L’armée ukrainienne s’accrochait toujours ce jeudi 12 janvier à Soledar, malgré «une situation difficile» et des «combats acharnés» dans cette petite ville de l’est de l’Ukraine que les forces russes tentent inlassablement de conquérir pour pouvoir espérer renverser le cours de la guerre.
«Les combats les plus acharnés et les plus violents se poursuivent aujourd’hui dans la zone de Soledar», a indiqué la vice-ministre de la Défense Ganna Maliar lors d’une conférence de presse. Selon elle, «malgré une situation difficile, les soldats ukrainiens se battent sans relâche» pour ne pas donner la possibilité aux forces russes -surtout des mercenaires du groupe paramilitaire Wagner- de pouvoir attaquer ensuite la grande ville voisine de Bakhmout par sa partie nord.
Zelensky promet de donner «tout le nécessaire» à ses soldats à Bakhmout et Soledar
Soledar, autrefois connue pour ses mines de sel, est en effet située à 15 km au nord-est de Bakhmout que les forces russes cherchent à capturer depuis l’été, sans succès à ce stade. Pour l’analyste militaire Anatoli Khramtchikhine, la prise de cette petite ville d’environ 10.000 habitants avant-guerre aujourd’hui complètement détruite permettrait toutefois à Moscou de brandir enfin une victoire militaire, après plusieurs revers humiliants. «Toute victoire est importante, surtout parce qu’il n’y a pas eu de victoire depuis un moment», souligne-t-il.
Remaniement en Russie
La Russie a de nouveau remplacé mercredi 11 janvier le commandant de son offensive en Ukraine en nommant cette fois le général Valery Guerasimov, le chef d’état-major des armées, a annoncé le ministère de la Défense.
Dans un communiqué, le ministère a déclaré que Valery Guerasimov devenait «commandant du groupement combiné de troupes» déployées en Ukraine en remplacement de Sergueï Sourovikine qui aura dirigé les opérations pendant à peine trois mois. «La hausse du niveau de commandement de l’opération spéciale (en Ukraine) est liée à un élargissement de l’ampleur des missions à accomplir, à la nécessité de mener une interaction plus étroite entre les composantes des forces armées», a expliqué le ministère.
Il précise que Valery Guerasimov aura pour adjoints les généraux Sergueï Sourovikine, Oleg Salioukov et Alexeï Kim. Réputé implacable, Sergueï Sourovikine avait été nommé en octobre dernier commandant des troupes en Ukraine pour redresser la situation de l’armée russe qui subissait des revers face à des offensives ukrainiennes dans les régions de Kharkiv (Nord-Est) et de Kherson (Sud).
Des chars Leopard
La pression était sur Berlin, pour que l’Allemagne livre des chars Leopard à l’Ukraine. L’annonce est venue de Varsovie. «Une compagnie de chars d’assaut Leopard sera transmise dans le cadre d’une coalition qui est en train de se construire», a déclaré le président polonais Andrzej Duda mercredi. Quatorze chars de combat pourraient donc être livrés. Le geste et le nombre sont encore symboliques. Le gouvernement polonais n’a pas précisé les modalités de cette livraison. Mais les soutiens les plus fervents de l’Ukraine espèrent déclencher une dynamique. Pour fournir à l’Ukraine ces chars produits par l’entreprise KMW, la Pologne aura besoin de l’aval du gouvernement allemand, en vertu des règles d’exportation. Il faudra peut-être «attendre quelques semaines», a souligné mercredi le premier ministre suédois Ulf Kristersson en commentant la possibilité de livrer des chars à l’Ukraine. «Nous savons ce dont ils ont besoin», a-t-il expliqué.
Condamné
Un tribunal russe a condamné un militaire contractuel à cinq ans de prison pour avoir refusé d’aller combattre en Ukraine, selon un communiqué du service de presse unifié des tribunaux du Bachkortostan, ce jeudi 12 janvier. Ne voulant « participer à l’opération militaire spéciale » russe déclenchée en Ukraine, Marsel Kandarov, 24 ans, ne s’est pas présenté en mai à son lieu de service. En septembre, il a été « retrouvé » par les forces de l’ordre. Il a été reconnu coupable de s’être dérobé à son service militaire pendant plus d’un mois.
« Imbécile »
Le chef du Kremlin a-t-il perdu ses nerfs, ce mercredi, en s’en prenant directement à l’un de ses ministres ou le coup de sang était-il calculé? Difficile à savoir mais l’information fait le tour du monde.
Face à une situation économique tendue, la Russie transforme son économie en économie de guerre et doit ainsi passer des contrats avec des industriels. La réunion organisée en visioconférence portait sur la construction d’avions qui est forcément ralentie en raison des sanctions qui touchent la Russie.
C’est alors que Poutine s’en est pris à son vice-Premier ministre Valentinovic. « Monsieur le vice-Premier ministre, vous avez tout de prêt, mais pas de contrat… Je vous le dis: mettons un terme à cette réunion », s’est d’abord emporté Vladimir Poutine.
« Pourquoi est-ce qu’on se prend la tête? Je sais qu’il n’y a pas de contrat avec les entreprises, les directeurs me l’ont dit », poursuit-il.
« Pourquoi jouez-vous à l’imbécile ? Quand aurons-nous les contrats ? », demande alors le chef de l’Etat. « Les chefs d’entreprise me disent qu’il n’y a pas de contrat, et vous, vous me dites que tout est prêt », a-t-il lancé pour clore la séquence.