Le président russe Vladimir Poutine a assisté ce mercredi à l’entraînement de ses forces de dissuasion stratégique, soit des troupes chargées de répondre à des menaces y compris en cas de guerre nucléaire. «Sous la direction du commandant suprême des forces armées, Vladimir Poutine, les forces de dissuasion stratégique terrestres, maritimes et aériennes ont mené un entraînement et des lancements pratiques de missiles balistiques et de croisière ont été effectués», a indiqué le Kremlin dans un communiqué.
Un missile balistique a notamment été tiré sur la péninsule du Kamtchatka en Extrême Orient russe, et un autre depuis les eaux de la mer de Barents en Arctique. L’exercice a aussi impliqué des avions à long rayon d’action Tu-95.
«Les tâches fixées lors de l’exercice d’entraînement à la dissuasion stratégique ont été accomplies dans leur intégralité, tous les missiles ayant atteint leur cible», a poursuivi le Kremlin.
La veille, Joe Biden avait prévenu que l’utilisation d’une arme nucléaire par la Russie constituerait une «erreur immensément grave», au moment où Moscou avance que l’Ukraine prépare une «bombe sale», une affirmation démentie par Kiev et les pays occidentaux. «La Russie ferait une erreur immensément grave si elle utilisait une arme nucléaire tactique», a dit le président américain.
Kherson : 70 000 départs

« Plus de 70.000 » civils ont quitté leur domicile « en une semaine » dans la région de Kherson, dans le sud de l’Ukraine, après que les autorités d’occupation prorusses ont entamé leurs évacuations le 19 octobre dernier, ont-elles annoncé ce mercredi.
« Je suis sûr que plus de 70.000 (personnes) sont parties en une semaine depuis que la traversée a été organisée » de la rive droite du fleuve Dnipro vers la rive gauche, plus éloignée du front, a déclaré Vladimir Saldo, le chef de l’administration d’occupation russe, en direct sur la chaîne de télévision Krym 24.
Les autorités d’occupation russes de la région de Kherson avaient indiqué le 19 octobre commencer les évacuations de civils sur place face à l’avancée des troupes ukrainiennes.
Depuis début septembre, l’armée ukrainienne avance en effet progressivement dans cette région annexée par Moscou à la fin du même mois mais que la Russie ne contrôle pas entièrement.
Combats à Bakhmout

Sur le terrain après huit mois de conflit, les combats font rage, particulièrement à Bakhmout, ville de la région de Donetsk dans l’est de l’Ukraine, que l’armée russe tente de conquérir depuis des mois. Au moins sept civils ont été tués et trois autres blessés lundi dans cette ville, a indiqué mardi le gouverneur régional Pavlo Kyrylenko sur Telegram.
Dans un quartier résidentiel de Bakhmout, des journalistes de l’AFP ont vu des taches de sang au sol à la suite de ce que des habitants ont qualifié d’attaque mortelle la veille. «J’ai trouvé un corps ici sans tête. Je suis sous le choc», a déclaré Sergii, 58 ans, qui n’a pas souhaité donner son nom, ajoutant: «C’était un homme. Il marchait juste dans la rue». Les journalistes de l’AFP ont aussi vu dans la matinée d’épaisses fumées s’élever au-dessus de la ville.
«Il y a eu des avancées dans la nuit mais nous ne pouvons pas donner de détails pour le moment, la situation est compliquée», a déclaré à l’AFP un soldat ukrainien engagé dans la défense de la ville, sous couvert d’anonymat.
Toujours la bombe « sale »
Le ministre russe de la Défense, Sergueï Choïgou, s’est entretenu mercredi par visioconférence avec son homologue chinois, Wei Fenghe, pour discuter des allégations de Moscou selon lesquelles l’Ukraine préparerait une «bombe sale», a indiqué l’armée russe.

Les deux responsables ont «discuté de la situation en Ukraine» et «Sergueï Choïgou a fait part à son homologue chinois de ses préoccupations liées à d’éventuelles provocations de la part de l’Ukraine avec recours à une ‘bombe sale’ », précise l’armée dans un communiqué.
Le ministre russe de la Défense a eu plus tôt mercredi un échange similaire au téléphone avec son homologue indien, Rajnath Singh, selon la même source.
La Russie avait avancé pour la première fois ces accusations dimanche lors de conversations téléphoniques entre Sergueï Choïgou et ses homologues américain, français, britannique et turc. L’Ukraine a démenti préparer une «bombe sale» et accusé en retour Moscou de chercher un prétexte pour une escalade.
La Russie va «prendre des mesures énergiques» pour persuader la «communauté internationale d’agir de manière active afin d’empêcher» un éventuel recours à une «bombe sale» par l’Ukraine, a assuré de son côté mercredi le porte-parole du Kremlin, Dmitri Peskov.