Les civils qui se trouvent à Kherson dans le sud occupé de l’Ukraine « doivent être éloignés » des zones « dangereuses » de combat, a affirmé ce vendredi le président russe Vladimir Poutine lors d’une courte cérémonie sur la place Rouge à Moscou pour célébrer le Jour de l’unité nationale russe.
« La population civile ne devrait pas souffrir des bombardements résultant de mesures offensives, contre-offensives et autres », a ajouté Vladimir Poutine lors d’un échange notamment avec des volontaires russes engagés dans la région de Kherson, territoire ukrainien dont Moscou revendique l’annexion depuis fin septembre.
« Les ingénieurs militaires transportent quotidiennement jusqu’à 1.200 véhicules civils, camions et voitures, ainsi que plus de 5.000 civils vers la rive gauche du fleuve Dniepr » depuis la reprise des évacuations mardi, a affirmé le ministère russe de la Défense sur Telegram.
Les autorités russes d’occupation ont annoncé imposé un « couvre-feu de 24 heures sur 24 » dans la ville.
Pour rappel, les autorités d’occupation russes à Kherson ont annoncé mardi avoir commencé le déplacement de « jusqu’à 70.000 personnes » se trouvant actuellement sur la rive gauche du fleuve Dniepr.
La semaine passée, les forces d’occupation russes avaient déjà indiqué que 70.000 civils avaient quitté leurs habitations situées à l’ouest sur la rive droite du fleuve et plus proches de la ligne de front.
Kherson abandonnée ?
Les experts militaires se demandent si l’armée russe n’est pas en train d quitter Kherson ou s’il s’agit d’un piège. L’historien militaire Cédric Mas confie au Figaro qu’il existe «des signaux très forts d’une évacuation importante» : « Il y a eu une évacuation du matériel lourd de l’autre côté du Dniepr, confirmée par des photos satellites, notamment autour de l’aérodrome à côté de Kherson, qui avait été copieusement bombardé à plusieurs reprises. Beaucoup d’emplacements de véhicules lourds ont été vidés. Il y a ensuite eu les évacuations plus ou moins forcées de la population. La nouveauté depuis hier, c’est que l’on constate des destructions systématiques d’embarcations sur les berges, de tout ce qui permet de traverser le fleuve. On a également la destruction des antennes relais à l’explosif sur la rive nord. Et puis il y a le vide. Les témoignages des personnes restées à Kherson disent qu’il n’y a plus de checkpoints, plus de soldats en uniforme alors que la région grouillait de militaires. »
Les criminels mobilisés
Vladimir Poutine a signé ce vendredi un amendement à la loi de mobilisation, qui permet aux citoyens condamnés pour meurtre, vol(s), braquage ou encore trafic de drogue de rejoindre les troupes russes. Il permet « d’appeler dans le cadre de la mobilisation des citoyens qui ont une condamnation non expurgée pour un certain nombre de crimes graves », indique l’agence russe Ria Novosti.
Seront donc autorisés à être envoyés à la guerre, « ceux qui ont récemment purgé une peine pour meurtres, braquages, braquages et trafic de drogue », poursuit BBC Russian, en précisant que les condamnations pour des peines de plus de cinq ans sont ici concernées. Un procédé qui était visiblement déjà mis en place par les commissariats militaires russes, mais qui devient donc aujourd’hui officiellement autorisé.
Les personnes condamnées pour terrorisme ou reconnus coupable de crimes sexuels sur mineur sont exclues de ce dispositif, précise BBC Russian.
L’aide du G7
Les ministres des Affaires étrangères du G7 ont appelé ce 4 novembre la Russie à stopper son « agression » contre l’Ukraine et souligné que toute utilisation d’une arme chimique, biologique ou nucléaire l’exposerait à des graves conséquences.
Dans une déclaration commune adoptée à l’issue d’une réunion de deux jours à Münster (Allemagne), les représentants des États-Unis, de la France, du Japon, de l’Allemagne, du Canada, de la Grande-Bretagne annoncent un accord en vue de la création d’un mécanisme de coordination pour aider l’Ukraine à réparer et défendre ses infrastructures énergétiques contre les attaques russes.
« Nous resterons fermement aux côtés de l’Ukraine aussi longtemps qu’il le faudra », déclarent-ils, ajoutant que les pays du G7 s’engagent à aider l’Ukraine cet hiver.
Un responsable du département d’État américain a précisé sous couvert d’anonymat que les pays du G7 avaient aussi discuté des modalités d’aide militaire à Kyiv, et que l’accent avait été mis sur l’appui anti-aérien qui permettrait à l’Ukraine de se défendre contre les attaques russes sur ses infrastructures énergétiques.
Pas d’arme nucléaire
L’Allemagne et la Chine sont tombées d’accord pour rejeter tout idée de frappe nucléaire dans le cadre de la guerre en Ukraine, a indiqué ce vendredi le chancelier allemand à l’issue d’une visite à Pékin, alors que la Russie a plusieurs fois évoqué cette menace.
« La guerre en Ukraine crée une situation dangereuse pour le monde entier (…) et en Chine aussi ici on sait qu’une escalade aurait des conséquences pour tout le monde », a déclaré à la presse Olaf Scholz.
« C’est la raison pour laquelle il était très important pour moi de souligner, de dire clairement qu’une escalade » de la guerre « sous forme de l’usage d’une arme nucléaire tactique est exclue et je suis très content que sur ce sujet au moins un accord ait été trouvé ».
Le chancelier allemand Olaf Scholz a demandé au président Xi Jinping de faire jouer « son influence » sur la Russie afin qu’elle mette un terme à sa « guerre d’agression » contre l’Ukraine. Il a aussi appelé Vladimir Poutine à « ne pas refuser » la prolongation de l’accord sur les exportations de céréales ukrainiennes, qui doit expirer le 19 novembre.
Le chancelier allemand a effectué vendredi une visite d’une journée à Pékin, où il s’est notamment entretenu avec le président Xi et le chef du gouvernement chinois.