L’évacuation des civils de la région de Kherson, dans le sud de l’Ukraine, occupée par la Russie et qui fait face à une offensive ukrainienne, est achevée, a annoncé un responsable prorusse.
«Le travail organisant le départ des habitants de la rive droite du (fleuve) Dnipro vers des régions sûres en Russie est achevé», a déclaré jeudi 27 octobre au soir Sergueï Aksionov, le dirigeant de la Crimée, péninsule avoisinante de Kherson annexée en 2014 par Moscou, alors que l’Ukraine qualifie ces transferts de population de «déportations».
Des habitants sont toujours dans la ville et disent attendre leur libération par les forces ukrainiennes, mais craignent d vivre un siège comme à Marioupol. Ils racontent que des Russes sont partis du centre en emportant tout ce qu’ils pouvaient.
Plus tôt dans la semaine, un responsable ukrainien avait estimé que les forces russes, qui occupent une partie de la région de stratégique de Kherson et les soldats ukrainiens, qui avancent vers la capitale régionale, se livreraient « la plus rude des batailles » dans la ville de Kherson.
« À Kherson, la situation est claire. Les Russes rassemblent leurs forces », a déclaré mardi le conseiller à la présidence ukrainienne Oleksiy Arestovitch dans une vidéo. « Cela signifie que personne n’est prêt à reculer. Au contraire, la plus rude des batailles se déroulera à Kherson », a-t-il ajouté, sans toutefois dire quand cette bataille pourrait se dérouler.
Mobilisation terminée
« La tâche de recruter 300000 personnes a été accomplie », a déclaré à la télévision russe le ministre de la Défense Sergueï Choïgou, assis face au président Poutine, précisant que 41 000 d’entre elles sont déjà déployées dans des unités militaires en Ukraine.
Par ailleurs, les députés russes ont approuvé jeudi 27 octobre les amendements à la loi autorisant la mobilisation des anciens détenus qui ont été condamnés pour des crimes graves, qui pourront désormais être envoyés combattre en Ukraine.
Il s’agit notamment des personnes qui sont sorties de prison il y a moins de huit ans (pour «crimes graves») ou il y a moins de dix ans (pour les «crimes particulièrement graves»). Jusqu’ici, la loi sur la mobilisation décrétée en septembre par le président Vladimir Poutine interdisait de recruter ce type d’ex-détenus.
Désormais, seuls ceux qui ont été condamnés pour pédophilie, prise d’otage ou attentat, trafic de matériaux radioactifs, espionnage ou haute trahison ne pourront pas être mobilisés, selon les amendements votés jeudi par la Douma, chambre basse du Parlement russe.
AIEA et « bombe sale »
L’Agence internationale de l’énergie atomique (AIEA) va visiter « cette semaine » deux sites ukrainiens à la demande de Kiev, selon un communiqué, alors que le président russe Vladimir Poutine accuse l’Ukraine d’effacer les preuves de préparation d’une « bombe sale ».
« Les inspecteurs vont procéder à une vérification indépendante (…) pour détecter tout détournement de matière nucléaire », a expliqué jeudi le directeur général de l’instance onusienne, Rafael Grossi.
Il doit s’exprimer dans l’après-midi à New York devant le Conseil de sécurité de l’ONU, lors d’une séance à huis clos.
L’AIEA avait annoncé en début de semaine une inspection « dans les prochains jours », sans plus de détails.
L’Agence a réaffirmé jeudi avoir inspecté un des deux lieux « il y a un mois », soulignant qu’« aucune activité nucléaire non déclarée n’y avait été trouvée ».
Un peu plus tôt dans la journée, Vladimir Poutine avait réclamé une mission « au plus vite ». Selon lui, l’Ukraine veut utiliser une arme radioactive « pour pouvoir dire plus tard que c’était la Russie qui avait effectué une frappe nucléaire ».
Une bombe radiologique ou « bombe sale » est constituée d’explosifs conventionnels entourés de matériaux radioactifs destinés à être disséminés en poussière au moment de l’explosion.
Des satellites visés ?
Un haut responsable du ministère russe des Affaires étrangères a prévenu que les satellites commerciaux des Etats-Unis et de leurs alliés pourraient devenir des cibles légitimes pour la Russie si ces pays s’impliquent dans la guerre en Ukraine, selon des propos rapportés par l’agence de presse russe Tass.
Konstantin Vorontsov, directeur adjoint du département chargé de la non-prolifération et de la maîtrise des armements du ministère russe des Affaires étrangères, a jugé que l’utilisation de satellites occidentaux pour soutenir l’effort de guerre des Ukrainiens constituait « une tendance extrêmement dangereuse », lors d’une intervention devant une commission des Nations unies.
Qualifiant de « provocateur » le recours à ces satellites pour aider l’Ukraine, Konstantin Vorontsov, responsable adjoint de la délégation russe à la Commission du désarmement de l’Onu, a précisé que ces « infrastructures quasi civiles pourraient constituer une cible légitime pour des frappes de représailles », a-t-il dit, toujours selon l’agence Tass.
« Nous parlons de l’implication, par les Etats-Unis et leurs alliés, de composants d’infrastructures spatiales civiles, notamment commerciales, dans des conflits armés », a-t-il poursuivi, sans citer explicitement d’opérateur de satellites.
300 drones abattus
Selon l’armée ukrainienne, « depuis le 13 septembre, date à laquelle le premier drone kamikaze a été abattu dans la région de Kharkiv, les forces de défense ont abattu plus de 300 drones de ce type », a déclaré Iouri Ihnat, porte-parole du commandement des forces aériennes. Il a expliqué que les Russes lancent les drones par vagues pour saturer les défenses aériennes. L’armée ukrainienne constate également une diminution notable de l’utilisation de ces drones mais estime que la Russie en a commandé 2 400.