On espérait un grand « discours de paix » du président Xi Jinping, on a eu ce vendredi, sur le site web du ministère des Affaires étrangères, communiqué en douze points sur «le règlement politique de la crise Ukrainienne», appelant «au dialogue», réaffirmant sa neutralité de façade, affichée depuis un an, sans remettre en cause son appui au Kremlin. «Toutes les parties doivent soutenir la Russie et l’Ukraine pour reprendre le dialogue direct aussi vite que possible pour assurer une désescalade qui pourra conduire à un cessez-le-feu, a réaffirmé Pékin, se gardant d’endosser le rôle de médiateur.
Signe de son ambiguïté assumée, la Chine s’est abstenue de soutenir une résolution appelant les troupes russes à se «retirer d’Ukraine», adoptée massivement par l’Assemblée générale de l’ONU, le 23 février à New York. «L’idée d’une médiation chinoise est un vœu pieux», juge Zhao Tong, chercheur au Carnegie-Tsinghua Centre, à Pékin.

L’Empire du Milieu se contorsionne, appelant à respecter «l’intégrité territoriale de chaque pays» sans jamais condamner «l’opération spéciale» russe. Il réitère quelques piques à l’encontre de son belliqueux partenaire, appelant les deux camps à «éviter d’attaquer des civils», et s’oppose «à la menace ou au recours à l’arme nucléaire». Une pierre dans le jardin du Kremlin, soulignent certains à Paris ou Bruxelles, mais qui ne fait que réitérer la doctrine atomique chinoise en vigueur depuis Mao.
Le «plan» chinois à peu de chances d’accoucher d’une percée diplomatique et répond à des considérations tactiques, jugent les analystes.
La Chine «n’a pas beaucoup de crédibilité» concernant l’Ukraine, a affirmé le chef de l’Otan Jens Stoltenberg, exprimant son scepticisme sur les «propositions» de Pékin pour mettre fin à la guerre.
Les premiers Leopard sont arrivés

La Pologne a livré les premiers chars de combat Leopard 2 de fabrication allemande à l’Ukraine, a annoncé ce vendredi le ministre polonais de la Défense «Aujourd’hui, les Leopard polonais se trouvent déjà en Ukraine», a indiqué Mariusz Blaszczak, ministre polonais de la Défense, lors d’une réunion du Conseil de sécurité nationale, sans donner de précision sur le nombre de chars remis à Kiev. La Suède compte livrer « environ » dix chars Leopard à Kiev, a annoncé le gouvernement suédois.
Le premier ministre polonais Mateusz Morawiecki a, lui, déclaré que la Pologne était «prête» à former des pilotes ukrainiens sur des avions de combat F-16. «Oui, nous sommes prêts à mener des formations sur des avions de combat F-16 en Pologne», a-t-il dit. «Je souligne que cela doit être convenu au sein de la coalition élargie, mais la Pologne est prête à effectuer une telle formation», a indiqué Mateusz Morawiecki.
Contre-offensive ukrainienne

« Nous devons faire tout notre possible pour empêcher la Russie de brouiller l’Ukraine. (…) Nous sommes capables de mettre un terme à l’agression russe dès cette année », a déclaré le président ukrainien, Volodymyr Zelensky, dans une allocution vidéo adressée aux responsables allemands, ce vendredi. L’Ukraine prépare une contre-offensive contre l’armée russe, avait annoncé, un peu plus tôt, le ministre de la Défense du pays.
À Moscou, le numéro deux du Conseil de sécurité russe Dmitri Medvedev a lui aussi juré la «victoire», y allant de sa menace, disant la Russie prête à aller jusqu’aux «frontières de la Pologne».
Fausse attaque en Biélorussie

Après avoir été accusée par la Russie de fomenter une «invasion» en Transnistrie, c’est au tour de l’Ukraine d’accuser Moscou de provocation. D’après Kiev, la Russie préparerait la mise en scène d’une attaque ukrainienne à la frontière biélorusse. Sur sa chaîne Telegram, le commandement opérationnel nord de l’Ukraine a affirmé que les services de renseignement ukrainiens avaient observé des convois russes se dirigeant vers l’oblast de Tchernihiv. À bord, des troupes sans signe d’identification russe, mais arborant des uniformes proches de ceux des Ukrainiens. «Il est probable que leur objectif soit d’accuser les défenseurs ukrainiens de violer l’intégrité territoriale de la Biélorussie, car les militaires sont vêtus d’uniformes similaires aux uniformes des forces armées ukrainiennes», précise le commandement ukrainien.
Pour l’Institue for the Study of War, «la Russie cherche à forcer la main à Loukachenko ou à faire accuser l’Ukraine d’étendre la guerre pour fragiliser le soutien dont bénéficie Kiev». Selon de nombreux analystes, le Kremlin ferait en effet pression sur Loukachenko pour qu’il s’engage militairement aux côtés des Russes.
Ce vendredi, la Russie a affirmé qu’elle « répliquerait » à toute « provocation » militaire ukrainienne dans la région séparatiste prorusse de Transdniestrie, en Moldavie, où Moscou dispose d’un contingent militaire.
Wagner revendique

Le patron du groupe paramilitaire russe Wagner a affirmé ce vendredi 24 février que ses troupes avaient pris la localité ukrainienne de Berkhivka, juste au nord de Bakhmout, une ville clé que Moscou cherche à conquérir depuis plusieurs mois.
Le village de Berkhivka «est entièrement sous notre contrôle. Les unités de Wagner contrôlent l’intégralité de Berkhivka», a déclaré Evguéni Prigojine dans un communiqué publié par son service de presse. L’AFP n’a pas pu vérifier ces déclarations de source indépendante.
Sanctions trop faibles selon Varsovie

Le Premier ministre polonais Mateusz Morawiecki a estimé ce vendredi que le dernier train de sanctions proposé par l’UE contre la Russie était « trop mou, trop faible ».
Ce paquet comprend notamment de nouvelles restrictions des exportations vers la Russie pour 11 milliards d’euros, le gel des avoirs de trois banques et de nombreuses entités, dont des entreprises iraniennes accusées de fournir des drones à Moscou.
Mais la Pologne juge notamment insuffisantes les restrictions proposées sur les importations de caoutchouc synthétique de Russie utilisées pour les pneumatiques, ont précisé à l’AFP les délégations de quatre Etats membres.
L’Italie demande une transition longue afin de pouvoir diversifier les approvisionnements de son industrie du pneumatique, ce qui est farouchement refusé par Varsovie.
Des drones « rodeurs » chinois
Une entreprise chinoise envisage de démarrer une production de drones « rôdeurs » pour le compte de l’armée russe en vue d’une possible utilisation pour frapper des cibles en Ukraine, affirme l’hebdomadaire allemand Der Spiegel.

Des négociations en ce sens ont été entamées entre les responsables militaires russes et le fabricant chinois de drones Xi’an Bingo Intelligent Aviation Technology, indique le journal, sans citer de source.
Bingo se serait dit prêt à produire dans un premier temps 100 drones du type ZT-180, de les tester et de les livrer d’ici au mois d’avril prochain au ministère russe de la Défense.
Ce modèle de drone est similaire aux drones Shahed-136 fabriqués en Iran, selon des experts militaires interrogés par le journal, et peut transporter une charge explosive de 35 à 50 kilogrammes. La Russie a utilisé des Shahed-136 armés pour frapper des cibles en Ukraine.
Dans un deuxième temps, le fabricant chinois envisage de transférer à la Russie des composants et son savoir-faire afin qu’une production de drones puisse commencer localement, affirme le Spiegel.
Cela pourrait alors permettre à Moscou de produire lui-même 100 drones de ce type par mois, ajoute-t-il.
Ces engins sont techniquement connus sous le nom de « munition rôdeuse » car ils peuvent tourner en rond avant d’être dirigés vers leurs cibles.