Le président ukrainien Volodymyr Zelensky est arrivé ce mercredi matin en Pologne, allié-clef de l’Ukraine qui a joué un rôle de premier plan en encourageant le soutien militaire et politique occidental à Kiev depuis le début de l’invasion russe.
Cette visite, annoncée la semaine dernière par Varsovie mais qui n’a pas été officiellement confirmée par Kiev, intervient alors que l’Ukraine se prépare à mener, dans les semaines ou mois à venir, une contre-attaque pour reprendre des territoires occupés dans l’est et le sud du pays.
« Cette visite devrait être prise comme un signe de confiance et de remerciement à l’égard de la Pologne et des Polonais », a déclaré mardi soir le conseiller du président polonais pour les Affaires étrangères, Marcin Przydacz. « Il y aura des discussions longues et approfondies, non seulement sur la situation sécuritaire, mais aussi sur le soutien économique et politique ».
Le président polonais a déclaré que son pays était prêt à livrer à Kiev, « à l’avenir », l’ensemble de sa flotte de chasseurs MiG-29 de conception soviétique.
La Pologne, qui a déjà fourni à l’Ukraine huit MiG-29 et va en envoyer six autres prochainement, sera « à l’avenir, en mesure de transférer à l’Ukraine l’ensemble de sa flotte de MiG », soit au total une trentaine d’appareils, « moyennant un accord de ses alliés » dans l’Otan, a déclaré Andrzej Duda, au cours d’une conférence de presse avec son homologue ukrainien, Volodymyr Zelensky.
Le chef de l’Etat polonais a expliqué la nécessité de ce feu vert par le fait que les MiG-29 qui restent encore en possession de son pays ont été « adaptés aux normes de l’Otan », notamment en ce qui concerne les systèmes de communication et la capacité d’assurer des missions de surveillance de l’espace aérien des alliés.
« On en aura encore besoin » mais, au fur et à mesure des livraisons attendues de nouveaux appareils sud-coréens FA-50 et américains F-35, commandés par la Pologne, les anciens chasseurs pourraient être fournis à Kiev. Les premiers des 50 avions de combat FA-50 devraient arriver en Pologne avant la fin de 2023.
Nouvelle aide américaine
Les États-Unis ont annoncé une nouvelle tranche de 2,6 milliards de dollars d’aide militaire à l’Ukraine, comprenant notamment des missiles de défense antiaérienne Patriot et des munitions d’artillerie.
Sur ce montant total, les États-Unis vont livrer immédiatement 500 millions de dollars d’armement tiré de leurs stocks, les 2,1 milliards restants représentant des commandes à l’industrie de défense, a précisé le Pentagone dans un communiqué.
Outre les intercepteurs de défense antiaérienne, les forces ukrainiennes recevront des munitions supplémentaires pour les systèmes de lance-roquettes mobiles de haute précision Himars, de fabrication américaine, et des missiles d’artillerie, ainsi que des munitions diverses et des pièces détachées, a précisé le ministère américain de la Défense.
Macron et le rôle de la Chine
Pékin peut «jouer un rôle majeur» pour «trouver un chemin de paix» en Ukraine, a déclaré le président français. «La Chine justement a proposé un plan de paix […] Il s’agit bien d’une volonté d’avoir une responsabilité et d’essayer de bâtir un chemin vers la paix», a indiqué Macron ce mercredi devant la communauté française. Il a également affirmé que l’Europe ne doit pas se «séparer» de la Chine sur le plan économique, au début d’une visite d’État de trois jours dans le pays asiatique. «Il ne faut pas nous désassocier, nous séparer de la Chine», a-t-il plaidé, mais «s’engager avec volontarisme pour continuer d’avoir une relation commerciale la Chine».
L’invasion russe de l’Ukraine, jamais condamnée formellement par Pékin, figure en haut des dossiers qu’il entend aborder jeudi lors d’une intense série de discussions avec Xi Jinping. «Cette guerre, qu’à plusieurs reprises j’ai qualifiée d’impérialiste, de coloniale, est venue en effet fouler aux pieds nombre des principes de la Charte des Nations unies, que les deux membres du Conseil de sécurité que nous sommes doivent résolument défendre», a-t-il dit au sujet de la France et de la Chine. «Je crois que les défendre, c’est aussi cheminer ensemble et essayer de trouver un chemin de paix», ajouté le président Macron. Selon lui, la Chine, «forte de sa relation étroite avec la Russie, encore réaffirmée ces derniers jours» avec la récente visite d’État du président chinois à Moscou, peut «jouer un rôle majeur» dans la résolution du conflit. Le «dialogue» avec les autorités de Pékin est donc «indispensable», a-t-il dit.
Avant de s’envoler pour Pékin, Emmanuel Macron s’est entretenu par téléphone avec le président américain Joe Biden. Ils ont évoqué leur volonté commune d’engager la Chine à accélérer la fin de la guerre en Ukraine.
Poutine et les ambassadeurs
Le président russe Vladimir Poutine a accusé mercredi les Etats-Unis d’être responsables du conflit en Ukraine, au cours d’une cérémonie d’acceptation des lettres de créance de la nouvelle ambassadrice américaine, Lynne Tracy.
«Les relations entre la Russie et les Etats-Unis, dont dépendent la sécurité et la stabilité du monde, traversent malheureusement une crise profonde», a souligné Vladimir Poutine pendant cette cérémonie au Kremlin. «Je ne peux m’empêcher de dire que le soutien des Etats-Unis (…) au coup d’Etat à Kiev en 2014 a mené en fin de compte à l’actuelle crise ukrainienne», a déclaré le président russe, faisant référence à la révolution de 2014 qui a fait tomber le pouvoir favorable à Moscou alors en place en Ukraine. «Nous avons toujours soutenu l’établissement de relations russo-américaines exclusivement fondées sur les principes d’équité, de respect de la souveraineté et des intérêts de l’autre et de non-ingérence dans les affaires intérieures. Nous serons guidés par cela à l’avenir», a ajouté Vladimir Poutine.
Peu après, Vladimir Poutine a également sermonné l’Union européenne en acceptant les lettres de créance du nouvel ambassadeur de Bruxelles, le Français Roland Galharague. «L’Union européenne a été à l’origine d’une confrontation géopolitique avec la Russie», a accusé Vladimir Poutine, constatant que les relations avec l’UE, un soutien crucial de l’Ukraine, «se sont fortement détériorées ces dernières années».
Pertes d’une banque russe
Les sanctions ne laissent pas la finance russe indemne. VTB, la deuxième banque russe, a annoncé ce mercredi 5 avril une perte de 612,6 milliards de roubles, soit environ 7 milliards d’euros au taux actuel, en 2022. Pour rappel VTB, qui revendiquait 15 millions de clients en Russie en 2020 et emploie près de 80.000 personnes, avait affiché un bénéfice de 327,4 milliards de roubles (environ 4 milliards d’euros) en 2021.
Ce déficit dans les comptes de VTB est dû aux sanctions « sans précédent » qui l’ont touchée en représailles à l’offensive russe en Ukraine, notamment son exclusion du système de paiements international Swift.