Au moins 50 personnes, dont cinq enfants, ont été tuées vendredi dans l’attaque au missile sur la gare de Kramatorsk dans l’est de l’Ukraine, d’où partaient des évacuations de civils, a annoncé le gouverneur de la région. « Cinquante morts, dont cinq enfants. C’est le nombre des victimes à cette heure à la suite de la frappe des troupes d’occupation russes sur la gare de Kramatorsk », a écrit sur Telegram Pavlo Kyrylenko. Il a précisé que le bilan pourrait encore s’alourdir, 98 blessés, dont 16 enfants, ayant été hospitalisés. Cette attaque a eu lieu vendredi matin à la gare de Kramatorsk, d’où des centaines de personnes espéraient évacuer par crainte d’un assaut russe. Il s’agit de l’une des attaques les plus meurtrières depuis le début de l’invasion russe de l’Ukraine lancée le 24 février. Sur un missile retrouvé près de la gare était taggué de l’inscription « pour les enfants ». Une inscription qui sonne comme une vengeance, expression récurrente des séparatistes pro-russes en référence à leurs enfants tués depuis la première guerre du Donbass, commencée en 2014.
La Russie a démenti être à l’origine de la frappe, accusant l’Ukraine de « provocations ». « Toutes les déclarations des représentants du régime nationaliste de Kiev sur le fait que la Russie a mené une attaque de missile contre la gare ferroviaire de Kramatorsk sont une provocation et ne correspondent pas à la vérité », a déclaré le ministère de la Défense russe.
Alors que l’on redoute toujours une offensive majeure des forces russes dans le Donbass, on commence à voir l’ampleur du désastre dans les régions quittées par les Russes. Vingt-six corps ont été découverts dans les décombres de deux immeubles d’habitation bombardés à Borodianka, « ville la plus détruite de la région » de Kiev, située au nord-ouest de la capitale, a annoncé la procureure générale d’Ukraine. La situation y est « bien plus horrible » qu’à Boutcha, selon le président ukrainien Volodymyr Zelensky.
Selon le maire de Tchernihiv, 700 personnes ont été tuées dans des bombardements de la ville. C’est un « chiffre approximatif », assure Vladyslav Atrochenko, cité par l’agence indépendante ukrainienne Unian. « Il s’agit de militaires et civils », précise-t-il. D’après lui, 80 000 à 95 000 personnes vivent toujours dans cette ville située à environ 150 kilomètres de Kiev, la capitale. Cette ville comptait presque 300 000 personnes avant le début de l’invasion russe fin février.
Ce soir, un couvre-feu a été décrété jusqu’à lundi à Odessa qui craint d nouvelles attaques.
Cet après-midi, Ursula von der Leyen, qui est accompagnée du chef de la diplomatie européenne, Josep Borrell, étaient à Boutcha où ils ont vu les fosses communes creusées pour y enterrer les dizaines de civils tués par les forces russes.
La Russie et l’Ukraine sont toujours « d’accord » pour se retrouver pour des pourparlers en Turquie malgré les récentes exactions commises sur le terrain, a affirmé vendredi un haut responsable turc. La question du statut de la Crimée et du Donbass reste difficile à trancher, a confirmé cette même source, qui n’a pas avancé de date concernant une éventuelle nouvelle rencontre sur le sol turc entre les deux parties.
Le volet diplomatique de la crise entre la Russie et l’Ukraine ne laisse transparaître aucun signe de progrès.
Crimes ukrainiens
Des soldats ukrainiens ont apparemment commis un crime de guerre près de Kiev: une vidéo montre le groupe en train de tuer un prisonnier russe par trois tirs ciblés. A proximité de l’homme, trois autres corps gisent sur la route, dont l’un a les mains liées. Le New York Times a désormais pu vérifier la vidéo apparue lundi et reconstituer ce qui s’est passé dans la localité de Dmytrivka.
Selon cette vidéo, les quatre morts sont des soldats russes qui sont tombés avec leur unité dans une embuscade ukrainienne le 30 mars. Ils sont reconnaissables à leur brassard blanc. L’attaque elle-même est également documentée par des images de drones et par le commandement de l’armée ukrainienne. Les quatre soldats russes se trouvent à proximité d’un véhicule de transport de troupes légèrement blindé de l’armée russe.
Dans la vidéo, on voit un soldat russe qui saigne abondamment et qui bouge sur la route. L’un des Ukrainiens dit: «Il est encore en vie. Regarde, il est encore vivant, il halète». Puis l’un des Ukrainiens tire deux fois sur le prisonnier qui est à terre. Alors que celui-ci bouge toujours, l’Ukrainien tire une troisième fois, le touchant apparemment mortellement. L’homme ligoté qui se trouve à quelques mètres de là semble lui aussi avoir été tué d’une balle placée dans la tête.
L’unité ukrainienne pourrait être la «Légion géorgienne», une unité de combattants géorgiens volontaires qui ont rejoint l’armée ukrainienne en 2014. C’est ce que suggère une vidéo publiée par l’agence de presse ukrainienne Unian après l’embuscade. Les déclarations des hommes dans la vidéo indiquent à leur tour que certains d’entre eux sont originaires du lotissement voisin de Belgravia, selon le New York Times. Le ministre des Affaires étrangères ukrainien Dmytro Kuleba a déclaré jeudi avoir pris connaissance de l’existence de ces images et a assuré qu’elles seraient « bien sûr examinées ».