Le chancelier allemand Olaf Scholz a demandé vendredi au président russe Vladimir Poutine le retrait de ses troupes d’Ukraine pour parvenir à une « solution diplomatique ».
Lors d’un entretien téléphonique d’une heure entre les deux dirigeants, M. Scholz « a insisté auprès du président russe pour qu’une solution diplomatique soit trouvée le plus rapidement possible, ce qui implique le retrait des troupes russes », a indiqué dans un communiqué le porte-parole du gouvernement, Steffen Hebestreit.

Le président russe Vladimir Poutine a, lui, signifié au chancelier allemand que les frappes massives de la Russie contre l’infrastructure énergétique de l’Ukraine étaient « nécessaires et inévitables », dénonçant en outre la position « destructrice » de l’Occident, car fort du soutien politique, financier et militaire occidental, « Kiev rejette l’idée de toute négociation » et « incite les Ukrainiens radicaux nationalistes à commettre des crimes sanglants ».
« Il a été souligné que les forces armées russes ont longtemps évité les frappes de missiles de haute précision sur certaines cibles en Ukraine, mais de telles mesures sont devenues nécessaires et inévitables face aux attaques provocatrices de Kiev », a indiqué le Kremlin dans un communiqué, résumant les propos de Vladimir Poutine à Olaf Scholz lors de leur premier entretien depuis la mi-septembre.
Le chancelier a également condamné auprès de M. Poutine « les attaques aériennes russes contre les infrastructures civiles en Ukraine et souligné la détermination de l’Allemagne à aider l’Ukraine à assurer sa capacité de défense contre l’agression russe », poursuit le communiqué.
Les deux dirigeants, qui ont convenu de « rester en contact », ont en outre « évoqué la situation alimentaire mondiale, particulièrement tendue en raison de la guerre d’agression russe ».
Ils « ont souligné le rôle important de l’accord sur les céréales récemment prolongé sous l’égide des Nations unies », conclut le communiqué.
L’accord permettant les exportations de céréales ukrainiennes depuis les ports d’Ukraine a été reconduit le 17 novembre pour les quatre mois d’hiver, levant les inquiétudes sur une possible crise alimentaire mondiale.
Pas de dialogue Biden-Poutine

La veille, le président américain Joe Biden s’était dit « prêt » à parler avec son homologue russe si ce dernier « cherche un moyen de mettre fin à la guerre » en Ukraine. Des conditions rejetées dans la foulée par le Kremlin.
Le président américain « a dit de facto que des négociations seraient possibles uniquement après que Poutine sera parti d’Ukraine », ce que Moscou rejette « bien évidemment », a déclaré le porte-parole du Kremlin, Dmitri Peskov.
« L’opération militaire continue », a-t-il insisté.
Jeudi, M. Biden s’est dit « prêt » à parler avec M. Poutine si ce dernier « cherche un moyen de mettre fin à la guerre » en Ukraine. Il a fixé comme première condition un retrait des troupes russes.
« Si tel était le cas, alors en consultation avec mes amis français et l’Otan, je serais heureux de m’asseoir avec Poutine pour voir ce qu’il a en tête. Il ne l’a pas encore fait », a-t-il ajouté, lors d’une conférence de presse commune avec le président français Emmanuel Macron.
Tout en rejetant les conditions de M. Biden, M. Poutine « est et reste ouvert à des contacts, à des négociations, ce qui est très important », a affirmé le porte-parole du Kremlin.
Mais les Etats-Unis ne reconnaissent pas l’annexion de quatre territoires ukrainiens revendiquée par Moscou en septembre, ce qui « complique de manière significative la recherche d’un terrain (d’entente) pour une possible discussion », a ajouté M. Peskov.
L’Europe « pas assez forte »
La Première ministre finlandaise Sanna Marin a dressé ce vendredi un bilan « très honnête » des capacités de l’Europe à l’aune de la guerre menée par la Russie contre l’Ukraine, déclarant sans ambages qu’elle n’est « pas assez forte » pour tenir seule tête à Moscou.
En visite en Australie, la dirigeante du pays candidat à l’adhésion à l’Otan a souligné que l’invasion et l’occupation de l’Ukraine voisine par la Russie ont révélé les faiblesses et les erreurs stratégiques de l’Europe face Moscou.
« Je dois être très honnête (…) avec vous, l’Europe n’est pas assez forte en ce moment, nous serions en difficulté sans les Etats-Unis », a-t-elle pointé auprès du Lowy Institute, un groupe de réflexion basé à Sydney.
Mme Marin a insisté sur le fait que l’Ukraine devait être aidée par « tous les moyens », ajoutant que les Etats-Unis ont joué un rôle central dans l’approvisionnement de Kiev en armes, en moyens financiers et en aide humanitaire nécessaires pour freiner l’avancée de la Russie.
La Finlande a obtenu son indépendance de la Russie il y a près de 105 ans et, bien que largement sous-armée, a infligé de lourdes pertes à l’armée soviétique lors de l’attaque de 1939/40.
Concernant les relations avec Vladimir Poutine, la cheffe du gouvernement finlandais a affirmé que l’Union européenne aurait dû écouter les Etats membres qui faisaient partie de l’Union soviétique jusqu’à son effondrement.
Des « paquets ensanglantés »
Plusieurs représentations diplomatiques de l’Ukraine dans le monde ont été destinataires de « paquets ensanglantés » contenant des yeux d’animaux, a déclaré ce vendredi 2 décembre 2022 le ministère ukrainien des Affaires étrangères Dmytro Kouleba.
Ces incidents font suite à l’envoi d’une série de lettres piégées en Espagne, dont l’une destinée à l’ambassade d’Ukraine à Madrid.
Les paquets, imbibés d’un liquide à la couleur et à l’odeur caractéristiques, ont été envoyés aux ambassades d’Ukraine en Hongrie, aux Pays-Bas, en Pologne, en Croatie et en Italie, aux consulats généraux de Naples et Cracovie et au consulat de Brno, en République tchèque, a précisé dans un communiqué sur Facebook le porte-parole du ministère, Oleg Nikolenko.
« Nous avons des raisons de considérer ce qui se passe dans une campagne bien planifiée de terreur et d’intimidation des ambassades et consulats d’Ukraine. Ne pouvant pas arrêter l’Ukraine sur le front diplomatique, ils essaient de nous intimider. Cependant, je peux immédiatement dire que ces tentatives sont futiles. Nous continuerons à travailler efficacement pour la victoire de l’Ukraine », a réagi le ministre des affaires étrangères Dmytro Kouleba.
Des morts à Kherson

Les combats continuent de faire rage dans l’est de l’Ukraine, la ville de Bakhmout restant la principale cible de l’artillerie russe, tandis que les forces de Moscou restent sur la défensive dans les régions de Kherson et Zaporijjia (sud), a déclaré l’état-major de l’armée ukrainienne vendredi.
Trois personnes ont été tuées et sept autres blessées dans des bombardements russes sur la région de Kherson au cours des dernières 24 heures, a déclaré le gouverneur de la province, Iaroslav Ianouchevitch, sur la messagerie Telegram.
La capitale régionale, libérée de l’occupation russe par les forces ukrainiennes à la mi-novembre, et d’autres parties de l’oblast de Kherson ont été pilonnées à 42 reprises, a-t-il dit.
Dans son dernier point sur les opérations militaires, l’état-major ukrainien écrit que les forces russes cherchent à établir des positions défensives à l’est de la ville de Kherson et bombardent plusieurs villes au nord de l’agglomération.
Un bâtiment bombardé a pris feu à Zaporijjia, contrôlée par les Ukrainiens, a dit un responsable de la municipalité, Anatoli Kroutiev.
L’Agence internationale de l’énergie atomique (AIEA) espère conclure d’ici la fin de l’année un accord avec la Russie et l’Ukraine en vue de créer une zone de protection de la centrale de Zaporijjia, située à plusieurs dizaines de kilomètres de la ville du même nom, a déclaré le directeur général de l’AIEA Rafael Grossi dans une interview à la Repubblica.