Le président français Emmanuel Macron estime que son homologue russe Vladimir Poutine a « décidé qu’il n’arrêterait pas » en Ukraine car « il a besoin pour lui-même d’une victoire militaire » même s’il « a pris conscience que l’Ukraine n’allait pas se soumettre ». Dans ce contexte, la ville de Marioupol sur laquelle se focalise l’armée russe, « est peut-être un point de fixation parce que c’est un symbole de l’Ukraine qui se refuse à lui », pense le président français dans un entretien publié par l’hebdomadaire Le Point.
Cette cité portuaire bombardée depuis quarante jours résisterait toujours. Plus d’un millier de soldats ukrainiens se sont rendus aux forces russes dans la ville de Marioupol, port stratégique de la mer d’Azov assiégé depuis des semaines, a affirmé le ministère de la défense russe. Mais Oleksiy Arestovych, conseiller du président ukrainien, a déclaré cet après-midi sur Facebook qu’une centaine de militaires, membres d’unités de marines, avaient effectué une percée et rejoint le régiment Azov. Il ajoute que la ville Marioupol n’était pas totalement sous contrôle des troupes russes. Cette information n’a pas pu être vérifiée. Entre 20 et 22 000 personnes seraient mortes depuis le début de l’offensive sur la ville.
Sept personnes ont été tuées et vingt-deux autres blessées dans des bombardements russes dans la région ukrainienne de Kharkiv (nord-est) au cours des dernières vingt-quatre heures, a détaillé le gouverneur régional, Oleh Synehoubov, en précisant qu’un garçon de 2 ans, blessé il y a deux jours dans un bombardement, avait succombé à ses blessures, mardi, à l’hôpital.
A Dnipro, le maire-adjoint déclare qu’« On a aujourd’hui dans les morgues plus de 1 500 soldats russes morts, que personne ne veut récupérer. Ils reposent dans les réfrigérateurs des morgues », a-t-il poursuivi, affirmant espérer que des « mères russes puissent venir chercher leurs fils ».
Cet après-midi, les chefs d’Etat polonais Andrzej Duda, estonien Alar Karis, lituanien Gitanas Nauseda et letton Egils Levits sont arrivés à Kiev pour exprimer leur solidarité avec l’Ukraine. Peu avant, le président Zelensky, dans une vidéo diffusée sur soin compte Twitter, a demandé à ses alliés occidentaux pour demander davantage d’aide militaire. « Nous avons besoin d’artillerie lourde, de véhicules armés, de systèmes de défense aérienne, d’avions de combat pour repousser les forces russes », dit-il notamment, avant d’énumérer spécifiquement les engins et les munitions que réclame son armée pour « sauver des millions d’Ukrainiens, ainsi que des millions d’Européens ». Il avertit : « Si l’Europe perd du temps, la Russie utilisera ce temps pour étendre la zone de guerre à d’autres pays. »
En réponse, la Russie a indiqué qu’elle considérera les véhicules des Etats-Unis et de l’OTAN transportant des armes en Ukraine comme des « cibles militaires légitimes ». Le vice-ministre russe des affaires étrangères, Sergueï Riabkov. a ajouté : « Nous faisons comprendre aux Américains et aux autres Occidentaux que les tentatives pour ralentir notre « opération spéciale » en infligeant un maximum de dégâts aux troupes et formations russes des « républiques populaires de Donetsk et de Louhansk » seront durement réprimées ».Moscou a d’autre part jugé « inacceptable » que le président américain, Joe Biden, accuse Vladimir Poutine de mener un « génocide » en Ukraine, selon le porte-parole du Kremlin, Dmitri Peskov : « Notre désaccord est catégorique et nous considérons que de telles tentatives de déformer la réalité sont inacceptables, d’autant plus qu’elles viennent du président des Etats-Unis, pays dont les agissements dans l’histoire récente sont bien connus ».
Le président américain a utilisé, mardi, ce terme pour la première fois depuis le début de l’invasion russe de l’Ukraine, le 24 février. C’était lors d’un déplacement dans l’Iowa consacré à l’inflation : « Le budget de votre famille, votre capacité à faire votre plein d’essence, rien de tout cela ne devrait dépendre du fait qu’un dictateur déclare la guerre et commet un génocide à l’autre bout du monde. »
Emmanuel Macron n’a, en revanche, pas repris le terme de « génocide », car il doute de l’utilité d’une « escalade des mots » pour mettre fin à la guerre. Interrogé sur France 2, il a dit vouloir être « prudent avec les termes ». « La réticence du président français, Emmanuel Macron, à reconnaître le génocide des Ukrainiens (…) est décevante », a réagi le porte-parole de la diplomatie ukrainienne.
Le procureur de la Cour pénale internationale (CPI), le Britannique Karim Khan, n’a pas non plus repris le terme mais a qualifié ce mercredi l’Ukraine de « scène de crime », lors d’une visite à Boutcha, près de Kiev, où des centaines de corps de civils ont été retrouvés après le départ des troupes russes.
« Nous sommes ici parce que nous avons de bonnes raisons de penser que des crimes relevant de la compétence de la cour sont commis », a-t-il déclaré. « Nous devons transpercer le brouillard de la guerre pour parvenir à la vérité. » Il a précisé qu’une équipe médico-légale de la CPI se préparait à travailler « afin que nous puissions vraiment séparer la vérité de la fiction ».