Plusieurs villes ukrainiennes étaient soumises ce lundi à de nouvelles coupures d’eau et d’électricité après des frappes russes qui ont également fait au moins deux morts, selon les autorités locales et régionales.
Les sirènes d’alertes ont retenti à travers l’Ukraine lundi pour cette nouvelles vague de bombardements en pleines températures hivernales, et qui intervient le jour où entre en vigueur le plafonnement du prix du pétrole russe voulu par les Occidentaux.
Le chef adjoint de l’administration présidentielle ukrainienne a indiqué sur Telegram que les frappes avaient fait au moins deux morts et trois blessés, dont un enfant. La défense antiaérienne ukrainienne a « abattu la plupart des missiles » tirés par l’armée russe, a assuré le président Volodymyr Zelensky,
Selon le chef de l’administration militaire de Kryvyï Rig, dans le centre de l’Ukraine, « une partie de la ville est privée d’électricité, plusieurs chaudières et stations de pompage sont déconnectées ».
A Odessa, grand port du Sud du pays, « toutes les stations de pompage et les lignes de réserves ont perdu leur approvisionnement en énergie », provoquant une « absence de ravitaillement en eau partout », a annoncé l’opérateur Infoksvodokanal.
A Mykolaïv, dans le Sud également, des coupures d’urgence en électricité ont été instaurées du fait des frappes russes, a indiqué sur Telegram Oleksandre Sienkevitch, le maire de cette ville qui comptait 470.000 habitants avant la guerre.
Enfin, « une coupure d’urgence a été mise en œuvre dans toute la région de Soumy » dans le nord est, selon l’opérateur local Sumoblenergo.
L’offensive et le pétrole
Le plafonnement du prix du pétrole russe décidé par les pays occidentaux n’aura pas d’impact sur l’offensive de Moscou en Ukraine, a assuré ce lundi le Kremlin, mettant en garde contre une « déstabilisation » du marché mondial de l’énergie.
L’économie russe « a toutes les capacités nécessaires » pour financer l’offensive militaire, a déclaré à la presse le porte-parole du Kremlin, Dmitri Peskov. « De telles mesures n’auront pas d’impact » sur l’intervention, a-t-il insisté.
« En revanche, ces mesures auront sans aucun doute un impact sur la stabilité du marché mondial de l’énergie (…) C’est un pas vers leur déstabilisation », a poursuivi M. Peskov, ajoutant que Moscou était en train de « préparer » des mesures de rétorsion.
Le mécanisme adopté prévoit que seul le pétrole russe vendu à un prix égal ou inférieur à 60 dollars le baril pourra continuer à être livré. Au-delà, il sera interdit pour les entreprises basées dans les pays de l’UE, du G7 et en Australie de fournir les services permettant le transport maritime (négoce, fret, assurance, armateurs, etc.).
De fait, les pays du G7 fournissent les prestations d’assurance pour 90% des cargaisons mondiales et l’UE est un acteur majeur du fret maritime – d’où leur capacité à répercuter ce plafonnement sur le pétrole livré à la majorité des clients de la Russie à travers le monde, un pouvoir de dissuasion crédible.
Le cours du baril de brut de l’Oural évolue actuellement autour de 65 dollars, soit à peine plus que le plafond de 60 dollars.

Poutine sur le pont de Crimée
Vladimir Poutine s’est rendu sur le pont de Crimée qui avait été partiellement détruit en octobre, sa première visite dans la péninsule annexée depuis le début de l’offensive contre l’Ukraine, a annoncé ce lundi le Kremlin.
La présidence russe a publié une vidéo montrant M. Poutine au volant d’un véhicule de marque Mercedes en train de rouler sur ce pont qui relie la Crimée, péninsule ukrainienne annexée en 2014 par Moscou, au territoire russe.
Le viaduc, qui enjambe le détroit de Kertch, avait été endommagé en octobre par une puissante explosion attribuée par les autorités russes à un camion piégé par les services secrets ukrainiens.
« Vladimir Poutine a roulé sur la route du pont de Crimée, qui a été réparée après l’explosion du mois d’octobre, et s’est entretenu avec des ouvriers », a déclaré le Kremlin dans un communiqué.
Pendant le trajet, le vice-Premier ministre Marat Khousnoulline, visible dans le siège passager avant, « a fait un rapport au chef de l’Etat sur la progression des travaux de réparation », a ajouté le Kremlin.
Il s’agit du premier déplacement de M. Poutine en Crimée et sur un site directement touché par l’offensive qu’il a ordonnée en Ukraine, depuis le début du conflit fin février.
L’explosion du pont de Crimée, qui a fait trois morts, a suscité un choc en Russie: le fait qu’une infrastructure aussi cruciale et aussi éloignée du front puisse être endommagée représente en effet un camouflet pour Moscou.
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Explosions sur deux bases russes
Selon plusieurs médias russes, des explosions se sont produites sur deux bases aériennes, dont l’une, destinée à l’aviation stratégique, est utilisée selon Kiev pour mener des frappes en Ukraine. Des spéculations sur les réseaux sociaux russes suggèrent que l’Ukraine pourrait être derrière ces explosions, bien que les deux sites soient situés à plusieurs centaines de kilomètres de la frontière ukrainienne. Kiev n’a cependant revendiqué aucune des explosions. Selon les agences de presse publiques russes TASS et RIA Novosti, qui citent des responsables des services de secours, trois personnes ont été tuées dans l’explosion d’un camion-citerne sur une base aérienne proche de Riazan. Cinq autres personnes ont été blessées, d’après TASS. Aucune des agences n’a précisé la cause de l’explosion.
Roman Boussarguine, gouverneur de la région de Saratov, a par ailleurs annoncé que les autorités vérifiaient des informations selon lesquelles une explosion aurait eu lieu dans la matinée à Enguels, ville où se trouve une base des bombardiers stratégiques.

Opposant jugé
Un tribunal de Moscou a prolongé mercredi la détention d’un célèbre opposant jugé pour avoir critiqué l’offensive du Kremlin en Ukraine, au premier jour d’un procès marqué par des tensions et symbolisant le climat de répression en Russie.
Ilia Iachine, âgé de 39 ans et membre du parlement municipal moscovite au moment de son arrestation, est accusé d’avoir «diffusé de fausses informations» sur l’armée russe avec «incitation à la haine», un chef d’inculpation passible de dix ans de prison.
L’accusation lui reproche d’avoir dénoncé lors d’une allocution en direct sur YouTube «le meurtre de civils» dans la ville ukrainienne de Boutcha, près de Kiev, où l’armée russe a été accusée d’exactions, ce que nie Moscou.
Au premier jour de son procès, la cour a décidé de prolonger la détention préventive de M. Iachine jusqu’au 10 mai, et fixé la date de la prochaine audience au 29 novembre.
Si M. Iachine était apparu enjoué au début du procès, la situation a dégénéré à la fin de l’audience, lorsqu’une échauffourée a éclaté devant la salle, des agents de sécurité du tribunal plaquant le père de l’opposant au sol.
Le père de M. Iachine a ensuite été emmené dans une salle avant d’être relâché au bout de quelques minutes, a constaté l’AFP.
