Moscou a posé un nouvel ultimatum sur le sujet délicat des exportations de céréales d’Ukraine. Parmi ses exigences : la reconnexion au système bancaire international Swift de Rosselkhozbank, la banque russe spécialisée dans l’agriculture. Le pays demande en outre que les livraisons en Russie d’engins et de pièces détachées agricoles soient reprises. Les entraves pour assurer des navires et accéder aux ports étrangers doivent aussi être annulées.
Le Kremlin demande également le dégel des actifs de sociétés russes liées au secteur agricole situés à l’étranger. Enfin, le fonctionnement du pipeline Togliatti-Odessa doit reprendre. Ce pipeline relie la Russie à l’Ukraine et permet la livraison d’ammoniac, un composant chimique très utilisé en agriculture. « Sans progrès pour régler ces cinq problèmes systémiques (…), il ne peut être question d’évoquer un prolongement » de l’accord sur les céréales, martèle la diplomatie russe dans un communiqué.
Conclu en juillet dernier et prolongé le 19 mars, cet accord permet d’exporter les grains ukrainiens via la mer Noire malgré le conflit. Jusqu’à présent, plus de 27 millions de tonnes de produits agricoles ont été expédiées vers les pays tiers, notamment vers l’Afrique.
Plus de pétrole, moins de recettes
Malgré la pluie de sanctions de l’Union européenne et du G7, les exportations de pétrole russe résistent et ont même atteint en mars leur plus haut niveau depuis trois ans, mais la manne qu’elles procurent à Moscou est moindre que l’an dernier, selon le dernier rapport de l’Agence internationale de l’énergie (AIE) publié ce vendredi.

Les expéditions totales de pétrole ont augmenté en mars de 600.000 barils par jour à 8,1 millions de barils par jour, en comptant les produits pétroliers raffinés, qui ont grimpé de 450.000 barils par jour à 3,1 millions de barils journaliers.
« Les exportations russes de pétrole en mars ont atteint leur plus haut niveau depuis avril 2020 grâce à l’augmentation des flux de produits qui sont revenus à des niveaux observés pour la dernière fois avant l’invasion de l’Ukraine par la Russie », relève l’AIE, basée à Paris, dans sa dernière livraison mensuelle.
En conséquence, « les revenus estimés ont rebondi en mars de 1 milliard de dollars à 12,7 milliards de dollars », mais ils demeurent 43% moins élevés qu’il y a un an, relève l’AIE.
Malgré la pluie de sanctions internationales visant son pétrole, la Russie se démène pour rediriger ses exportations d’hydrocarbures gaz vers d’autres pays, comme en Inde.
« La Russie a été le premier fournisseur de brut de l’Inde en février pour le huitième mois consécutif avec une part de près de 38% », indiquait notamment jeudi l’Opep, le cartel des exportateurs de pétrole, citant des données de Kepler, cabinet d’analyse spécialisé dans les matières premières.
Baerbock, Pékin et « l’agresseur russe »

La ministre allemande des Affaires étrangères Annalena Baerbock a exhorté vendredi Pékin à demander « à l’agresseur russe d’arrêter la guerre » en Ukraine, estimant qu’« aucun autre pays n’a plus d’influence sur la Russie que la Chine ».
« Je dois dire ouvertement que je me demande pourquoi la position chinoise n’inclut pas jusqu’à présent une demande à l’agresseur russe d’arrêter la guerre », a déclaré la cheffe de la diplomatie allemande à Pékin lors d’une conférence de presse aux côtés de son homologue chinois Qin Gang.
La récente visite du président chinois Xi Jinping à Moscou a montré, selon Mme Baerbock, « qu’aucun autre pays n’a plus d’influence sur la Russie que la Chine et la décision d’utiliser cette influence touche directement les intérêts essentiels de l’Europe ».
« De la même manière que la Chine s’est engagée avec succès pour un équilibre pacifique entre l’Iran et l’Arabie saoudite, nous souhaitons que la Chine fasse pression sur la Russie pour qu’elle mette enfin un terme à son agression et qu’elle participe à une solution pacifique du conflit », a ajouté la ministre qui effectue son premier déplacement en Chine.
Sanctions contre Wagner
L’Union européenne a ajouté jeudi l’organisation paramilitaire russe Wagner sur sa liste des individus et entités sanctionnés pour « participation active à la guerre d’agression russe contre l’Ukraine ».

Ce groupe de mercenaires, qui combat dans l’est du territoire ukrainien pour tenter de s’emparer des villes de Bakhmout et de Soledar, avait déjà été placé en février sur une autre liste de sanctions de l’UE pour violation des droits de l’Homme et « déstabilisation » de pays en Afrique.
Le Conseil européen, qui représente les 27 États membres de l’Union européenne, a expliqué que la nouvelle liste de sanctions « complétait » la précédente.
Wagner, a-t-il poursuivi, y a été inscrit pour « des actions sapant ou menaçant l’intégrité territoriale, la souveraineté et l’indépendance de l’Ukraine ».
Le fait que cette organisation paramilitaire soit ainsi doublement sanctionnée « souligne la dimension internationale et la gravité » de ses activités, ainsi que « son impact déstabilisateur sur les pays où elle est active », a relevé dans un communiqué le Conseil.
Ce dernier a également ajouté à sa liste des personnes physiques et morales visées par les sanctions RIA FAN, un média russe qui fait partie du Patriot Media Group, dont le conseil d’administration est dirigé par Evgueni Prigojine, le patron de Wagner.
« En sursis » à Zaporijia

Le directeur de l’Agence internationale de l’énergie atomique (AIEA), Rafael Grossi, a estimé jeudi que l’on était «en sursis» concernant la «sûreté» de la centrale nucléaire ukrainienne de Zaporijjia, à proximité de laquelle deux mines ont récemment explosé. «Si nous n’agissons pas pour protéger la centrale, notre chance tournera tôt ou tard, avec des conséquences potentiellement graves sur la santé humaine et l’environnement», a mis en garde Rafael Grossi dans un communiqué diffusé à Vienne, où se trouve le siège de l’AIEA.
Le directeur de l’AIEA a en outre averti jeudi que ce site, qui abrite six réacteurs nucléaires, continuait de dépendre d’une seule ligne électrique encore en fonctionnement, ce qui constitue «un risque majeur pour la sûreté et la sécurité nucléaires».