Le bilan des bombardements de samedi sur l’école du village de Bilohorivka, où s’étaient réfugiés 90 personnes, risque d’être lourd. Serhï Gaidai, gouverneur de l’oblast de Louhansk, dans la région du Donbass (Est), a annoncé ce dimanche sur son compte Telegram que « les 60 personnes qui sont encore sous les décombres sont probablement mortes ». Parmi les 90 personnes qui s’étaient installées dans le sous-sol de l’école, 30 ont pu être secourues. Deux corps ont été retrouvés sur place, a annoncé Serhï Gaidai.
Le bombardement de l’école de Bilohorivka avait eu lieu samedi, avant que celle-ci ne prenne feu. Serhï Gaidai a également annoncé sur son compte Telegram que les bombardements russes de samedi ont provoqué la mort de deux jeunes garçons âgés de 11 et 14 ans dans la ville de Pryvillia, à une vingtaine de kilomètres de Bilohorivka
. « L’ennemi ne cesse pas ses opérations offensives dans la zone opérationnelle orientale afin d’établir un contrôle total sur le territoire des régions de Donetsk, Louhansk et Kherson (dans l’est de l’Ukraine), et de maintenir le couloir terrestre entre ces territoires et la Crimée occupée » depuis 2014, a déclaré l’état-major ukrainien ce dimanche matin. Il a précisé que dans la région de Donetsk, les troupes russes avaient poursuivi leurs opérations offensives autour de Lyman, Popasna, Sievierodonetsk et Avdiïvka.
A Kharkiv (Nord-Est), deuxième ville d’Ukraine, la contre-offensive ukrainienne continue à se développer : elle « fait des progrès significatifs et avancera probablement jusqu’à la frontière russe dans les jours ou semaines à venir », selon l’Institut américain d’étude de la guerre (ISW). « La contre-offensive ukrainienne oblige des unités russes prévues pour un déploiement ailleurs à se redéployer sur le front de Kharkiv pour arrêter les attaques ukrainiennes », ajoute cet institut.
Pas de capitulation à Marioupol
Les militaires ukrainiens retranchés depuis de nombreuses semaines dans les galeries souterraines de l’immense aciérie Azovstal, dernier bastion de résistance face à l’armée russe dans le port dévasté de Marioupol (sud-est) ont annoncé ce dimanche qu’ils excluaient de se rendre.
« Capituler n’est pas une option, car notre vie n’intéresse pas la Russie. Nous laisser en vie ne leur importe pas », a déclaré Ilya Samoïlenko, officier du renseignement ukrainien au cours d’une conférence de presse en ligne. « On se bat contre un agresseur, un ennemi qui apporte la terreur en Ukraine, on se bat contre leur barbarie (…) Tous nos vivres sont limités. Il nous reste de l’eau. Il nous reste des munitions. Nous aurons nos armes sur nous. Nous nous battrons jusqu’à la meilleure issue de cette situation », a-t-il ajouté.
Le capitaine Sviatoslav Palamar, commandant adjoint du régiment Azov, a demandé à évacuer au plus vite les soldats blessés : « Nous n’avons pas beaucoup de temps, nous subissons d’intenses bombardements. » L’état-major ukrainien a fait état ce dimanche d’« opérations d’assaut russes » contre le site de l’aciérie, avec « le soutien de l’artillerie et des tirs de char ». De nombreux civils se trouvaient encore avec les combattants ukrainiens dans des conditions extrêmes sur le site d’Azovstal, jusque l’évacuation des dernières femmes, des derniers enfants et personnes âgées samedi, selon Kiev.
Poutine et la victoire
Dans ses voeux du 8 mai, Vladimir Poutine a assuré : « Comme en 1945, la victoire sera à nous. » Il a multiplié les comparaisons entre la Seconde Guerre mondiale et la guerre en Ukraine. « Aujourd’hui, nos militaires, comme leurs ancêtres, se battent au coude à coude pour la libération de leur terre natale de la crasse nazie, avec la confiance que, comme en 1945, la victoire sera à nous », a affirmé le maître du Kremlin, s’adressant dimanche 8 mai aux pays de l’ancien bloc soviétique ainsi qu’aux régions séparatistes de l’est de l’Ukraine.
« Aujourd’hui, le devoir commun est d’empêcher la renaissance du nazisme, qui a causé tant de souffrances aux peuples de différents pays », a-t-il ajouté, souhaitant que « les nouvelles générations soient dignes de la mémoire de leurs pères et grands-pères ». Dans ses voeux, Vladimir Poutine a par ailleurs multiplié les références non seulement aux soldats, mais également aux civils du « front intérieur », qui ont « écrasé le nazisme au prix d’innombrables sacrifices ». « Notre devoir sacré est d’empêcher les héritiers idéologiques de ceux qui ont été vaincus » dans ce que Moscou nomme la « Grande Guerre patriotique » de « prendre leur revanche ». « Malheureusement, aujourd’hui, le nazisme relève à nouveau la tête », a déclaré le président russe, dans un passage destiné aux Ukrainiens.
Le président a souhaité à tous les habitants de l’Ukraine « un avenir pacifique et juste ». Ce lundi, Moscou va commémorer par une parade militaire la victoire contre l’Allemagne nazie.
Le président ukrainien, Volodymyr Zelensky, a lui aussi placé le conflit dans la continuité de la seconde guerre mondiale : « Le mal est revenu. (…) Dans un uniforme différent, sous des slogans différents, mais dans le même but. Une reconstruction sanglante du nazisme a été organisée en Ukraine », a-t-il déclaré.
Jill Biden en Ukraine
Présente en Roumanie vendredi et samedi, Jill Biden, la première dame des Etats-Unis, s’est rendue, ce dimanche, dans la ville ukrainienne d’Oujhorod, située à l’ouest du pays, pour y rencontrer la première dame ukrainienne, Olena Zelenska. « Je voulais venir le jour de la Fête des mères », a expliqué Jill Biden à Olena Zelenska. Les deux femmes se sont rencontrées dans une salle de classe, dans une école, avant d’échanger quelques minutes en privé. Olena Zelenska a salué « le courage » de son homologue américaine, dont la visite en Ukraine n’était pas prévue.
Plus tôt dans la journée, Jill Biden s’était rendue à Kosice, en Slovaquie, pour aller à la rencontre de réfugiés ukrainiens et de travailleurs humanitaires. La ville de Kosice est située non loin de la frontière ukrainienne et fait office de carrefour pour les nombreux civils venus d’Ukraine. La première dame des Etats-Unis a assuré auprès des réfugiés ukrainiens que « les citoyens américains sont de tout cœur avec les mères d’Ukraine », en ce jour de Fête des mères.
Le Premier ministre canadien Justin Trudeau était, lui, à Irpin, en banlieue de Kiev
Bono et The Edge, respectivement chanteur et guitariste du groupe U2, ont tenu un concert à Kiev aujourd’hui à la mi-journée. Invités par le président ukrainien, Volodymyr Zelensky, les deux hommes se sont produits dans le métro de la capitale, qui fait office d’abri antiaérien. « Le président Zelensky nous a invités à donner un concert à Kiev en soutien au peuple ukrainien et c’est ce qu’on est venus faire », a écrit Bono sur son compte Twitter. Le chanteur du groupe U2 et son guitariste avaient déjà sorti un titre le mois dernier, Walk on Ukraine, dans lequel ils rendaient hommage au peuple ukrainien.