La Russie a affirmé ce jeudi bloquer les forces ukrainiennes dans Bakhmout et empêcher tout renfort d’entrer dans la ville, laissant entendre que les forces russes sont sur le point de prendre cette cité, épicentre des combats depuis l’été dernier.
«Les groupes d’assaut (du groupe paramilitaire) Wagner poursuivent des opérations militaires de haute intensité pour refouler l’ennemi des quartiers du centre d’Artiomovsk (nom donné par les Russes à Bakhmout)», a indiqué le ministère russe de la Défense dans son compte-rendu quotidien. «Les troupes aéroportées (russes) soutiennent sur les flancs les groupes d’assaut, bloquant l’envoi de réserves de l’armée ukrainienne dans la ville et la possibilité d’un retrait (de Bakhmout) des unités de l’ennemi», a-t-il poursuivi.
Le chef du groupe paramilitaire russe Wagner, dont les combattants sont en première ligne dans la bataille de Bakhmout, a, pour sa part, estimé jeudi qu’il était encore trop tôt pour parler d’un encerclement complet de cette ville symbole de l’est de l’Ukraine.
«L’armée ukrainienne continue d’amener des renforts et de les transférer dans la ville. Des combats difficiles et sanglants sont en cours, donc il est prématuré d’évoquer un encerclement complet de Bakhmout», a-t-il indiqué sur Telegram, assurant que 80% de la cité étaient néanmoins sous contrôle russe.
L’armée ukrainienne a nié auprès de l’AFP tout blocus de ses troupes dans la ville. . «Cela ne correspond pas à la réalité», a déclaré à l’AFP le porte-parole militaire pour la zone de l’Est Serguiï Tcherevaty, assurant que l’armée ukrainienne avait toujours la possibilité de «livrer des produits alimentaires, munitions, médicaments» à Bakhmout ainsi que d’en «récupérer» ses blessés.
Milice russe en Crimée
«Tu ne sais pas faire : on va t’apprendre». Mi-novembre dernier, une chaîne Telegram en russe baptisée «Convoy», partageait deux visuels qui s’apparentent à une campagne de recrutement. «La SMP (société militaire privée) Convoy forme une compagnie cosaque dans le cadre du régiment des volontaires», indique le texte. Après Wagner, une nouvelle milice semble avoir vu le jour, bâtie pour combattre en Ukraine.

Le 4 avril, dans son bulletin quotidien, le ministère britannique de la Défense confirmait la naissance d’une nouvelle société militaire privée, «parrainée et développée par la Russie». Moscou «voit probablement une utilité dans les SMP engagées en Ukraine, car elles ne sont pas sujettes aux niveaux de rémunération limités et à l’inefficacité qui entrave l’armée régulière russe», souligne le ministère. Reste que le rôle de cette nouvelle milice est encore flou.
La paternité de ce bataillon de volontaires semble revenir directement à Sergueï Axionov, chef de la République de Crimée depuis son annexion. Le 16 mars dernier, c’est lui qui annonce sur Crimée 24, une chaîne de télévision locale, l’existence d’un «bataillon de reconnaissance et d’assaut de Crimée», baptisé Convoy. C’est également lui qui doit être à l’origine de son financement. Selon les informations de iStories, média russe d’investigation indépendant, l’unité est basée dans le sud de la région de Kherson. Leur principal terrain d’entraînement se situerait près du village de Perevalnoye, en Crimée.
Pour l’heure, Convoy disposerait de moins de 500 hommes mais aurait un équipement de pointe.,
À la tête de cette milice, un certain Mazai. Sous ce nom de guerre mystérieux, se cache en réalité Konstantin Pikalov, comme l’avait révélé en août 2020 l’ONG d’investigation Bellingcat. Ce haut-gradé russe à la retraite a longtemps été le bras droit d’Evgueni Prigojine, chef de Wagner. Il a notamment beaucoup œuvré en Afrique, où il pourrait être directement impliqué dans plusieurs tentatives de déstabilisation d’États.
Chute du PIB ukrainien

Le produit intérieur brut (PIB) de l’Ukraine s’est effondré de 29,1% en 2022 par rapport à l’année précédente du fait de l’invasion russe qui ravage le pays, a indiqué jeudi le Comité d’Etat ukrainien pour les statistiques.
L’Ukraine, qui résiste grâce à l’aide militaire et financière des Occidentaux, a vu des pans entier de son économie engloutis par la guerre.
Le secteur du bâtiment s’est ainsi retrouvé le plus lourdement touché, avec une chute de 67,6% l’an dernier.
Pourtant, même si les hostilités se poursuivent toujours et que jusqu’à 20% du territoire ukrainien sont occupés, le Fond monétaire international (FMI), un des bailleurs de fonds clé de Kiev, table sur une reprise économique partielle et graduelle dès cette année.
Le FMI estime que, selon les scénarios, l’économie ukrainienne pourrait évoluer entre une récession de 3% et une croissance de 1% en 2023.
L’institution prévoit une accélération en 2024, à 3,2%, puis jusqu’à 6% en 2025.
Le Fonds vient de valider 15,6 milliards de dollars d’aide pour l’Ukraine dans un grand plan de soutien international de 115 milliards de dollars.
L’Ukraine était l’un des pays les plus pauvres d’Europe lorsque la Russie l’a attaquée. Elle avait vu son PIB progresser de 3,4% en 2021.
A l’origine des fuites
Il est surnommé « OG », le gangster originel en français. Mercredi 12 avril, le Washington Post a révélé qu’un jeune travaillant dans une base militaire serait à l’origine de la fuite d’une centaine de pages confidentielles, certaines classées « top secret » concernant la guerre en Ukraine et les relations extérieures des États-Unis.

Les documents dévoilaient entre autres les inquiétudes des services de renseignement américains sur les chances de réussite de la contre-offensive ukrainienne contre l’armée russe, inquiétudes liées à un manque de formation et des difficultés de ravitaillement.
Le Washington Post souligne que certains des documents dévoilés étaient tellement sensibles qu’ils portaient l’inscription « NOFORN » pour « NO FOReign National access allowed », ce qui signifie que ces documents ne devaient pas être accessibles par des étrangers. Une enquête criminelle a été ouverte par le département américain de la Justice.
« OG » aurait partagé ces documents sur la plateforme en ligne préférée des gamers, Discord. Ces fuites auraient ainsi eu lieu sur un « channel » comprenant environ 24 membres, essentiellement des hommes, qui partagent une passion pour les armes à feu et l’équipement militaire.
Le président américain Joe Biden s’est dit «préoccupé» ce jeudi par la fuite des documents américains classifiés mais a semblé écarter tout risque immédiat.