« Plus d’un millier » de militaires ukrainiens, dont « des centaines de blessés », se trouvent toujours dans l’aciérie Azovstal assiégée et bombardée par les troupes russes, à Marioupol, dans le sud-est de l’Ukraine, a annoncé, ce mardi, à l’Agence France-Presse, la vice-première ministre ukrainienne, Iryna Verechtchouk. « Il y a des blessés graves qui nécessitent une évacuation urgente », a-t-elle précisé.
Lundi soir, l ’armée ukrainienne a indiqué que les forces russes avaient tiré sept missiles, la veille, depuis les airs sur le port crucial d’Odessa, sur la mer Noire, touchant un centre commercial et un entrepôt.
Les Russes « continuent de préparer des opérations offensives dans les régions de Lyman et Severodonetsk », dans le Donbass (est), a annoncé ce matin l’état-major ukrainien. « Des batailles très intenses se déroulent autour de Roubijné et de Bilogorivka » dans la région de Lougansk.

Des milliers de civils ont été tués en Ukraine depuis le début de la guerre, a déclaré, dans un communiqué, la cheffe de la mission de surveillance des droits de l’homme des Nations unies dans le pays. « Au total, à ce jour, nous avons corroboré 7 061 victimes civiles, dont 3 381 tuées et 3 680 blessées dans tout le pays depuis le début de l’attaque armée de la Fédération de Russie. Les chiffres réels sont plus élevés et nous nous efforçons de corroborer chaque incident », a-t-elle précisé.
13,686 millions de personnes ont été forcées de fuir leur lieu de résidence depuis le 24 février, dont 8,029 millions ont été s’installer ailleurs en Ukraine, le restant ayant fui le pays. Mais, près des deux tiers des 3,5 millions d’habitants de Kiev sont revenus dans leur ville, selon le maire Vitali Klitschko.
Plus que le Donbass
Vladimir Poutine n’a pas l’intention de limiter sa volonté d’occupation à la seule région du Donbass, mais veut porter le conflit à la Transnistrie, région de Moldavie qui a fait sécession en 1990, a déclaré aujourd’hui la cheffe du renseignement américain, Avril Haines. Le président russe, qui compte selon elle sur un essoufflement du soutien occidental à l’Ukraine, se prépare à un long conflit, pour lequel il va « probablement » imposer la loi martiale en Russie, a précisé Mme Haines au Congrès. « Nous continuons de penser que le président Poutine n’autorisera l’usage de l’arme nucléaire que s’il perçoit une menace existentielle pour l’Etat ou le régime russe »
La Chine pour l’intégrité territoriale.

Le président de la République française s’est entretenu ce mardi par téléphone avec le président chinois, XI Jinping. « Les deux chefs d’Etat ont rappelé leur attachement au respect de l’intégrité territoriale et de la souveraineté de l’Ukraine, et sont convenus de l’urgence de parvenir à un cessez-le-feu », a fait savoir l’Elysée dans un communiqué. « Tous les efforts allant dans le sens d’un soutien humanitaire à la population ukrainienne devaient en outre être appuyés. Ils ont également échangé sur le risque de crise alimentaire et la réponse proposée par la France sous la forme de l’initiative FARM (Food and Agriculture Resilience Mission). »
Emmanuel Macron s’est également entretenu avec le Premier ministre hongrois, Viktor Orban, dans le but de parvenir au plus vite à un accord sur le projet d’embargo européen sur le pétrole russe, actuellement bloqué par Budapest, a annoncé le gouvernement hongrois.
La vieille loi de Biden
Joe Biden a signé lundi devant les journalistes une loi permettant d’accélérer l’envoi à l’Ukraine d’équipement militaire, réactivant un dispositif datant de la Seconde guerre mondiale.
« Les Ukrainiens se battent tous les jours pour leurs vies », a-t-il déclaré dans le Bureau ovale, ajoutant: « Ce combat coûte cher, mais céder face à l’agression serait encore plus coûteux. » Le « Ukraine Democracy Defense Lend-Lease Act of 2022 » est « basé sur un programme de la Seconde guerre mondiale destiné à aider l’Europe à résister à Hitler » et « a été soutenu par presque tous les membres du Congrès » américain, à l’exception de 10 élus de la Chambre des représentants qui ont voté contre, a noté la Maison Blanche.
Kiev se félicite du « changement de position » de Berlin
« Je voudrais remercier l’Allemagne d’avoir modifié sa position sur un certain nombre de questions », dont sa « politique traditionnelle envers la Russie », a déclaré le chef de la diplomatie ukrainienne, Dmytro Kouleba, durant une conférence de presse à Kiev avec son homologue allemande, Annalena Baerbock.

La cheffe de la diplomatie allemande, Annalena Baerbock, et son homologue néerlandais Wopke Hoekstra étaient mardi en Ukraine, où les livraisons d’armes américaines devraient s’accélérer après la réactivation par Joe Biden d’un dispositif emblématique datant de la seconde guerre mondiale.
Lundi soir, Emmanuel Macron et Olaf Scholz ont affiché leur « plein soutien » à l’Ukraine en se rendant ensemble sous la Porte de Brandebourg à Berlin, symbole de la Guerre Froide et illuminée pour l’occasion aux couleurs du pays envahi par la Russie, a constaté l’AFP. « Plein soutien à l’Ukraine », a déclaré le chef de l’Etat français en s’approchant à pied aux côtés du chancelier allemand d’environ 200 personnes massées derrière des cordons, et alors qu’on lui demandait quel message les deux dirigeants voulaient envoyer avec leur démarche. Certains des membres du public venus sur place étaient drapés aux couleurs de l’Ukraine et criaient « Marioupol », la ville du sud-est en grande partie détruite par l’armée russe.
Des articles contre Poutine en Russie
Le site d’information Lenta.ru, l’un des plus consultés par les internautes russes (fort de ses 200 millions de visites mensuelles, le média était aussi en 2010 la source d’information majoritairement citée dans la blogosphère russophone), n’est d’ordinaire pas connu pour ses positions hostiles à la politique du Kremlin : c’est même plutôt l’inverse. Mais hier, en plein jour de la Victoire, alors que partout dans les rues de Moscou l’armée russe célébrait sa victoire en 1945 contre les nazis tout en assurant poursuivre ce même combat en Ukraine, le site affichait en Une des dizaines d’articles extrêmement sévères à l’égard de la guerre et de Vladimir Poutine.
«Vladimir Poutine a déclenché l’une des guerres les plus sanglantes du XXIe siècle» titrait ainsi le site web, en tête de sa colonne des «actualités à la Une». Si la quarantaine d’articles publiés en quelques heures lundi matin ont très vite été retirés, on peut toujours les consulter grâce aux archives du web. C’est bien simple : la page d’accueil de Lenta.ru a été entièrement tapissée, l’espace de quelques heures, de cette salve d’articles extrêmement critiques. «Les autorités russes ont interdit aux journalistes de parler de ce qui ne va pas», «Vladimir Poutine a menti», «Le ministère de la Défense a caché la vérité aux proches des personnes tuées à bord du Moskva», ou encore «Poutine est devenu un dictateur pathétique et paranoïaque»… voici un petit florilège des titres d’articles que l’on pouvait donc consulter sur ce site.

Chaque fois, un bandeau placé en haut de l’article met en garde le lecteur : «Avis de non-responsabilité. Ce contenu a été publié en désobéissance avec la direction, et le pouvoir prononcer des sanctions contre les responsables de sa publication. Faites une capture d’écran d’urgence avant qu’il ne soit supprimé». «Nous devions le faire aujourd’hui. Nous voulions rappeler à tous ce pourquoi nos grands-pères se sont vraiment battus en ce beau jour de la Victoire: pour la paix. Tandis qu’en Ukraine, des civils sont en train de mourir, des enfants et des femmes innocentes sont en train de mourir» a déclaré le journaliste Egor Polyakov au Guardian, pour expliquer son geste. En plus de la quarantaine d’articles publiés sur le site, tous «sourcés» et «fondés sur des informations fiables» d’après Egor Polyakov, lui et sa collègue Alexandra Miroshnikova ont également publié une lettre personnelle, dans laquelle ils exhortent leurs lecteurs : «N’ayez pas peur ! Ne vous taisez pas ! Battez-vous, vous n’êtes pas seuls !».