Le président ukrainien Volodymyr Zelensky a déclaré ce mercredi avoir eu un « long et significatif » entretien avec son homologue chinois Xi Jinping, premier contact direct entre les deux dirigeants depuis le début de l’invasion russe le 24 février 2022.
« J’ai eu un long et significatif entretien téléphonique avec le président chinois », a indiqué M. Zelensky sur Twitter, information confirmée par la présidence ukrainienne à l’AFP. Il a aussi espéré « une poussée puissante du développement des relations bilatérales » entre Kiev et Pékin.
La conversation entre deux chefs d’Etat a duré « presqu’une heure », a précisé à l’AFP le porte-parole de M. Zelensky, Serguiï Nykyforov.
Le président ukrainien souhaitait depuis des mois s’entretenir avec M. Xi dans l’espoir de rendre plus favorable à Kiev la position chinoise au regard de l’invasion russe, mais selon des experts, Pékin ne répondait pas aux propositions ukrainiennes.
Le président ukrainien a annoncé la nomination d’un ex-ministre au poste d’ambassadeur en Chine, dans la foulée de l’appel. Selon un décret publié par la présidence, il a nommé Pavlo Riabikine, ancien ministre des Industries stratégiques, âgé de 57 ans à ce poste d’ambassadeur, qui était vacant depuis février 2021.

La Chine a de son côté annoncé mercredi qu’elle enverrait une délégation en Ukraine afin de chercher un «règlement politique» au conflit. «La partie chinoise enverra un représentant spécial du gouvernement chinois, en charge de l’Eurasie, en Ukraine et dans d’autres pays pour mener des échanges en profondeur avec toutes les parties vers un règlement politique de la crise ukrainienne», a déclaré le ministère des Affaires étrangères lors d’une conférence de presse.
Lors de l’entretien, à la demande de Kiev et d’une durée de près d’une heure, le président chinois Xi Jinping a assuré à son homologue ukrainien que « la Chine a toujours été du côté de la paix » et appelé à « la négociation, a indiqué la télévision d’Etat CCTV.
« Sur le sujet de la crise ukrainienne, la Chine a toujours été du côté de la paix et sa position fondamentale est de promouvoir un dialogue de paix », selon la chaîne.
« Le dialogue et la négociation » sont la « seule issue » au conflit avec la Russie, a encore assuré le dirigeant, selon CCTV.
Moscou accuse Kiev
A la suite de cet entretien, la Russie a accusé l’Ukraine de « saper les initiatives de paix » en refusant le dialogue avec Moscou.
« Les autorités ukrainiennes et leurs soutiens occidentaux ont déjà démontré leur capacité à saper les initiatives de paix », a fustigé le ministère russe des Affaires étrangères dans un communiqué.

Moscou a aussi dit « prendre acte » de la volonté de la Chine de « s’efforcer de mettre en place un processus de négociation » entre la Russie et l’Ukraine, mais a reproché à Kiev de « rejeter toute initiative sensée visant à un règlement politique et diplomatique de la crise ».
Selon le ministère russe, l’Ukraine a avancé des « ultimatums assortis d’exigences sciemment irréalistes » et d’avoir « rejeté soudainement » une ébauche d’accords de paix au printemps 2022, dans la foulée du début de l’intervention militaire russe.
Le président Volodymyr Zelensky a à plusieurs reprises accusé la Russie de poser des « ultimatums » et déclaré qu’il ne négocierait pas avec Vladimir Poutine, tout en insistant sur le retour de tous les territoires occupés par l’armée russe, dont la Crimée annexée en 2014.
Lula « dans le désert »
Le président brésilien Lula, dont les récentes déclarations sur le conflit en Ukraine ont suscité la controverse, a jugé mercredi à Madrid qu’il ne « servait à rien de dire qui a raison » entre Kiev et Moscou, la priorité étant de négocier la paix.

« Personne ne peut mettre en doute le fait que les Brésiliens condamnent la violation territoriale de l’Ukraine par la Russie. Cette erreur a eu lieu, la guerre a démarré », a déclaré Luiz Inacio Lula da Silva, en visite officielle en Espagne depuis mardi.
Mais « il ne sert désormais à rien de dire qui a raison, qui s’est trompé. Désormais, ce qu’il faut faire c’est mettre fin à cette guerre », a insisté le président brésilien, lors d’une conférence de presse aux côtés du Premier ministre espagnol Pedro Sanchez.
« Personne ne dit « paix », sauf moi, c’est comme si j’étais seul dans le désert », a-t-il regretté.
Le Premier ministre espagnol, dont le pays est depuis le début du conflit sans ambiguïtés aux côtés de Kiev, a salué l’« implication » de Lula pour la paix mais lui a rappelé qu’il y avait « dans cette guerre un agresseur et un agressé », l’Ukraine, « qui ne fait que lutter pour son intégrité territoriale, sa souveraineté nationale et sa liberté ».
Avions russes interceptés
L’Allemagne et la Grande-Bretagne ont intercepté trois avions de reconnaissance militaire russes au-dessus de la mer Baltique, a annoncé ce mercredi l’armée de l’air allemande.

« Vols de reconnaissance interceptés. Les Eurofighters allemands et britanniques ont été alertés pour identifier trois avions militaires. Les deux SU-27 Flanker et un IL-20 russes volaient à nouveau sans signaux de transpondeur dans l’espace aérien international au-dessus de la mer Baltique », a indiqué l’armée de l’air sur Twitter.
L’Allemagne et la Grande-Bretagne participent dans le cadre de l’Otan à la surveillance de l’espace aérien au-dessus des Etats baltes.
Les incidents impliquant des avions russes et des appareils de pays de l’Otan se sont multipliés ces dernières années, avant même le début du conflit en Ukraine. Une interception similaire avait ainsi eu lieu le 17 avril.
Ils ont souvent eu lieu au-dessus de la mer Baltique, mais également en mer Noire et ailleurs.
En mars, l’aviation russe avait intercepté un drone américain Reaper MQ-9 en mer Noire, qui s’était écrasé dans les eaux. L’incident avait provoqué une brève escalade des tensions entre Washington et Moscou.