Moscou a revendiqué, dimanche 10 septembre dans la soirée, la victoire du parti de Vladimir Poutine aux élections organisées dans quatre régions d’Ukraine annexées : Zaporijjia, Kherson, Donetsk et Lougansk, où des combats se déroulent encore. Kiev, comme la communauté internationale, ne reconnaissent pas l’annexion de ces régions et dénoncent un simulacre d’élections.
La Commission électorale centrale de Russie affirme que le parti Russie unie du président Poutine arrivait en tête de ces élections régionales dans les quatre territoires annexés en Ukraine. Il y aurait glané plus de 70 % des suffrages lors de ces élections réparties sur trois jours, dans des territoires où les combats font toujours rage et où l’armée ukrainienne a lancé une contre-offensive.
La présidente de la Commission électorale, Ella Pamfilova, s’est félicitée d’élections qui se sont déroulées « de manière dynamique, avec peu de violations ».
L’UE met en garde

L’Union européenne a averti ce lundi la Russie qu’il y aurait des « conséquences » pour tous ceux impliqués dans l’organisation d’élections qu’elle a jugées illégales dans les territoires ukrainiens annexés par Moscou.
« Nous rejetons avec force les tentatives futiles de la Russie de légitimer ou de normaliser son contrôle militaire illégal et son annexion d’une partie du territoire ukrainien », a affirmé l’UE dans un communiqué.
« Le leadership politique de la Russie et tous ceux impliqués dans l’organisation (de ces élections) devront faire face aux conséquences de ces actes illégaux », ajoute le texte.
Les 27 ont déjà imposé 11 paquets de sanctions à l’encontre de la Russie depuis l’invasion de l’Ukraine en février 2022.
Prise d’une plateforme pétrolière
L’Ukraine a dit ce lundi avoir repris aux Russes une plateforme pétrolière et gazière en mer Noire contrôlée par Moscou depuis 2015, sur fond de contre-offensive des forces de Kiev et de regain de tensions dans les eaux au large des ports ukrainiens. « L’Ukraine reprend le contrôle des Vichki Boïka », s’est félicité dans un communiqué le renseignement militaire du ministère ukrainien de la Défense.
Au cours de cette « opération unique », non datée, « des combats ont eu lieu entre les forces spéciales ukrainiennes à bord de bateaux et un avion de chasse russe Su-30 », a-t-il ajouté, affirmant que « l’avion russe a été endommagé et a dû battre en retraite ». Les unités ukrainiennes « ont réussi à s’emparer de trophées précieux : un stock de munitions pour hélicoptères […] ainsi que le radar Neva, qui permet de suivre les mouvements des navires en mer Noire ».


30 à 40 jours
« Il reste encore environ 30 à 45 jours » pour que Kiev réussisse sa contre-offensive. Le constat est dressé par le général et chef d’état-major américain Mark Milley, dans un entretien accordé à la BBC avec son homologue britannique, l’amiral Sir Tony Radakin. Le responsable militaire a par ailleurs admis que les troupes de Kiev avaient avancé plus lentement que prévu face aux positions adverses. Mais « de violents combats se poursuivent, les Ukrainiens continuent de progresser à un rythme très régulier à travers les lignes de front russes », indique dans le même temps le général.

Kiev, exaspérée par les critiques sur sa stratégie militaire ces dernières semaines venues de la part de ses alliés, pourrait ne pas voir d’un bon œil ces nouvelles déclarations. « Il y a des batailles qui ne sont pas terminées », rappelle toutefois Mark Milley, estimant qu’il est encore trop tôt pour déclarer si la contre-offensive est un succès ou un échec. Même si l’armée ukrainienne vient d’annoncer des progressions sur le front sud du pays, les soldats gagnent péniblement du terrain sur les troupes russes.
« J’ai dit au tout début de cette [guerre] que cela allait être long, lent, difficile et faire de nombreuses victimes, et c’est exactement ce que c’est », continue Mark Milley. Du côté britannique, l’amiral Radakin se montre un peu optimiste. Pour lui, la résilience de l’armée ukrainienne constitue déjà une victoire face à l’agression russe. « C’est parce que l’objectif de la Russie était de soumettre l’Ukraine et de la mettre sous son contrôle, analyse-t-il. Cela ne s’est pas produit et cela n’arrivera jamais, et c’est pourquoi l’Ukraine gagne. »
Le chef d’état-major britannique a aussi mis l’accent sur l’importance de la « pression économique et diplomatique » mise sur Moscou par les alliés de Kiev, estimant que « la Russie en souffre ».
Moscou : Sobianine réélu
Sergueï Sobianine, 65 ans, maire de Moscou depuis 2010, a été réélu dimanche pour un quatrième mandat. Ce proche du président Vladimir Poutine, pour qui cette réélection dans la capitale était une sorte de répétition générale à six mois de la présidentielle, l’aurait emporté avec plus de 75 % des voix.

Comme le chef du Kremlin, le maire ne participe à aucun débat et ne fait face à aucun opposant sérieux le jour du vote. Mais il a été omniprésent sur le terrain et plus encore dans les médias. Cette manière indirecte de mener campagne est devenue l’habitude sous le régime Poutine.
Le succès de Sergueï Sobianine à la tête de la plus grande ville d’Europe (plus de 13 millions d’habitants) est d’autant moins une surprise que, même parmi la classe moyenne plutôt libérale et critique du régime, ce pur produit de l’élite technocratique poutinienne bénéficie d’une réelle aura positive. La cité est certes le plus grand réservoir de voix pour les opposants de Vladimir Poutine. Mais en une décennie, la capitale s’est transformée et embellie.
« Même si toute voix critique est découragée de participer au processus électoral, c’est un fait : le maire est populaire », résume le sociologue Denis Volkov.
Kim Jong Un en Russie
Kim Jong Un est arrivé en Russie mardi, où il doit parler de « sujets sensibles » avec Vladimir Poutine dans les jours à venir, selon le porte-parole du Kremlin cité par l’agence russe Ria Novosti. Le dirigeant nord-coréen a voyagé en train depuis Pyongyang.

Kim Jong Un doit s’entretenir avec le président russe lors de son premier voyage à l’étranger depuis le début de la pandémie de Covid-19.
Le sommet avec Vladimir Poutine doit se tenir dans les prochains jours quelque part dans l’Extrême-Orient russe. Moscou n’a précisé ni la date ni le lieu de la rencontre.
Vladimir Poutine se trouve actuellement à Vladivostok, dans la région du Littoral, pour un forum économique annuel qui se termine mercredi. Mais la rencontre doit avoir lieu dans un autre cadre, selon le porte-parole du Kremlin, Dmitri Peskov.
Dmitri Peskov a indiqué aux médias russes que les deux dirigeants allaient discuter notamment de sujets « sensibles » sans prêter attention « aux mises en gardes » américaines.
Washington craint que Moscou s’approvisionne en armes pour ses opérations militaires en Ukraine auprès de la Corée du Nord, elle-même sous sanctions à cause de ses programmes nucléaire et de missiles.