La Russie a affirmé ce lundi 13 février que ses troupes avaient gagné du terrain sur quelques kilomètres le long des lignes de front en Ukraine alors que Kiev indique pour sa part avoir repoussé des offensives russes dans plusieurs régions.
A l’approche du premier anniversaire de l’invasion russe en Ukraine, les combats les plus intenses se concentrent autour de la ville de Bakhmout, à l’est du pays, qui reste aux mains des Ukrainiens après plusieurs mois d’affrontements.
L’armée ukrainienne a fait état lundi de bombardements russes intensifs le long de la ligne de front et indiqué que 16 localités avaient été bombardées près de Bakhmout.
Alors que l’Ukraine plaide sans cesse auprès de ses alliés pour obtenir davantage de munitions et d’armes, une réunion des ministres de la Défense des pays membres de l’Otan est prévue ce mardi à Bruxelles pour discuter du soutien militaire à Kiev.
Le défi des munitions

Les forces ukrainiennes consomment une quantité de munitions largement supérieure à la production des Etats membres de l’Otan qui doivent impérativement augmenter leurs capacités, a averti le secrétaire général de l’Alliance Jens Stoltenberg, à la veille de la réunion.
« Le rythme actuel d’utilisation de munitions par l’Ukraine est beaucoup plus élevé que notre rythme actuel de production », a-t-il déclaré au cours d’une conférence de presse à la veille d’une réunion des ministres de la Défense des pays de l’Otan.
« Cela met nos industries de défense sous pression », a ajouté M. Stoltenberg.
« Oui, nous avons un problème, oui, c’est un défi », a-t-il reconnu, tout en soulignant que l’Alliance avait commencé à agir, évoquant à la fois l’augmentation des capacités à court terme – avec le travail le week-end par exemple – mais aussi, sur le moyen terme, des investissements dans les capacités de production.
Le ministre Ukrainien de la Défense Oleksiï Reznikov participera aux deux réunions et fera part aux alliés des besoins des forces ukrainiennes, a précisé M. Stoltenberg.
La fourniture d’avions de combat sera discutée, a-t-il poursuivi. Mais « cela prendra du temps et les priorités à court terme sont les munitions et des armements promis avec du carburant et des pièces détachées », a insisté le secrétaire général de l’Otan.
800 morts par jour

Selon l’état-major ukrainien, mis en difficulté sérieusement ces dernières semaines face à ces multiples assauts, les efforts russes sont très coûteux en combattants. L’armée russe perdrait en effet plus de 800 soldats chaque jour dans les combats, selon Kiev, un chiffre au plus haut depuis le début de la guerre.
Ce nombre impressionnant est relayé par le ministère de la Défense britannique dans son analyse quotidienne du conflit. Et s’il est très difficile de le vérifier, la tendance en revanche est «probablement exacte», note le ministère. «L’augmentation du nombre de victimes russes est probablement due à plusieurs de facteurs, notamment le manque de personnels qualifiés, de coordination et de ressources sur le front».
Les pertes militaires dans les guerres ne sont toujours connues précisément que longtemps après.
Nord Stream : Washington accusé

Le journaliste américain indépendant Seymour Hersh accuse les États-Unis d’avoir saboté en septembre dernier les deux gazoducs sous-marins Nord Stream 1 et 2. «En juin dernier, les plongeurs de l’US Navy, opérant sous le couvert d’un exercice de l’Otan largement médiatisé au milieu de l’été, connu sous le nom de BALTOPS 22, ont placé les explosifs déclenchés à distance qui, trois mois plus tard, ont détruit trois des quatre pipelines de Nord Stream», affirme Hersh sur son blog, en citant «une source ayant une connaissance directe de la planification opérationnelle».
«C’est totalement faux et complètement inventé», a déclaré Adrienne Watson, porte-parole du Conseil national de sécurité de la Maison Blanche. Les porte-parole de la CIA et du département d’État ont aussi catégoriquement démenti les allégations d’Hersh.
Sa crédibilité n’a pas toujours été comparable à sa notoriété, souligne Le Figaro. Mettant systématiquement en doute les États-Unis, Hersh n’a pas toujours manifesté le même scepticisme à l’égard des gouvernements étrangers ou bien des informations qui venaient confirmer ses suspicions ou ses propres hypothèses.
« Redoutable » Wagner
Le groupe de mercenaires russes Wagner, déployé dans plusieurs pays d’Afrique et sur le front en Ukraine, est «un adversaire redoutable» et un modèle qui va «se développer», a estimé ce lundi le chef d’état-major de l’armée de terre française.

«Regardons la milice Wagner, la démonstration qu’ils sont en train de faire», a observé le général Pierre Schill lors d’une rencontre avec l’Association des journalistes de Défense (AJD). «Ils nous envoient un message en nous disant (que) lorsque nous aurons à faire face à ces milices ailleurs, ils sont capables de payer le prix du sang très cher pour atteindre leurs objectifs et ce sera un adversaire redoutable», a-t-il ajouté.
«Est-ce que toutes les sociétés militaires privées se valent ou se vaudront ? Probablement non, il y a un degré de soutien étatique derrière», a-t-il précisé, en allusion aux liens forts entre Evguéni Prigojine et le président russe Vladimir Poutine. «Wagner, parce qu’il est en train de lutter pour obtenir sa place au Kremlin d’une façon ou d’une autre, en payant un prix énorme, nous pose question et nous dit que c’est un adversaire redoutable», a-t-il insisté.
Berlusconi recadré

L’ex-premier ministre italien Silvio Berlusconi, dont le parti fait partie de la coalition gouvernementale de Giorgia Meloni, s’est livré dimanche 12 février à une attaque en règle contre le président ukrainien Volodymyr Zelensky, s’attirant immédiatement les foudres de la première ministre.
Interrogé sur la rencontre jeudi à Bruxelles entre Giorgia Meloni et Volodymyr Zelensky, il a répondu: «Moi parler avec Zelensky? Si j’avais été président du Conseil, je n’y serais jamais allé». Il a ensuite exposé ses motifs: «Il suffisait qu’il (Volodymyr Zelensky) cesse d’attaquer les deux républiques autonomes du Donbass et tout cela ne serait pas arrivé, par conséquent je juge très très négativement le comportement de ce monsieur», a-t-il affirmé alors qu’il venait de voter pour les élections régionales en Lombardie.
Dimanche, ses nouvelles déclarations prorusses avaient à peine fait la une des sites d’information que le gouvernement publiait un communiqué pour réaffirmer le «ferme soutien» de l’Italie à l’Ukraine. «Le soutien du gouvernement italien à l’Ukraine est ferme et convaincu, comme cela est clairement prévu dans le programme et comme cela a été confirmé par tous les votes parlementaires de la majorité soutenant l’exécutif», y affirme-t-il.