Kiev se trouve ce mercredi 23 novembre, sans eau ni électricité après de nouvelles frappes russes qui ont aussi touché d’autres villes du pays et provoqué des coupures de courant jusqu’en Moldavie voisine.
« Les terroristes russes tentent de détruire les installations d’approvisionnement énergétique de l’Ukraine. Aujourd’hui, des explosions ont été enregistrées dans diverses régions du pays », a déploré sur Telegram le chef adjoint de la présidence ukrainienne, Kyrylo Tymochenko. « Un bâtiment de deux étages a été endommagé. Trois personnes sont mortes et six sont blessées », a déclaré l’administration régionale de Kiev sur Telegram, sans donner davantage de détails.
Le maire de Kiev, Vitaly Klitschko, a indiqué de son côté qu’un « site d’infrastructure » a été touché, annonçant que l’approvisionnement en eau avait été « suspendu dans tout Kiev » à cause des frappes. Le gouverneur régional, Oleksiï Kouleba, a lui annoncé que « toute la région est sans lumière ». L’opérateur ukrainien privé DTEK a confirmé sur Telegram que « des coupures de courant d’urgence » avaient été mises en place à Kiev pour tenter de « stabiliser la situation dès que possible ». A Lviv, dans l’ouest de l’Ukraine, deux frappes de missiles russes ont touché une sous-station électrique provoquant des coupures de courant dans deux quartiers, selon le gouverneur Maxime Kozytsky.
Trois centrales déconnectées

Trois centrales nucléaires ukrainiennes ont été « déconnectées » ce mercredi du réseau électrique après des frappes russes ayant visé des infrastructures énergétiques et provoqué des pannes massives de courant, a annoncé l’opérateur national, Energoatom.
« En raison d’une baisse de fréquence dans le système énergétique ukrainien, le système de protection d’urgence a été activé dans les centrales nucléaires de Rivné, Pivdennooukraïnsk et Khmelnitski, ce qui a entraîné la déconnexion automatique de toutes les unités de production », a indiqué Energoatom sur Telegram.
Selon l’opérateur ukrainien, « (le niveau) de radiations sur les sites et les territoires adjacents n’a pas changé » et « tous les indicateurs sont normaux ».
« Dès que le fonctionnement du système électrique sera normalisé, l’approvisionnement en électricité à partir de la centrale nucléaire reprendra », a précisé Energoatom.
L’opérateur a également indiqué que l’approvisionnement de la centrale nucléaire de Zaporijjia, la plus grande d’Europe, située dans le sud de l’Ukraine et occupée par les forces russes, avait été stoppé à partir du réseau ukrainien.
« Tous les générateurs diesel (de secours) sont en service. Le niveau de radiation sur le site de la centrale nucléaire de Zaporijjia reste normal », a-t-il précisé.
Une maternité bombardée

« L’ennemi a une fois de plus décidé d’essayer d’accomplir par la terreur et le meurtre ce qu’il n’a pas pu accomplir en neuf mois » de son invasion de l’Ukraine, a déclaré Volodymyr Zelensky sur Telegram en promettant que la Russie « sera tenue responsable pour tout le mal qu’elle a infligé à notre pays ». Quelques heures plus tôt dans la nuit du 22 au 23 novembre, la section maternité de l’hôpital local de la ville de Vilniansk, dans la région de Zaporijia (sud du pays) a été frappée par les bombes russes.
Selon les services d’urgence ukrainiens, une femme avec son bébé et un médecin se trouvaient dans le bâtiment. Si les deux adultes ont été extraits des décombres, le nouveau-né a été tué par la frappe russe.
« L’Etat terroriste continue de faire la guerre aux civils », a réagi le président ukrainien. Les services des situations d’urgence ont publié une vidéo sur laquelle on peut voir des secouristes qui tentent de dégager un homme à moitié enfoui dans les débris. Selon les premières informations disponibles, plus aucune personne n’était coincée sous les décombres.
Attaque de drones en Crimée

La péninsule ukrainienne de Crimée, contrôlée par la Russie, a été visée par une attaque de drones mardi, les forces russes sur place étant « en alerte », ont indiqué les autorités installées par le Kremlin.
« Il y a une attaque avec des drones », a déclaré sur Telegram le gouverneur de la région administrative de Sébastopol en Crimée, installé par Moscou, Mikhaïl Razvojaïev. « Nos forces de défense aérienne sont en train de travailler en ce moment même ».
Il a précisé que deux drones avaient « déjà été abattus ».
Mikhaïl Razvojaïev a ajouté qu’aucune infrastructure civile n’avait été endommagée et a appelé les habitants à « rester calmes. »
La flotte russe de la mer Noire basée dans le port de Sébastopol, en Crimée, a été attaquée par ce que les autorités ont appelé une attaque de drones « massive ».
Au Parlement européen
Le Parlement européen a voté ce mercredi un texte qualifiant la Russie d’« Etat promoteur du terrorisme » dans la guerre en Ukraine, appelant les 27 pays de l’Union européenne à en faire de même.

Dans le texte adopté à Strasbourg par 494 voix pour (58 voix contre et 44 abstentions), les eurodéputés décrivent « la Russie comme un État promoteur du terrorisme et comme un État qui utilise des moyens terroristes ».
Suivant les appels répétés du président ukrainien Volodymyr Zelensky à la communauté internationale pour que le régime du président Vladimir Poutine soit déclaré comme « régime terroriste », le Parlement européen fait un pas surtout symbolique, en l’absence de cadre juridique adéquat dans l’UE, à la différence des Etats-Unis.
« La Russie doit être isolée à tous les niveaux et tenue pour responsable afin de mettre un terme à sa politique de longue date en matière de terrorisme en Ukraine et dans le monde entier », a rapidement réagi sur Twitter le président ukrainien, saluant la décision des eurodéputés.
Dans le texte adopté mercredi, les eurodéputés appellent l’UE et les Etats membres à mettre en place un « cadre juridique européen » qui permettrait de prendre contre les pays qualifiés de soutien au terrorisme « une batterie de lourdes mesures restrictives et qui aurait pour effet de limiter de manière importante les relations de l’Union » avec les pays en question.
Quelques heures après le vote, le Parlement a été victime d’une attaque informatique. Le groupe de hackers prorusse Killnet – à l’origine de plusieurs autres attaques similaires ces derniers mois – a revendiqué cette action, affirmant avoir lancé une attaque DDOS (en multipliant le trafic vers le site pour le rendre inaccessible), sans que cela ne déstabilise de l’intérieur le fonctionnement du Parlement européen.
Macron va parler à Poutine

Le président français a annoncé qu’il aurait « un contact direct » avec son homologue russe Vladimir Poutine « dans les prochains jours » sur le nucléaire civil et la centrale de Zaporijjia que Moscou et Kiev s’accusent mutuellement d’avoir bombardée.
« Je compte avoir un contact direct avec lui dans les prochains jours », a affirmé Emmanuel Macron ce mercredi en marge d’une visite au Salon des maires, « sur les sujets nucléaire civil en premier chef, et la centrale de Zaporijia ».