Sept cargos chargés de céréales ont quitté jeudi matin les ports ukrainiens, après la reprise du trafic conclue la veille et le fait que la Russie eut repris sa participation à l’accord sur les exportations, estimant avoir reçu des garanties de Kiev sur la démilitarisation du couloir humanitaire sécurisé en mer Noire.
À la mi-journée, « sept cargos transportant un total de 290 102 tonnes de céréales et produits agricoles transitent par le couloir humanitaire en vertu de l’Initiative pour les céréales ukrainiennes en Mer Noire », a confirmé la délégation de l’Onu au Centre de coordination conjointe (JCC) à Istanbul, chargé de superviser l’accord international.
Selon le ministère turc de la Défense cité par l’agence officielle Anadolu, 426 bateaux ont déjà suivi ce trajet sécurisé depuis le 1er août.
Les demandes de garanties formulées par la Russie alors même que son armée occupe et bombarde l’Ukraine « montrent à la fois l’échec de l’agression russe et à quel point nous sommes forts lorsque nous restons unis », s’est félicité le président ukrainien Volodymyr Zelensky dans son allocution quotidienne face caméra.
Zaporijia déconnectée
La centrale nucléaire de Zaporijia, la plus grande d’Europe, a été déconnectée du réseau électrique après avoir subi un « bombardement russe », indique ce jeudi, sur Telegram, Energoatom, l’entreprise publique d’énergie nucléaire ukrainienne.
Les dernières lignes à haute tension restantes ont été endommagées lors de l’incident, laissant la centrale dépendante de ses seuls générateurs diesel, selon Energoatom. La centrale dispose de 15 jours de carburant pour faire fonctionner les générateurs, précise le groupe.
« Une fois de plus, nous appelons la communauté internationale à prendre d’urgence des mesures pour la démilitarisation du site dès que possible, le retrait de tous les militaires russes du site de l’usine et de la ville d’Enerhodar, ainsi que le retour de la centrale nucléaire de Zaporijjia sous le contrôle total de l’Ukraine (…) », a poursuivi Energoatom.
Pas de munitions suisses
La Suisse a interdit à l’Allemagne d’envoyer en Ukraine des munitions de fabrication suisse destinées aux chars de défense antiaérienne. Berlin veut les livrer à Kiev qui dit en avoir cruellement besoin.
« Il n’y a toujours pas lieu de répondre favorablement à la demande de l’Allemagne de transmettre du matériel de guerre suisse à l’Ukraine » au nom du droit de la neutralité et de la législation suisse sur le matériel de guerre, explique Guy Parmelin, le ministre de l’Économie dans un courrier à la ministre de la Défense allemande, Christine Lambrecht.
Il s’agit dans ce cas précis de 12 400 munitions de 35 mm destinées au Guépard, un système de défense antiaérien bi-tube et sur chenilles que les Ukrainiens réclament en particulier pour détruire en vol les missiles de croisière et les drones kamikazes lancés par les forces russes.
« L’égalité de traitement découlant du droit de la neutralité ne permet pas à la Suisse d’approuver une demande de transmission de matériel de guerre de provenance suisse à l’Ukraine tant que ce pays est impliqué dans un conflit armé international », souligne le ministre dans un communiqué.
« Guerre totale » à Bakhmout

Des combats très violents font rage à Bakhmout, une petite ville de l’oblast de Donetsk dans l’est de l’Ukraine. C’est la bataille la plus longue et létale depuis le début du conflit. En face des soldats de Kiev, le groupe Wagner est à la manœuvre. Les soldats ukrainiens expliquent que l’organisation mercenaire russe envoie des troupes peu aguerries au combat, « comme de la chair à canon ».
« Les Russes envoient leurs soldats comme de la chair à canon. Ils ne les considèrent pas comme des humains et les envoient juste par vagues vers l’abattoir. » Celui qui se fait appeler par son nom de guerre, Petrohka, sergent de la 58e brigade de l’armée ukrainienne décrit une effroyable situation sur le front. Celle de combats acharnés autour de la petite ville de Bakhmout où chaque mètre est âprement disputé.
Une bataille sanglante, la plus longue et létale depuis le début du conflit entre la Russie et l’Ukraine. Des combats derrière lesquels le groupe Wagner est à la manœuvre. En septembre, une vidéo avait été diffusée montrant un dirigeant de l’organisation paramilitaire Wagner en train de recruter des soldats dans une prison russe pour se battre en Ukraine. « De la chair à canon » désormais utilisée sur ce front.
Pro-Russes libérés
Les autorités séparatistes de l’est de l’Ukraine ont annoncé ce jeudi la libération de 107 soldats dans un nouvel échange avec Kiev, qui va récupérer de son côté le même nombre de prisonniers. « Aujourd’hui, nous ramenons 107 de nos combattants des geôles ukrainiennes », dont « 65 viennent des “républiques populaires” de Donetsk et Lougansk », a affirmé sur le réseau Telegram l’un des principaux dirigeants des séparatistes prorusses, Denis Pouchiline, à la tête de la « république populaire de Donetsk ». Kiev va récupérer de son côté le même nombre de prisonniers.
Aucun signe de « bombe sale »

L’Agence internationale de l’énergie atomique (AIEA) a dit ce jeudi n’avoir trouvé aucun signe d’activité nucléaire non déclarée sur trois sites d’Ukraine inspectés par l’agence à la demande de Kyiv, en réponse à des accusations de la Russie selon lesquelles l’Ukraine pourrait utiliser une « bombe sale ».
« Notre évaluation technique et scientifique des résultats pour l’instant en notre possession ne montre aucun signe d’activités ou de matériaux nucléaires non déclarés sur ces trois sites », a déclaré l’AIEA dans un communiqué.
Une « bombe sale » est composée d’explosifs conventionnels chargés de matériaux radioactifs.
Kyiv a demandé à l’AIEA d’inspecter des instituts mentionnés par la Russie dans ses accusations, que l’Ukraine et les Occidentaux soupçonnent d’avoir forgées afin de justifier son propre recours à une « bombe sale » dans sa guerre en Ukraine.
LE G7 déterminé
Le groupe des pays du G7 est déterminé à empêcher la Russie «d’affamer» et de faire «mourir de froid» les Ukrainiens cet hiver et va examiner les moyens de renforcer son soutien à Kiev, lors d’une réunion de deux jours en Allemagne.
«Nous n’autoriserons pas que la brutalité de cette guerre conduise à la mort en masse de personnes âgées et d’enfants, jeunes ou familles dans les mois d’hiver à venir», a déclaré la ministre allemande des Affaires étrangères à l’ouverture de cette réunion des chefs de la diplomatie du G7 à Münster, dans l’ouest de l’Allemagne. L’organisation du soutien à l’Ukraine figure en haut de l’agenda de cette réunion, avec l’idée de lancer un nouveau message de fermeté à la Russie qui mène l’offensive contre Kiev depuis le 24 février.
Annalena Baerbock, dont le pays assure jusqu’à la fin de l’année la présidence du G7, a dénoncé les «méthodes perfides» de la Russie dans sa façon de mener la guerre en essayant «d’affamer, d’assoiffer ou de faire geler les gens en attaquant des infrastructures civiles».