La guerre fait rage, mais les canaux de communication restent ouverts. D’après le Wall Street Journal , le conseiller à la sécurité nationale des États-Unis, Jake Sullivan, aurait discuté secrètement ces derniers mois avec de proches collaborateurs du président russe Vladimir Poutine. Au menu de ces conversations confidentielles : la menace d’utilisation d’armes nucléaires et les risques d’élargissement de la guerre en Ukraine, mais pas de négociations visant à mettre un terme au conflit.
Selon nos confrères américains, Jake Sullivan aurait notamment été en contact avec Iouri Ouchakov, conseiller diplomatique de Vladimir Poutine, et Nikolaï Patrouchev, secrétaire du Conseil de sécurité de Russie et proche confident du président russe. Des sources occidentales de haut rang ont indiqué au journal que les deux parties auraient notamment discuté des moyens de se prémunir contre le risque d’escalade nucléaire.
La Maison-Blanche n’a ni confirmé ni infirmé cette information. «Les gens ont beaucoup d’imagination», a balayé la porte-parole du Conseil de sécurité nationale, Adrienne Watson. De son côté, le porte-parole de la présidence russe Dmitri Peskov a accusé les journaux occidentaux de «publier de nombreux canulars». Le dernier échange officiel entre Jake Sullivan et un haut dignitaire russe, en l’occurrence Nikolaï Patrouchev, datait du mois de mars.
L’exhortation de Zelensky
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Le président ukrainien, Volodymyr Zelensky, a exhorté les Américains à « maintenir une unité inébranlable » jusqu’au « rétablissement de la paix » en Ukraine, alors que les Américains ont commencé à voter pour les élections de mi-mandat, dont les résultats pourraient affecter le soutien de Washington à Kiev.
« Je vous demande de maintenir une unité inébranlable, comme c’est le cas maintenant, [et ce] jusqu’au jour même où nous entendrons tous ces mots importants dont nous avons rêvé, jusqu’à ce que nous entendions que la paix a finalement été rétablie », a-t-il lancé lors d’une allocution en visioconférence depuis Kiev, où il recevait la médaille de la Liberté américaine.
Les conditions d’une négociation
La principale condition à une éventuelle reprise des négociations avec la Russie est la restauration de l’intégrité territoriale de l’Ukraine, a déclaré mardi le secrétaire du conseil de défense et de sécurité nationale ukrainien, Oleksi Danilov.
Il a aussi souligné que l’Ukraine devrait obtenir la « garantie » de disposer d’armements et de systèmes modernes de défense antiaérienne. « Garantie – systèmes de défense antiaérienne, moyens aériens, chars et missiles à longue portée modernes. Stratégie – mesures proactives. Les missiles russes doivent être détruits avant leur tir depuis l’air, la terre et la mer », a-t-il ajouté.
Le président ukrainien Volodymyr Zelensky s’est déclaré ouvert, lundi 7 novembre, à des discussions avec la Russie, mais à la condition qu’il s’agisse de négociations « sincères » permettant de rétablir les frontières de l’Ukraine, d’obtenir une indemnisation pour les attaques menées par la Russie et de punir les responsables de crimes de guerre.
Neutralité suisse

Berne continue d’interdire à l’Allemagne de livrer à Kiev des munitions de fabrication suisse en vertu de la «loi fédérale sur le matériel de guerre», entrée en vigueur le 13 décembre 1996, qui indique notamment, dans son article 18, que les contrats d’armement passés entre la Suisse et d’autres pays doivent être amendés d’une clause de «non-réexportation», qui interdit au pays acheteur de livrer les armes concernées à un pays tiers. Les munitions nécessaires au Guepard tombent sous le coup de cette disposition. Seulement, cette loi «permet des exceptions en ‘circonstances exceptionnelles’, au paragraphe 2 de l’article 19», souligne au Figaro Thomas Cottier, ancien directeur du World Trade Institute et professeur émérite de droit européen et international à l’Université de Berne.
La guerre en Ukraine pourrait bien représenter une «circonstance exceptionnelle». «Le gouvernement suisse a la possibilité d’octroyer à l’Allemagne une permission exceptionnelle de réexportation, car l’agression russe viole l’article 51 de la Charte de l’ONU, qui autorise en retour tous ses membres, y compris la Suisse, à prendre des mesures de défense collective contre l’agresseur», précise l’enseignant.
Pour Thomas Cottier, ce refus de la Suisse s’apparente donc plus à «des considérations de nature purement politique» qu’à une volonté de respecter stricto sensu le principe de neutralité.