Les Nations unies ont appelé dimanche à une trêve « immédiate » à Marioupol, afin de permettre l’évacuation de quelque 100 000 civils encore coincés dans ce port ukrainien presque entièrement contrôlé par l’armée russe, selon un communiqué d’Amin Awad, coordinateur de l’ONU pour la crise en Ukraine.
« Il faut une pause dans les combats tout de suite pour sauver des vies. Plus nous attendons, plus les vies seront menacées. Ils doivent être autorisés à évacuer maintenant, aujourd’hui. Demain ce sera trop tard », a déclaré M. Awad. Kiev avait rapporté plus tôt dimanche que les forces russes continuaient à bombarder cette ville sur la mer d’Azov et notamment l’aciérie Azovstal, ultime poche de résistance des combattants ukrainiens.
Le pape François a également demandé aux belligérants d’instaurer une trêve afin que l’aide humanitaire soit acheminée aux populations et a demandé aux dirigeants « d’entendre les voix du peuple ». S’exprimant devant plusieurs milliers de personnes réunies sur la place Saint-Pierre, le souverain pontife a souligné que la date du Pâques orthodoxe coïncidait cette année avec celle de l’entrée de la guerre dans son troisième mois. « Au lieu de s’arrêter, la guerre est devenue encore plus brutale », a dit le pape depuis le balcon qui surplombe la grande place du Vatican.
Les Ukrainiens ont célébré une Pâque orthodoxe sombre, certains bravant les bombardements pour recevoir les bénédictions rituelles et beaucoup d’autres s’efforçant de respecter les traditions d’une fête synonyme d’espoir. A Lyman, sur la pluvieuse ligne de front dans l’est du pays, plutôt que de se saluer en souhaitant « Gloire à l’Ukraine ! », les soldats recouraient à la phrase rituelle de cette journée, en lançant « Le Christ est ressuscité ! », et leurs camarades de répondre « En vérité il est ressuscité ! », rapporte l’Agence France-Presse. Dans la petite église orthodoxe du village, sous le feu régulier des obus russes, une cinquantaine de civils se sont regroupés dès l’aube pour la liturgie. Le grondement des artilleries ukrainienne et russe se fait entendre entre les psalmodies. A Boutcha, devenue symbole des massacres commis pendant l’occupation russe de la région de Kiev en mars, des habitants pleuraient leurs morts, rangés devant la fosse commune derrière l’église Saint-André. « Notre peuple vit sous les bombes, avec des larmes, de la tristesse et du chagrin, mais nous avons besoin de rayons d’espoir, et cette fête nous donne espoir », a commenté son prêtre, Andrii Golovine. Dans un message spécial, le président Volodymyr Zelensky en a aussi appelé à Dieu, lui demandant de « ne pas oublier Boutcha, Irpin, Borodianka » et d’autres localités où l’Ukraine accuse les forces russes d’atrocités.
Au soixantième jour de la guerre, les bombardements ont frappé, comme les jours précédents, l’est et le sud du pays.