La «guerre hybride» entre Moscou et les puissances occidentales au sujet du conflit en Ukraine «durera longtemps», a estimé ce mercredi le Kremlin.
«Si nous parlons de guerre au sens large, de confrontation avec les pays inamicaux, hostiles, de cette guerre hybride (…), alors cela durera longtemps», a déclaré à la presse le porte-parole du Kremlin, Dmitri Peskov, exhortant les Russes à être «unis derrière le président» Vladimir Poutine.
Par ailleurs, Vladimir Poutine a admis ce mercredi que les sanctions internationales visant Moscou pour son offensive en Ukraine « peuvent » avoir des conséquences « négatives » à « moyen terme » sur l’économie nationale, après avoir pourtant vanté ces derniers mois l’adaptation de la Russie face à cette nouvelle conjoncture.
« Les sanctions imposées à l’économie russe à moyen terme peuvent vraiment avoir un impact négatif sur celle-ci », a mis en garde le président russe lors d’une réunion avec le gouvernement retransmise à la télévision.
Les entreprise qui décident de se retirer du pays en guerre avec l’Ukraine depuis plus d’un an devront désormais payer une « taxe de sortie » d’au moins 5% de la valeur marchande des actifs concernés. Une taxe qui pourra même atteindre 10% si les firmes cherchent à vendre leurs actifs sur place moins chers que ce qu’ils valent.
L’impôt n’est pas nouveau: un versement à l’Etat russe était déjà recommandé par le gouvernement de façon informelle et sous-entendue. Mais depuis lundi, la « taxe de sortie » a été officialisée dans le procès-verbal de la réunion de la sous-commission du ministère des Finances en charge de contrôler les règles pour ce type de transactions, précise le journal Les Echos.
Frappes ukrainiennes sur Melitopol

L’administration d’occupation russe a affirmé ce mercredi que Melitopol, une des principales villes du Sud ukrainien occupée par la Russie, a été touchée par des roquettes de l’armée ukrainienne, entraînant des coupures d’électricité. Melitopol est le chef-lieu de l’occupation russe dans la partie de la région de Zaporijia qu’elle contrôle. Cette région abrite aussi la centrale nucléaire éponyme, occupée par les forces russes, et où est attendu mercredi le directeur de l’Agence internationale de l’énergie atomique (AIEA), Rafael Grossi.
Ces derniers jours, la Russie a accusé l’Ukraine de multiplier les attentats et les frappes à Melitopol, où vivaient 150.000 habitants avant la guerre. Selon l’administration d’occupation de la ville, les frappes à l’aube mercredi ont touché un dépôt de locomotives, sans faire de blessés. Un responsable de l’occupation, Vladimir Rogov, a ajouté sur Telegram que le bombardement avait été effectué à l’aide de Himars, un système lance-roquettes mobile américain de haute précision. La ville est située à plus de 65 km du front.
Suède cible « légitime »
La Suède a annoncé ce mercredi la convocation de l’ambassadeur russe à Stockholm après ses propos menaçant le pays nordique et la Finlande de devenir, une fois entrés dans l’Otan, des «cibles légitimes» de «représailles de Moscou», y compris «militaires». «Le ministère des Affaires étrangères va convoquer l’ambassadeur russe pour dénoncer clairement cette tentative transparente d’influence», a affirmé le chef de la diplomatie suédoise Tobias Billström dans une déclaration écrite à l’AFP.
Un tribunal « hybride »

L’administration Biden a appelé à la création d’une cour spéciale pour juger l’agression du Kremlin, rapporte le New York Times . Ce «tribunal national internationalisé» serait composé de juges ukrainiens, mais aussi internationaux. Il serait profondément enraciné dans le système judiciaire ukrainien, mais comporterait des éléments de droit international. Il pourrait ainsi s’établir en dehors du territoire ukrainien, comme par exemple à La Haye.
«Nous nous engageons à travailler avec l’Ukraine et les pays épris de paix du monde entier, pour promouvoir, doter en personnel et financer un tel tribunal, de manière à parvenir à une responsabilité globale pour les crimes internationaux commis en Ukraine», a défendu Beth Van Schaack, ambassadrice du département d’État pour la justice pénale mondiale, lors d’une conférence de presse à l’Université catholique de Washington.
Mais ce projet comporte une faille non négligeable : le droit ukrainien, comme celui de nombreux pays, permet aux dirigeants encore en activité de revendiquer l’immunité.
Moines expulsables

Le chef d’un emblématique monastère de la Laure des Grottes de Kiev, auparavant affilié à l’Eglise russe et soumis à un avis d’expulsion, a promis que ses moines n’allaient pas partir et appelé les fidèles à les défendre.
Les autorités ukrainiennes ont ordonné aux 200 moines et 300 séminaristes de quitter les lieux au plus tard ce 29 mars. Le site est sous la juridiction de la branche de l’Eglise orthodoxe ukrainienne qui, avant l’invasion de février 2022, était rattachée au Patriarcat de Moscou et à son chef, le Patriarche Kirill, qui soutient l’attaque russe. Cette branche a depuis rompu ses liens avec Moscou.
« Nous ne pouvons pas faire ça, peu importe le prétexte », a déclaré le métropolite Pavlo, chargé de la Laure des Grottes. « Nous appelons aujourd’hui nos gens […] C’est votre devoir de défendre cet endroit saint avec nous », a-t-il ajouté, dans un message filmé.
Selon lui, cette expulsion est « pire » que les répressions soviétiques contre le clergé de 1917, 1937 et des années 1960, quand des dizaines de milliers de prêtres orthodoxes avaient été envoyés au goulag ou exécutés.
Les autorités ukrainiennes ont exclu tout recours à la force.
Inquiétude de l’AIEA

En visite sur le site de la centrale nucléaire de Zaporijjia, le chef de l’AIEA, Rafael Grossi, s’inquiète d’une « hausse de l’activité militaire dans toute cette région ». Il appelle à « éviter une catastrophe ». Face à l’échec de sa tentative de mettre en place une zone de sécurité autour de la centrale de Zaporijjia, le chef de l’Agence internationale de l’énergétique atomique entend désormais « proposer des mesures réalistes » en vue d’un compromis portant sur la centrale en elle-même.