Des fleurs et des prières après l’une des frappes les plus meurtrières du conflit. Des rassemblements se sont tenus en Russie, mardi 3 janvier, pour rendre hommage à des dizaines de militaires tués par une frappe dans l’est de l’Ukraine, deux jours plus tôt. Environ 200 personnes ont notamment participé à un rassemblement autorisé à Samara, dans le centre du pays, d’où étaient originaires certains des soldats
On ne sait pas le nombre de soldats russes tués, 63 selon Moscou, peut-être 400 selon Kiev. L’attaque a suscité une vague de critiques des hauts commandants militaires russes, à la fois en ligne et de la part de commentateurs nationalistes qui soutiennent depuis longtemps largement la stratégie ukrainienne du Kremlin. Certains commentateurs ont déclaré que beaucoup plus de soldats auraient pu être tués dans l’attaque que le ministère de la Défense ne l’avait admis, et que cela montrait que les commandants russes n’avaient pas appris des erreurs passées.
« Malgré plusieurs mois de guerre, certaines conclusions n’ont toujours pas été tirées », constate ainsi le blogueur Boris Rojine, proche des milieux séparatistes ukrainiens, fustigeant « l’incompétence » des hauts gradés de l’armée russe.
« Pourquoi continuons-nous à installer (les conscrits) dans des hôtels, des auberges et des écoles professionnelles… », s’interroge de son côté le correspondant de guerre russe Alexandre Kots.
Selon l’Institut américain pour l’étude de la guerre (ISW), le ministère russe de la Défense va probablement tenter de « rejeter la responsabilité de sa mauvaise sécurité opérationnelle sur les responsables (séparatistes) et le personnel mobilisé ».
Igor Strelkov avertit lui qu’une telle frappe meurtrière peut se reproduire « à tout moment », regrettant que les généraux russes soient « incapables d’apprendre en principe ».
On s’attend à une réaction forte du Kremlin. « Nous avons des informations selon lesquelles la Russie planifie une attaque prolongée par [des drones qui explosent] », a déclaré Volodymyr Zelensky lundi dans son discours nocturne. Il a déclaré que l’objectif de la Russie était « d’épuiser notre peuple, notre défense aérienne, notre secteur de l’énergie », mais que l’Ukraine devait continuer à riposter.
Patriot à Donetsk
Jusqu’ici, seul le groupe Wagner de l’homme d’affaires sulfureux Evguéni Prigojine, était connu pour être actif sur le territoire ukrainien. Le porte-parole du groupement oriental des forces armées ukrainiennes, Serhiy Cherevaty, a toutefois déclaré que le groupe «Patriot» avait lui aussi été repéré dans la région de Donetsk, selon le média ukrainien en ligne Ukrayinska Pravda.
Serhiy Cherevaty affirme que ce groupe privé paramilitaire a été vu près de Vuhledar. «En particulier, dans la région de Stepne sur le front de Vuhledar, nous avons remarqué qu’en plus de Wagner PMC [Private Military Company – NDLR], Patriot PMC, affilié à l’actuel ministre russe de la Défense Choïgou, est apparu», a-t-il déclaré, «de toute évidence, ils tirent toutes les capacités de combat pour obtenir au moins quelques résultats». Les mercenaires du groupe Patriot sont connus pour leur proximité avec le ministre russe de la Défense, Sergueï Choïgou et plus largement avec le GRU, les renseignements russes.
Nano satellite ukrainien
L’Ukraine poursuit ses expériences scientifiques malgré la guerre. Le PolyITAN-HP-30, un nanosatellite, devait être envoyé dans l’espace aux alentours de 16h50 ce mardi 3 janvier depuis la base spatiale américaine de Cap Canaveral en Floride avec une fusée Falcon-9 de SpaceX .
Il a été conçu par des scientifiques de l’Université technique nationale d’Ukraine «Ihor Sikorskyi Kyiv Polytechnic Institute», «exclusivement avec des fonds budgétaires fournis par le ministère de l’Éducation et des Sciences d’Ukraine dans le cadre de la mise en œuvre des projets gagnants des concours de recherche et développement scientifique et la convention de financement de base», ajoute le communiqué.
Sa mission : «La mise en œuvre d’une expérience scientifique pour étudier l’efficacité du fonctionnement des caloducs (caloducs) de différentes conceptions en tant qu’élément principal des systèmes de stabilisation thermique des véhicules spatiaux». La livraison du satellite a été parrainée par Boeing Ukraine, et une société néerlandaise a fourni un soutien financier et technique au lancement du nanosatellite.
Sommet Ukraine-UE
L’Ukraine et l’Union Européenne tiendront un sommet à Kiev le 3 février pour discuter du soutien financier et militaire européen, a déclaré le bureau du Président Volodymyr Zelensky dans un communiqué. Le chef d’Etat ukrainien a échangé sur les détails de cette réunion de haut niveau avec la présidente de la Commission européenne Ursula von der Leyen lors de son premier appel téléphonique de l’année, a précisé le communiqué.
Les dirigeants ont ensemble évoqué la livraison d’armes « appropriées » et le lancement du nouveau programme d’aide financière pour l’Ukraine de 18 milliards d’euros, adopté en décembre par le Parlement européen. Volodymyr Zelensky a insisté pour qu’un premier apport soit versé à son pays au cours du mois. Le mois dernier, le Parlement européen a adopté un paquet législatif permettant d’aider financièrement l’Ukraine, qui incluait par ailleurs la mise en place d’un impôt minimum de 15 % sur les bénéfices des multinationales, destiné à lutter contre l’évasion fiscale.