de fabriquer une «bombe sale», une affirmation que Moscou brandit depuis dimanche et qui est fermement rejetée par Kiev et ses alliés occidentaux.
«Selon les informations dont nous disposons, deux organisations ukrainiennes ont des instructions spécifiques pour fabriquer la soi-disant “bombe sale”. Leur travail est entré dans la phase finale», a déclaré dans un communiqué le lieutenant-général Igor Kirillov, en charge au sein de l’armée russe des substances radioactives, des produits chimiques et biologiques.
Les ministres des Affaires étrangères français, britannique et américain ont «réitéré», dans une déclaration conjointe publiée lundi, «leur soutien indéfectible à la souveraineté et à l’intégrité territoriale de l’Ukraine». «Nos pays ont clairement indiqué qu’ils rejettent les allégations, à l’évidence fausses, de la Russie selon lesquelles l’Ukraine se prépare à utiliser une bombe sale sur son propre territoire. (…) Nous rejetons plus généralement tout prétexte d’escalade de la part de la Russie», ont-ils ajouté.
Dans cette accusation russe, Ukrainiens Occidentaux voient la menace des préparatifs d’une attaque menée sous un faux drapeau, suspectant la Russie d’être prête à faire exploser elle-même une « bombe sale » pour justifier une escalade militaire, par exemple en employant une arme nucléaire tactique en représailles.
Macron, Scholz et Erdogan…
Le président français Emmanuel Macron et le chancelier allemand Olaf Scholz ne manifestent « aucune envie » de participer à une médiation dans les négociations de paix sur le conflit en Ukraine, a dénoncé ce lundi le Kremlin.

« En ce qui concerne messieurs Macron et Scholz, ces derniers temps, ils ne manifestent aucune envie d’être à l’écoute de la position de la partie russe et de participer à des efforts quelconques liés à la médiation », a déclaré à la presse le porte-parole du Kremlin, Dmitri Peskov.
Il a en même temps fait l’éloge de la « position d’Ankara, bien différente de celles de Paris et de Berlin ».
« Ankara manifeste sa volonté de poursuivre les efforts de médiation » qui ont été « hautement appréciés » par le président russe Vladimir Poutine, a souligné M. Peskov.
Membre de l’Otan, la Turquie, très dépendante des gaz et pétrole russes, s’est efforcée depuis l’offensive russe du 24 février d’entretenir sa relation avec l’Ukraine et la Russie et ne s’est pas jointe aux sanctions internationales contre Moscou.
Dimanche soir à Rome, Emmanuel macron a déclaré qu’« Une paix est possible » en Ukraine quand les Ukrainiens « le décideront ». « Parler de paix et appeler à la paix aujourd’hui peut avoir quelque chose d’insupportable pour celles et ceux qui se battent pour leur liberté, et (leur) donner le sentiment d’être en quelque sorte trahis », a reconnu le président français.
Mais il a martelé qu’il fallait avoir le « courage » de « vouloir la paix », même si « imaginer la paix en temps de guerre » est « le plus grand des impensables ».
Noyez les enfants ukrainiens

Cette sortie d’une violence rare lui a valu d’être suspendu d’antenne, dimanche 24 octobre. Le propagandiste Anton Krassovski avait appelé à tuer des enfants ukrainiens, jeudi, dans son émission « Antonymes » diffusée sur la chaîne YouTube de Russia Today. Son interlocuteur, l’écrivain Sergueï Lukyanenko, évoquait alors le cas des enfants de langue russe, qui considéraient l’Ukraine comme occupée par la Russie. « Ils devraient être noyés dans la rivière Tysyna », a réagi l’animateur. Avant d’ajouter, dans un sourire : « Ou alors, vous les mettez dans des huttes en pin (smerekova) et vous les brûlez. »
La séquence a été très largement partagée sur les réseaux sociaux. Le ministre ukrainien des Affaires étrangères, Dmitro Kuleba, s’est notamment saisi de l’affaire pour réclamer l’interdiction de RT dans le monde entier. « Si vous acceptez cette chaîne dans votre pays, c’est que vous appuyez ces propos », avait-il écrit à l’attention des gouvernements qui n’ont pas encore coupé la diffusion de RT. « Les appels agressifs au génocide n’ont rien à voir avec la liberté d’expression. »
Quatre jours après la diffusion de cette séquence, Margarita Simonian, rédactrice en chef de Russia Today (RT), a finalement annoncé la fin de la collaboration avec Anton Krassovski, après ces commentaires « dégoûtants ».
En mars dernier, Anton Krassovski avait déjà souhaité la « mort de tous les Ukrainiens », dans une interview diffusée par RT. Sans faire de vagues à l’époque.