L’armée russe a affirmé vendredi 13 janvier avoir entièrement conquis la ville de Soledar, dans l’est de l’Ukraine, revendiquant une première victoire notable sur le terrain après plusieurs revers humiliants ces derniers mois.
«A été achevée le 12 janvier dans la soirée la libération de la ville de Soledar, qui est importante pour la poursuite des opérations offensives» dans la région de Donetsk, a affirmé le ministère russe de la Défense dans un communiqué. Les troupes russes ont pour cible principale depuis des mois la ville de Bakhmout, située à 15 kilomètres au sud-ouest de Soledar. De son côté, Kiev dément l’information et assure que de «violents combats» sont toujours en cours.
Un peu plus tôt ce vendredi, l’Ukraine a affirmé contenir une offensive russe de «forte intensité» à Soledar, après «une nuit chaude». «L’ennemi a jeté presque toutes ses forces principales en direction de (la région de) Donetsk et maintient une offensive de forte intensité», a déclaré sur Telegram la vice-ministre de la Défense Ganna Maliar. «C’est une phase difficile de la guerre, mais nous la gagnerons», a-t-elle promis.
La prise de Soledar, petite ville d’environ 10.000 habitants avant la guerre, aujourd’hui complètement détruite, permettrait – si elle est effective – à Moscou de brandir enfin une victoire militaire, après une série de revers humiliants.
Selon l’Institut pour l’étude de la guerre (ISW), un organisme basé aux Etats-Unis qui suit en temps réel l’évolution des combats, «les forces russes ont (en réalité) probablement capturé Soledar le 11 janvier», soit mercredi. Pour appuyer ses propos, l’ISW évoque «des photos géolocalisées publiées les 11 et 12 janvier» qui «indiquent que les forces russes contrôlent probablement la plupart sinon la totalité de Soledar et ont probablement poussé les forces ukrainiennes hors de la périphérie ouest de la localité». Mais selon l’institut, la capture de la petite ville «est peu susceptible de présager un encerclement imminent de Bakhmout» et «ne permettra pas aux forces russes d’exercer un contrôle sur les importantes lignes de communication terrestres ukrainiennes» vers la grande ville de la zone.
Cependant, dans les profondes et très vastes anciennes mines de sel, les Russes peuvent entreposer facilement du matériel et loger des milliers de soldats.
Zelensky : année cruciale

Lors d’un discours adressé aux parlementaires lituaniens à l’occasion de la Journée de la liberté, le président ukrainien, Volodymyr Zelensky, a déclaré : « La Russie ne pourra plus rien imposer aux peuples d’Europe lorsque nous terminerons cette guerre par une défaite sans équivoque des agresseurs. » Selon un article de l’agence de presse Interfax Ukraine, il aurait ajouté : « Nous devons faire en sorte que l’agresseur n’ait même jamais l’occasion de rêver de quelque chose comme ça et d’empiéter sur notre liberté… L’agresseur doit être vaincu précisément sur la terre ukrainienne où il est venu, afin que plus tard il n’ait pas à combattre sur les terres d’autres peuples d’Europe. Qui plus est que la Russie n’obtiendra pas de répit, ni ne parviendra à s’adapter et à reprendre des forces. Cette année est cruciale. »
Des Awacs en Roumanie
L’Otan déplace plusieurs de ses avions de surveillance actuellement stationnés en Allemagne vers la Roumanie, où ils seront plus proches de la guerre de la Russie contre l’Ukraine.

Les avions de surveillance de l’Airborne Warning and Control System (Awacs) doivent arriver à Bucarest mardi « pour soutenir la présence renforcée de l’alliance dans la région et surveiller les activités militaires russes », a déclaré l’Otan dans un communiqué vendredi.
Les avions de l’Awacs, habituellement basés près d’Aix-la-Chapelle à l’ouest de l’Allemagne, seront désormais stationnés dans la base de la force aérienne roumaine d’Otopeni, près de Bucarest, à près de 200 kilomètres la frontière partagée par l’UE et l’Otan avec l’Ukraine. Les appareils devraient rester sur place plusieurs semaines.
« Nos Awacs peuvent détecter des avions à des centaines de kilomètres de distance, ce qui en fait un élément clé pour la dissuasion et la posture de défense de l’Otan » a déclaré la porte-parole de l’Otan
Traite d’êtres humains

La secrétaire générale de l’Organisation pour la sécurité et la coopération en Europe (OSCE), Helga Schmid, a mis en garde contre une « augmentation significative » de la traite des êtres humains depuis le début de l’invasion de l’Ukraine par la Russie en février dernier.
« Le crime organisé est souvent impliqué. Ces criminels sans scrupules profitent de personnes qui ont besoin d’aide, qui ont besoin d’argent, qui ne parlent pas la langue du nouveau pays dans lequel elles se trouvent et qui ont souvent des traumatismes psychologiques dus à la guerre », a averti M. Schmid dans une interview accordée au journal allemand Die Welt.
M. Schmid a révélé que les recherches sur Internet de services sexuels ou de pornographie de femmes et de mineurs ukrainiens ont augmenté de 600 % depuis le début de la guerre, et qu’il y a également eu une augmentation des cas de traite des êtres humains impliquant des femmes enceintes.
Les victimes sont attirées par de fausses promesses et exploitées au domicile des familles qui les accueillent ou sont directement appréhendées par les trafiquants à la frontière.
Les biens des « crapules »
Un haut responsable russe a proposé ce vendredi 13 janvier de confisquer les biens de ses concitoyens ayant quitté la Russie et critiquant de l’étranger la campagne militaire du Kremlin en Ukraine.

Depuis le 24 février 2022, des centaines de milliers de personnes ont fui la Russie, parce qu’elles ne voyaient plus d’avenir pour elles dans ce pays, qu’elles craignaient des poursuites judiciaires pour avoir manifesté leur opposition ou de peur d’être mobilisées dans l’armée
«Des crapules vivent confortablement grâce à notre pays. De l’étranger, elles mettent en location leurs biens immobiliers et continuent de recevoir des revenus au détriment de citoyens russes», a écrit Viatcheslav Volodine, le président de la Douma, la chambre basse du Parlement.
«Dans le même temps, elles s’autorisent à dire publiquement des saletés sur la Russie, à insulter nos soldats et nos officiers», a-t-il poursuivi sur son compte Telegram. «Il serait juste d’ajouter un point dans le Code pénal sur la confiscation des biens en Russie de ces crapules (…) pour compenser les dommages causés», a proposé Viatcheslav Volodine.
« Poutine est fou »
D’après les confidences faites par des responsables du régime chinois au Financial Times, et relayées notamment par Sky News jeudi 12 janvier, le gouvernement communiste réfléchit à changer de politique et à lâcher la Russie.

Au-delà des strictes considérations géopolitiques, c’est d’abord la conduite du président russe qui nourrit ces doutes. « Poutine est fou! » estime même un des cadres interrogés par le journal britannique, avant d’enchaîner: « La décision d’envahir l’Ukraine a été prise par un tout petit nombre de personnes ».
À ce propos, les sources chinoises sollicitées sont formelles: Pékin n’a pas été prévenu de l’invasion de l’Ukraine par son voisin. Depuis plus de dix mois, la Chine a toutefois joué fidèlement son rôle de partenaire de la Russie, refusant d’appuyer les sanctions décrétées à l’encontre de cette dernière. Mais la situation paraît de plus en plus piégeuse, d’après cette nouvelle déclaration d’un officiel chinois au Financial Times en tout cas: « La Chine ne devrait pas suivre la Russie » dans le dossier ukrainien.
Selon les éléments recueillis par la presse anglo-saxonne, Xi Jinping et les siens ne croient plus dans les possibilités de victoire de l’armée russe, et craignent plutôt que la Russie en ressorte durablement affaiblie. Or, l’alliance russe n’est pas tellement mirifique: l’effort de guerre altère significativement une économie russe déjà vacillante et l’enfermement diplomatique de la Russie ne risque pas d’aider la Chine dans ses échanges avec ses autres partenaires.
A Paris, l’académicienne Hélène Carrère d’Encausse affirme que Poutine n’est pas fou mais qu’il « nie un certain nombre de réalités », comme l’existence de l’Ukraine. « S’il y est allé, c’est parce qu’il était convaincu que l’Ukraine n’existait pas. On pouvait se promener jusqu’à Kiev et mettre le gouvernement dehors, mettre un pantin à la place, parce qu’il était convaincu qu’il n’y avait pas d’Ukraine », détaille-t-elle.